Le ministère de l'Education nationale et de l'enseignement supérieur ouvre un nouveau front contre la violence scolaire. Le département de Ahmed Akhchichen veut se doter d'un Observatoire national pour lutter contre ce phénomène qui prend de l'ampleur dans nos écoles. Mieux encore, il ambitionne de mettre en place des antennes régionales pour plus de proximité. Pour concrétiser son projet, le ministère vient de lancer un appel d'offres pour la réalisation d'une étude de faisabilité. L'étude cible les établissements de l'enseignement primaire et secondaire (collégial et qualifiant). Six régions sont concernées par cette enquête à savoir Chaouia-Ourdigha, Fès-Boulemane, Tanger-Tétouan, Tadla-Azilal, l'Oriental, Souss-Massa-Draâ et Marrakech-Tensift-El Houaz. L'objectif de cette étude de faisabilité pour la création d'un observatoire de la violence en milieu scolaire consiste à proposer des scénarii de mise en place de cette structure prenant compte du volet financement, du lieu d'implantation et des modalités de fonctionnement et d'accompagnement. Pour cela, un état des lieux sur les structures nationales et des dispositifs œuvrant dans le domaine s'impose. L'étude permettra de faire une analyse des structures internationales de lutte contre la violence en milieu scolaire et opter ainsi pour le scénario le plus approprié pour le Maroc. La supervision, le suivi et la validation du scénario seront assurés par un comité de pilotage coordonné par la Direction de la vie scolaire et composé des représentants des directions du MEN (ministère de l'Education nationale), de l'UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) et de l'UNICEF (Fonds des Nations unies pour l'enfance). A noter que ce projet de création d'un Observatoire national de la violence en milieu scolaire est l'une des composantes du plan d'urgence du ministère de l'Education et s'inscrit également dans le cadre du programme TAMKINE (programme multisectoriel de lutte contre la violence fondée sur le genre par l'autonomisation des femmes et des filles qui vise à outiller les femmes et filles pour mieux les protéger). Par ailleurs, le ministère de l'Education lance un deuxième appel d'offres pour la réalisation d'une étude qualitative complémentaire sur la violence fondée sur le genre dans les établissements scolaires. En d'autres termes, cette étude vise à réaliser un état des lieux concernant les différentes formes de violence à l'égard des femmes et filles dans les établissements scolaires (préscolaire, primaire, collège et lycée) et identifier les mesures à mettre en oeuvre pour lutter contre la violence à l'égard des femmes et filles et promouvoir ainsi leur sécurité dans les établissements scolaires. L'enquête cible ainsi les écoles de l'enseignement préscolaire, primaire et secondaire (collégiale et qualifiant). Falaka, coups administrés avec règle métallique, tuyau, gifles… tous les moyens sont utilisés. Pour rappel, cette étude vient compléter celle réalisée en 2005 en collaboration avec l'UNICEF. Cette dernière a révélé que la pratique de la violence dans les établissements scolaires sévit toujours. Falaka, coups administrés avec les règles métalliques, avec le tuyau, suivi de gifles… tous les moyens sont utilisés. Selon les données de l'enquête, 87% des enfants disent avoir été frappés, 60% avec des règles, bâtons ou tuyaux. Les enseignants ne le renient pas. 73% d'entre eux avouent l'avoir fait. Toutefois, la majorité le regrette. A noter que les filles sont un peu moins violentées : 84% contre 90%. Les violences physiques arrivent en tête. La brutalité psychologique vient après, son évolution est fort inquiétante puisqu'elle nourrit le sentiment de haine. L'étude devra ainsi recueillir plus de données sur la violence faite aux femmes et aux filles dans les écoles et sur les comportements des élèves vis-à-vis de la violence fondée sur le genre en milieu scolaire urbain, périurbain et rural. L'enquête ciblera, outre les élèves, les enseignants et les directeurs des établissements, les parents d'élèves pour les interroger sur les formes de violence qu'exercent les enseignants, les directeurs des établissements et eux-mêmes sur les filles scolarisées. Ces deux études devront être finalisées avant fin octobre 2010.