Les échos quotidien : Quelles sont les priorités de l'ONSSA pour cette année ? Hamid Benazzou : L'Office assurera en 2010 le contrôle d'environ 6 millions de tonnes de végétaux importés et exportés ainsi que près de 140 millions de tonnes de plants produits par les pépinières. Il mettra en place toutes les mesures nécessaires pour préserver le patrimoine végétal des attaques des moineaux et des ravageurs. Et enfin, il assurera une gestion efficace de la lutte contre l'infestation des cultures (essentiellement le feu bactérien des rosacées à pépins, la mineuse de la tomate et le virus de la Tristeza des agrumes). Est-ce ce qui constitue les piliers de votre plan d'action ? Le plan d'action global défini par l'ONSSA, s'articule autour de trois axes. Primo, la santé et la protection des animaux. Afin de préserver et de sécuriser la santé du cheptel national, quatre programmes sont prévus : la vaccination et/ou traitement du cheptel contre les maladies animales sévissant sur le territoire national, dont les actions concrètes porteront sur la vaccination contre la peste des petits ruminants de 23 millions d'ovins et caprins, la lutte contre la «blue tongue» des ovins, la lutte contre la clavelée chez les ovins et la vaccination autour des foyers et enfin, l'application des mesures sanitaires. Deuxio, le contrôle des semences et plants. On prévoit de contrôler 70.000 ha de semis et de certifier 1.500.000 quintaux de semences sélectionnées ainsi que 16.000.000 de plants. Ceci afin de garantir l'authenticité variétale, la qualité phytosanitaires des semences et des plants certifiés et leur adaptation aux conditions pédoclimatiques du Maroc. Tertio, le contrôle sanitaire des produits animaux et d'origine animale, dont l'objectif est d'assurer la salubrité de ces produits et des aliments pour animaux et de garantir leur sécurité sanitaire. Ensuite, vient le contrôle sanitaire des produits végétaux et d'origine végétale qui repose sur deux volets, à savoir le contrôle de la qualité des aliments d'origine végétale et la surveillance des établissements de production des aliments d'origine végétale. Et enfin, le programme de mise à niveau et de l'assurance qualité des services de l'ONSSA qui comprend d'abord la mise à niveau de nos laboratoires, l'actualisation de l'arsenal juridique et l'assurance qualité. Quels sont vos principaux projets à venir ? En ce qui concerne nos projets pour le futur, nous allons œuvrer pour la mise en place de la nouvelle approche du contrôle des produits alimentaires. Elle consiste en un contrôle harmonisé des processus de fabrication basé sur le principe de l'analyse de risque et une responsabilisation des professionnels avec obligation de l'autocontrôle. Nous allons octroyer un agrément sanitaire à tous les établissements agroalimentaires, et veiller à l'obligation de la traçabilité et de la responsabilisation des professionnels pour le retrait des produits dangereux ou non conformes. Sur le plan juridique, nous allons nous atteler à l'application des principes généraux de la loi n° 27-08 relative à la sécurité sanitaire des produits alimentaires. Ces dispositions concernent les conditions dans lesquelles doivent être préparés, fabriqués et commercialisés ces produits pour être reconnus sains et salubres. Elles portent sur l'interdiction de commercialiser des produits impropres à la consommation ; la responsabilisation des opérateurs quant à la salubrité de leurs produits alimentaires mis sur le marché ; l'obligation d'identification des animaux et la traçabilité des produits primaires, des produits alimentaires et des aliments pour animaux ainsi que sur les règles obligatoires d'information du consommateur notamment par l'étiquetage des produits susmentionnés. Côté infrastructures, l'ONSSA est en train de lancer un vaste programme de mise à niveau de ses laboratoires afin de décentraliser les services de contrôle et d'assurer des prestations de proximité au profit des agriculteurs, des éleveurs, des vétérinaires privés, des importateurs et exportateurs et des entreprises de l'industrie agroalimentaire. Un des axes de ce programme de construction de locaux comprend d'une part la construction d'un laboratoire de contrôle des semences à Bouznika, d'un laboratoire régional d'analyses et de recherche à Aïn Jemâa et de deux autres laboratoires au niveau des agropoles de Berkane et Meknès, et d'autre part, l'achèvement de la construction du laboratoire de Laâyoune. D'autres projets ? D'autres volets se rapportant à la structuration de ce réseau de laboratoires, au développement de