Mardi 17 août, l'association «SOS Diabète» a distribué un lot de médicaments. 400 diabétiques adhérents, à majorité féminine, en ont bénéficié. L'association compte vingt années de loyaux services rendus aux diabétiques. leïla hallaoui M ais, non ! On ne vend pas d'insuline ici. C'est une association, monsieur, qui organise des séances d'éducation. D'ailleurs, une séance est en cours, en ce moment, dans la salle au fond. Vous y êtes le bienvenu !». Dans le couloir sombre rempli de chaises de l'association «SOS Diabète» à Bab Chellah, au cœur de Rabat, Seddik Laoufir, son président fondateur, intercepte les visiteurs à l'entrée. Il ajuste ses lunettes pour vérifier leur carte d'adhésion et s'assurer qu'ils ont bien reçu une invitation pour se présenter, aujourd'hui, à l'association. Ce mardi 17 août, «SOS Diabète» a prévu, en collaboration avec le service d'endocrinologie du CHU Ibn Sina, de distribuer un lot de médicaments couvrant trois mois de prise en charge de 400 adhérents. L'opération commence à 10h30 et l'affluence ne tarde pas. «Nos adhérents sont suivis régulièrement par nos médecins. Chacun dispose d'un dossier médical et les médicaments qu'on leur donne leur sont offerts gratuitement grâce au soutien de laboratoires, d'organismes et de bienfaiteurs», tient à préciser Seddik Laoufir en se précipitant vers une salle à gauche. Bouillonnement ! Les membres de l'association y sont tous regroupés pour assurer le bon déroulement de la distribution. Les médicaments sont emballés dans des sachets sur lesquels des étiquettes indiquent le nom et le numéro d'adhésion du bénéficiaire. Tout est bien rangé dans une pile de cartons déposés sur les étagères. L'hajja, la trésorière de l'association, a préparé le registre et les dossiers. Une bonne partie des bénéficiaires, à majorité féminine, est déjà là. Mais avant de recevoir le don, elles doivent, d'abord, suivre le cours d'éducation organisé dans une salle mitoyenne. «C'est le règlement. Nous ne voulons pas seulement donner des médicaments, mais surtout aider nos bénéficiaires à mieux prendre en charge leur diabète. Le médicament sans éducation ne servirait à rien», indique Seddik Laoufir. Strict et apprécié, le fondateur de cette association tient à sceller un engagement avec les adhérents pour les impliquer dans leur prise en charge. «Dès qu'une personne s'inscrit, ici, elle a automatiquement un dossier médical pour maladie de longue durée. Seuls les diabétiques démunis sont pris. Ils ont leur attestation d'indigence, leur certificat médical et en échange, ils doivent se soumettre à une déclaration sur l'honneur les contraignant à suivre les activités et à se présenter aux contrôles réguliers», explique-t-il. Pas d'excuse acceptée. Ce matin, cette femme venue avec un enfant n'aura pas le droit à son médicament, car elle a refusé de rejoindre le groupe en classe d'éducation. «Mais, puisque je vous dis que je n'ai pas le temps ! Je dois accompagner l'enfant chez sa maman. Elle m'attend !», supplie-t-elle. Seddik Laoufir ne veut rien entendre, il n'accorde pas d'exception quelle qu'en soit la raison : «Donc, revenez plus tard et rejoignez le groupe ! Ensuite, vous aurez votre lot de médicaments. Maintenant, on ne va rien vous donner !». Contrariée, la femme partira bredouille sans dire un mot. Personne n'intervient, les membres de l'équipe ne sont pas habitués à le faire. Ils savent bien que le succès de l'association est dû au sérieux de son fondateur. Cela fait vingt ans qu'il se bat pour faire de «SOS Diabète» l'une des ONG les plus crédibles. Pari tenu. «L'association est constituée de 11 diabétiques et de 3 médecins, endocrinologue, cardiologue et ophtalmologue, qui assurent les consultations à chaque campagne que nous organisons. Cette année, nous comptons dépister le diabète chez 5.000 personnes», annonce-t-il fièrement. Tout au long du mois de Ramadan, du lundi au jeudi, matin et soir, les portes de l'association sont ouvertes. Une endocrinologue répond aux questions liées au diabète durant ce mois de jeûne. Et les séances d'éducation obéissent à cet objectif. «Chaque jour, nous traitons un sujet différent, mais complémentaire au précédent. Aujourd'hui a été consacré au régime alimentaire pendant le ramadan», indique le Dr. Oumnia Mouhiballah, médecin résident à l'hôpital Avicenne. Elle vient de terminer la séance prévue ce matin. «Le plus important, c'est l'interactivité. J'invite toujours les participantes à donner leur avis, à poser leurs questions… J'ai ainsi l'occasion de corriger les fausses idées», ajoute-t-elle. «Il est préférable, pour un diabétique de ne pas jeûner et de consulter son médecin avant le ramadan pour en décider», indique Seddik Laoufir. Il n'est pas médecin, mais un diabétique bien avisé. S'il a dédié vingt ans de sa vie à «SOS Diabète», c'est bien parce qu'il sait à quel point il faut veiller sur son équilibre alimentaire et suivre une bonne hygiène de vie. Attiré par son énergie, Ahmed Labib, également diabétique, profite de sa retraite en consacrant ses journées à l'association. A présent, c'est le moment d'offrir les médicaments. Les femmes se présentent une à une, Seddik leur remet le don et vérifie, à l'occasion, si elles ont récupéré leurs paires de lunettes. «Nos adhérentes ont subi des examens ophtalmologiques au mois d'avril. On les a invité à choisir des montures, puis un fournisseur s'est proposé de prendre en charge les lunettes. Elles sont prêtes depuis déjà quelque temps, mais plusieurs ne sont pas venue les retirer», affirme le président de l'association. Zahra, adhérente depuis six ans, assure qu'elle n'a pas reçu de convocation pour ce qui est des lunettes, mais se montre très enthousiaste de changer ses vieilles paires cassées par les nouvelles : «Elles sont jolies ! J'ai l'impression que le monde s'éclaircit autour de moi !». Les larmes aux yeux, Zahra laisse sa joie s'exprimer. Le sourire, elles ont toute offert un à «SOS Diabète». Mission accomplie, Seddik Laoufir ! «Cette année, nous comptons lancer une opération de dépistage du diabète chez quelque 5.000 personnes».