Qui réalise le plus de ventes parmi les hebdomadaires arabophones de la place ? Al Ayam ou Nichane ? En principe, les chiffres de l'Organisme de justification de la diffusion (OJD) apportent la réponse à ce genre de questions. Or, c'est justement ces chiffres que l'hebdomadaire Al Ayam conteste. Les derniers résultats de l'OJD portant sur l'année 2009 classent Nichane en tête des ventes de la catégorie avec 20.267 exemplaires. Un chiffre qui comprend les ventes directes, mais également les «diffusions différées». Autrement dit, «les numéros déjà parus, que l'hebdomadaire propose aux lecteurs, plusieurs mois après leur sortie en kiosque, sous forme «d'albums», à un prix symbolique», selon Noureddine Miftah, directeur de publication d'Al Ayam. Si Al Ayam estime que l'organisme ne devrait calculer que les ventes directes, Aissam Fathya, président de l'OJD Maroc, appelle à se référer au règlement. Selon lui, «les ventes différées sont inscrites dans le règlement». Et d'ajouter que «les règles et le statut de l'OJD ont tous été validés par l'ensemble des éditeurs dès le premier jour». Ahmed Reda Benshemsi, directeur de publication de Nichane, en pense de même et affirme que «ce mode de vente est tout à fait normal et existe partout ailleurs. C'est même la vocation du magazine... il se conserve et se collectionne». Quoi qu'il en soit, Al Ayam ne renonce pas à sa position de leader sur le marché des hebdomadaires en langue arabe et argue qu'il est aussi question de crédibilité auprès des annonceurs et des lecteurs, qui retrouvent dans ces numéros différés des publicités devenues obsolètes. Mais au-delà de ce débat qui concerne les deux publications, il semble que cette histoire soulève d'autres interrogations auprès de certains professionnels. Un OJD marocco-marocain «Nous devons envisager la marocanisation de l'OJD», nous confie l'un des membres de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ). Selon lui, «il est aujourd'hui carrément question de revoir le mode de certification de l'OJD Maroc», qui d'ailleurs est exactement le même que celui de l'OJD France. La remise en question de certains résultats de l'organisme n'inquiète pas plus que cela son président qui nous explique que «les chiffres annoncés sont des résultats qui répondent à des procédures réalisées par des experts qui viennent spécialement de France. C'est une étude très scientifique. Et si l'un des éditeurs a un doute sur le mode de certification, qu'il paie un contrôle et je m'engage à faire venir les experts spécialement. Il pourra ainsi assister à tout le processus de certification». Benshemsi de son côté ajoute que «s'il y a une remise en cause à faire concernant l'OJD, elle doit concerner tous les opérateurs certifiés, à commencer par ceux-là même qui font des critiques».