leur système d'information et à la formation font partie également de ce programme de mise à niveau dont le but ultime est d'atteindre une accréditation desdits laboratoires.Sur un autre registre et non des moindres, l'ONSSA s'est inscrit dès son démarrage dans un processus d'amélioration continue à travers la mise en place d'une démarche qualité au sein de l'ensemble de ses structures. Pour répondre à cet engagement qualité qui vise à hisser le niveau des prestations de nos structures, un programme d'assurance qualité sera lancé pour les doter d'un référentiel qualité et aboutir à leur accréditation selon les normes ISO 9001, ISO 17020 et ISO 17025. Des observateurs avancent que la création de l'ONSSA est poussée par une demande de l'UE pour contrôler les exportations agricoles marocaines. Qu'en est-il ? Pour mieux situer les faits, Il faut savoir que l'ONSSA est doté de la personnalité morale et de l'autonomie financière sous la tutelle de l'Etat. Sa création découle des objectifs stratégiques du Plan Maroc Vert se rapportant à l'amélioration de la compétitivité des produits agricoles et agroalimentaires, à celle de la qualité des produits agricoles, à la garantie de leur sécurité sanitaire tout au long de la chaîne alimentaire et à la consolidation de la confiance du consommateur dans la fiabilité du système. En effet, sur le plan international, le Maroc est appelé à mettre en place des structures de contrôle alimentaire renforcées et équipées afin de faciliter les échanges commerciaux mondiaux ainsi qu'un système de contrôle sanitaire et phytosanitaire structuré et consolidé en moyens humains et matériels pour mettre en œuvre d'une manière harmonisée les accords internationaux. En résumé, la création de l'ONSSA va permettre de répondre aux nouvelles exigences sanitaires aussi bien nationales qu'internationales. L'ONSSA en mission de vulgarisation au SIAM Vendredi dernier, l'Office national de la sécurité sanitaire des aliments (ONSSA) organisait à Meknès une journée scientifique assez animée. L'actualité ne tarit pas sur le sujet traité : la sécurité sanitaire des produits alimentaires. L'ONSSA, organisme chargé de cette mission depuis les matières premières jusqu'au consommateur final, a profité de la 5e édition du SIAM pour attirer davantage de regards. Ses chercheurs ont examiné les moyens de lutte contre des maladies menaçant végétaux et animaux, à l'exemple du charançon rouge ennemi du palmier, de la tutta absoluta, qui attaque la tomate, du feu bactérien, qui s'en prend aux rosacées, des mouches des fruits et de la peste des petits ruminants. Il suffit pourtant de peu de moyens, mais de beaucoup d'implication pour venir à bout de ces maux. Selon les experts, la lutte contre le feu bactérien passe par la surveillance et le suivi d'hiver, l'assainissement des organes attaqués, l'utilisation des plants sains et l'interdiction de l'installation de ruches d'abeilles dans les vergers durant les périodes de floraison. Le charançon rouge du palmier, lui, reste toujours cantonné à Tanger dans un rayon de moins de 4 km. Même avec un risque aussi minime, les chercheurs de l'ONSSA conseillent la prospection et le traitement préventif des palmiers comme moyens efficaces de lutte.Pour ce qui est de la tomate, les chercheurs ont assuré que la situation est maitrisée au niveau de la production sous serre. Cependant, le risque reste posé pour le plein champ qui demande une lutte collective et la mise en place de mesures d'hygiène pour limiter les dégâts de cet insecte. L'expérience marocaine, en matière de contrôle de la santé végétale, vise à empêcher la propagation des maladies menaçant les végétaux, à mettre en place des mesures de lutte contre ces infections et à mettre à la disposition des agriculteurs des produits efficaces conformes aux normes internationales.Les participants se sont aussi attardés sur les techniques de lutte contre les mouches des fruits, citant particulièrement la technique des insectes stériles, un outil de contrôle ou d'éradication de plusieurs espèces nocives d'insectes. Parmi ces maladies, la peste des petits ruminants a été plus lourde de conséquences pour l'agriculture nationale. Eviter sa dissémination a nécessité la mise sur pied de tout un programme de vaccination généralisé du cheptel national, ovin et caprin, au niveau des exploitations touchées lors des trois dernières années. Se faisant rares grâce à la sensibilisation générale et les interventions massives, ces maladies feront bientôt partie du passé si l'on s'applique assez dans la tâche en vue de leur éradication.