Les variations climatiques ne pèsent pas seulement sur le blé, mais également sur l'orge, le maïs et le colza. Le Maroc, qui produit essentiellement du blé tendre, est à l'image des autres pays du Maghreb, l'un des plus gros consommateurs de blé dur. Avec la sécheresse qui sévit en Europe et en Russie d'une part, avec les pluies abondantes qu'a connues le Canada ces dernières semaines, tous les ingrédients pour une raréfaction de l'offre sont là. D'où l'envolée des cours sur les principales bourses mondiales. A Chicago, le blé s'est renchéri de 25% depuis le début du mois : selon les prévisions du ministère américain de l'Agriculture, la production mondiale devrait reculer de 20 millions de tonnes cette année pour s'établir à environ 660 millions. En Russie, marquée par une canicule sans précédent, 8 millions d'hectares sont d'ores et déjà sinistrés entraînant une baisse de la production de 95 millions de tonnes en 2009 à 85 attendus cette année. Ce qui, compte tenu de la consommation interne estimée à environ 80 millions, pose la question de la disponibilité du blé russe sur le marché mondial. A titre d'exemple, l'Egypte qui a importé près de la moitié de son blé de Russie l'an passé va devoir trouver d'autres sources d'approvisionnement. Ces variations climatiques ne pèsent pas seulement sur le blé, mais également sur l'orge, le maïs, le colza entraînés dans cette spirale haussière qui risque de peser lourd sur les importations. La bonne nouvelle, se situe du côté américain. Avec un dollar plus compétitif que l'euro, la production américaine est plus attractive. Au niveau régional, l'Algérie, qui produit 100% de sa consommation de blé dur a importé en 2009 5,2 millions de tonnes de blé et 2,2 millions de tonnes de maïs, ce qui s'est traduit par la hausse de sa facture d'importation de 1,5 milliard de dollars en 2008 à près de 3,5 milliards en 2009. L'Algérie a annoncé par l'intermédiaire de Mustapha Bendaba, son ministre du Commerce, la mise en place d'une taxe sur les céréales importées pour favoriser la production locale… La Tunisie avec ses 665 hectares dont 363 consacrés au blé dur, devrait importer 1,7 million de tonnes pour une utilisation domestique évaluée à 2,8 millions. Selon Abdessalem Mansour, ministre de l'Agriculture et des ressources hydrauliques, les quantités collectées ont atteint à début juillet 480.000 tonnes contre 870.000 durant la même période de la saison précédente à cause du manque de pluies. Au Maroc enfin, la production céréalière devrait atteindre 800.000 tonnes après une récolte record de plus d'un million de tonnes en 2008-2009. Mais qu'on se rassure, le scénario qui se profile est bien différent de la situation de l'hiver 2007-2008, où les prix se sont envolés de manière irrationnelle pour atteindre près de deux fois leur cours actuel. La question qui va se poser sera de déterminer le poids de cette charge supplémentaire sur la caisse de compensation.