Le temps d'une soirée mémorable, le Maroc et les Etats-Unis ont scellé leur voix de concert, pour une image qui marquera longtemps les âmes présentes dimanche 4 juillet à 19 heures au Complexe Hassan Skalli à Sidi Bernoussi. Là, sur scène, la chorale du Centre culturel de Sidi Moumen entonne avec chaleur, l'hymne national américain, la tessiture du timbre ne laisserait pas soupçonner que les interprètes ne sont pas anglophones, mais arabophones… Quelques minutes plus tard, c'est au tour de la chorale «Anima», regroupant plus de 60 Américains, accompagnée de son pianiste et venue tout droit de Chicago, d'investir les planches pour chanter d'une seule voix, l'hymne national marocain. L'ensemble des spectateurs se lève et se tient un long moment face à cette jeunesse pétrie de talent, issue de deux pays différents, éloignée par des milliers de kilomètres et pourtant réunie grâce à leur passion pour le chant et la curiosité d'autrui. Aux côtés de la chorale de Sidi Moumen, le groupe de percussion urbaine «Sidi Moumen Stars», avait déjà ouvert les festivités à l'entrée du Complexe culturel Hassan Skalli sous des rythmes endiablés. Les huit membres en T-Shirts jaune et vert, frappant sur d'imposants caissons en fer, nous ont embarqués un court instant dans le clip du tube de Mickael Jackson «They don't really care about us» ! L'aventure humaine a débuté au cours de l'après-midi ensoleillé, entre les murs du Centre culturel de Sidi Moumen, à moins de dix kilomètres de centre de Casablanca, où les deux chorales se sont rencontrées. La surprise mêlée d'émotion, a fait rapidement place aux discussions qui se sont poursuivies jusqu'au début de la soirée. Les jeunes américains découvrent la vie associative et culturelle des jeunes marocains du même âge, qui pratiquent avec aisance la langue de Shakespeare. Des rires fusent au détour de certaines questions et même les adultes représentant les deux chorales sont friands de réponses et ne cessent de questionner leurs homologues. Initié par Boubker Mazoz, Président de l'Association de jumelage Casablanca-Chicago et directeur du Centre culturel de Sidi Moumen, cette rencontre est pour lui, chargée d'émotion : «C'est une formidable façon de montrer à nos jeunes, originaires de quartiers comme Sidi Moumen, Sidi Belyout, Sidi Othmane, qu'ils sont capables d'exprimer un vrai talent et de le partager, de surcroît avec de jeunes américains, qui appartiennent à une chorale de grand renom et qui se produit à travers le monde. Nous avons des talents cachés dans ces quartiers défavorisés et ces jeunes sont porteurs d'une richesse, qu'il faut laisser s'exprimer. Ils nous ont prouvé leur ouverture d'esprit, leur rigueur de travail en répétant sans relâche pour accueillir cette chorale américaine», a-t-il confié au Soir echos. Autre personnalité fortement impressionnée par le tour de chant des chorales «Anima» et «Sidi Moumen», le gouverneur des arrondissements de Sidi Bernoussi-Sidi Moumen, Amal Benboubker. «Vous n'avez pas gagné la Coupe de Monde de football mais vous avez gagné les cœurs de tous les habitants de Sidi Moumen et Sidi Bernoussi», a déclaré Benboubker.