Ils ont partagé la même scène avec les fondateurs du hip hop «Last poets» au festival Slam Klam à Fès en 2007. Ils ont «rappé» en Egypte, en Syrie, en Belgique, en Allemagne, en Tunisie, et tellement musicalisé l'Espagne que les fans le clament bien fort lors de leurs passages dans le pays. Dix ans après leur formation concrète et sept ans après avoir remporté le premier Prix au Boulv'art des jeunes musiciens (2003), section rap, HKayne est devenue une des figures médiatiques les plus prisées. Certains les qualifient de «politiquement corrects» quand d'autres leur reconnaissent une philosophie qui baigne au contraire dans une morale pleine de bons sentiments. Les procédés poétiques reflètent indéniablement un crew «bien à l'affût des standards internationaux de ce qui constitue de nos jours plus qu'un genre musical, toute une culture urbaine», discourt Hatim. Le pouvoir des mots Avant tout, l'anecdote de leur appellation en dit long sur leur credo. Engagés à «slamer» ce qu'il en est vraiment dans la société marocaine, les hurlements rauques et postillonnants de Azzedine (Alias TerHor) consolident avec le flow posé mais très percutant de Adil (Sif Lsane) le timbre dévoilé de HB2. Comme son diminutif, HB2 (entendez le crayon), Hatim grave de son flow de plomb une flopée de titres parmi les meilleurs dont ait accouché le rap francophone au Maroc. Et la boucle se boucle par le plus jeune des membres, Othman, dont les paroles se déploient avec charisme et aisance de la parole. D'un même son de cloche, les trentagénaires reconnaissent la pertinence et la montée en créneau de nombreux artistes mordus de hip-hop et d'un même coup de marteau, leur recommanderaient recherche personnelle et pertinence dans la créativité. Pendant une décennie de carrière, ces paroliers infatigables originaires de la cité ismaïlienne auraient fait le tour des sujets. Si chacun d'entre eux se distingue tant par ses études, son parcours, son âge et ses aspirations au quotidien, quand leur voix s'élève sur scène, c'est une véritable monophonie canalisée sur quatre microphones. «Au cours des dix dernières années, nous avons multiplié les résidences, les rencontres artistiques et surtout les événements dans lesquels nous avons joué. Cela nous a permis de forger une expérience internationale où l'on développait continuellement notre culture hip-hop et diversifiait nos influences», déclare Adil. Othman renchérit : «Nous développerons ensemble la structure Hkayne Production, un label avec studio d'enregistrement et un circuit de développement des images». Des résolutions pour un futur très proche auxquelles s'ajoutent «des projets de production d'albums solo, la production de deux nouveaux clips musicaux, de nouveaux featurings», détaille Hatim. Et pour finir : «Nous ne lésinons jamais sur les efforts quand il est question de donner un coup de pouce aux plus jeunes artistes», confie Adil. Hkayno'logique ! Devenir les apôtres modernes d'une génération d'artistes qui apportent la bonne parole est, à quelques concessions prés, le devenir de ce quatuor, après plus de dix ans de recueillement dans le rap et d'application pour une écriture musicale cohérente. Certains textes du dernier album, dénotent les pratiques déplorables dans la société marocaine. L'album en question s'intitule «Hkaynologie». Littéralement «la science du réel», une pyramide de prose ; aux instruments worldwide, qui incitent tour à tour à la persévérance, à la méfiance vis-à-vis de toute drogue, qu'il s'agisse du net ou de drogue blanche... Le groupe jouant plusieurs rôles dans un seul et même album, «bien qu'on ait peu fait mention de la sortie de l'album dans la presse» regrette Adil. Ce troisième opus, également autoproduit, compile la participation de nombreuses stars du rap. Dj Van Belka(Marrakech), Sayd des Mureaux, producteur de Rhoff, Booba, Diam's et Hammadi Boujmal (Meknès), qui a aussi produit des titres pour MTV et l'américain Ludacris, accordent les manettes au gré d'un album qui répond aux aspirations du groupe. «À passer en revue l'évolution musicale du groupe, Hkaynologie est l'aboutissement de nos recherches artistiques et de nos propres retrouvailles. C'est le tournant de la maturité», révèle Azzedine. À bras le corps Surtout, leurs paroles ont du sens, ce que fans et détracteurs ont peu relevé, butant sur chaque vanne, sans même soupçonner le côté sombre, notamment quand ils imposent un tableau de la scène artistique marocaine et de ses déboires, quand ils fustigent l'attitude de certains artistes «anti-rap». Un retour aux premiers registres et au style que leurs connaissent un public qui a suivi leur premier album alors qu'ils étaient «Dogs». Depuis, le parcours de Hkayne s'égaye d' « Un son de bled'art », le premier album dont les morceaux résonnent toujours aussi bien. Deux années plus tard, une deuxième sortie d'album annonce la venue du tube «Issawa style», massivement repris et chanté. Aujourd'hui, la page est déjà tournée et émancipation et maturité sont dans la poche. Retrouvez-les en ce début de saison sur les planches de la clôture du tremplin de Mawazine (9 mai), au Festi-Jeunes à Fès (7 mai), à Errachidia avant qu'ils ne s'envoler sous d'autres cieux.