Anthologie, musique de chambre sous les grands chapiteaux dressés à l'occasion, musique marocaine, mondiale et classique, chants dans toutes les langues, telles sont les compositions polyphoniques de la 10e édition du Printemps des alizés. Recueillement et allégresse Dans la cité des alizés, toutes les harmonies s'envolent et émerveillent tant l'esprit réceptif aux mélodies de la ville. Du 29 avril au 1er mai, elles seront envoûtantes les notes de «Carmina Burana», une cantate scénique composée par Carl Orff qui sera présentée en ouverture de ce festival dans l'enceinte du chapiteau dressé entre les remparts de Bab El Menzeh. Et pour ses dix ans d'existence et de performance, le festival reste fidèle à ses premières traditions quand il accueille plus d'une centaine de chanteurs et de musiciens du Chœur et du jeune Orchestre symphonique d'Andalousie. Un des temps fort de ce rendez-vous élitiste de musique classique, notamment quand les chants se disputent l'élévation et la résonance spirituelle. Après une décennie d'existence, une programmation des plus riches. Pour la première fois, le festival des alizés fait une place de choix au chant classique arabe et à sa musique avec des moments rares. Telle une commémoration dédiée à Mohammed Abdelwahab, Oum Keltoum, Abdelhalim Hafez, des airs concoctés du répertoire maghrébin judéo-arabe seront récités à l'occasion. Pendant trois jours, à Dar Souiri, à l'Alliance franco-marocaine et sous le chapiteau de Bab El Menzeh, sextuor à cordes, quatuor, lieder et airs d'opéra se succèderont sans se ressembler. Tous puisent leur inspiration dans les répertoires de Brahms, Berlioz, Mozart, Bizet, Schonberg et d'autres encore. Si certaines voix seront doublées ou triplées, particulièrement dans les cordes, c'est qu'un orchestre de chambre, inhabituellement jeune, vous donne rendez-vous vendredi à 15h. Avec Dina Bensaïd au piano, Cédric Robin à l'alto, Boris Borgolotto au violon et Noé Natorp au violoncelle, tous du Conservatoire national supérieur de musique de Paris. C'est en quatuor qu'ils présenteront un concert de musique qu'ils promettent des plus agréables, la composition de quatuors à cordes étant considérée comme l'un des summums de l'écriture musicale. Le langage des chœurs Dirigé par Nayer Nagui et Michel Piquemal, l'ensemble vocal de la Fondation des Trois cultures est une perle inestimable. Représentant les trois religions et une armée de nationalités, la chorale interprétera des chefs-d'œuvre de grands compositeurs de la musique classique. Organisée par le Printemps des alizées en étroite collaboration avec l'association «Les trois cultures» (Séville), cette édition s'engage à signer un cru d'anthologie du sceau de l'exception. Preuve à l'appui, un hommage sera rendu au regretté Mohamed Boudrar, ce chef d'orchestre trop tôt disparu et qui, dès les années 1970, a su imposer sa marque et enrichir la scène musicale marocaine d'un talent reconnu par ses pairs ainsi que par les critiques les plus exigeants de la grande musique. Et pour finir ce 1er mai en apothéose, Anton Dvorak sera en clôture avec son «Stabat Mater» -une séquence composée au XIIIe siècle et attribuée au franciscain italien Jacopone da Todi-, dont chacun reconnaît la profondeur pour avoir été écrit et mis en musique à une période très particulière de la vie du grand compositeur. Pour ce «Stabat Mater», ce sont 150 musiciens et chanteurs du Chœur des trois cultures, né à Essaouira en 2003 et de l'Orchestre des jeunes de l'Andalousie qui vont se retrouver sur la même scène où ils interpréteront le même soir des œuvres inédites en arabe et en hébreu spécialement écrites et arrangées pour le festival d'Essaouira.