Les initiateurs de la 3e conférence Medlog de la logistique en Méditerranée affichent cette année leurs nouvelles ambitions : dépasser le simple cadre du cadre portuaire pour réfléchir et progresser sur la voie de meilleures pratiques du commerce global. Avec leurs partenaires Newton Vaureal Consulting et le Journal de la Logistique, l'accent a été mis pendant deux jours sur les défis de l'alimentation. D'emblée, le ministre brésilien des ports Pedro Brito a indiqué que c'est «la hausse des prix des produits alimentaires en 2007-2008 qui a attiré l'attention sur l'importance de la sécurisation des flux». Dans la foulée, la tête pensante du comité scientifique de Medlog et consultant, Michel Fender, a posé comme premier défi de la logistique -sur un total de cinq- «la lutte pour éradiquer la faim dans le monde». «Le Sahel, a-t-il rappelé, produit 16 millions de tonnes de céréales pour 14 millions de besoins et pourtant les gens y meurent et continuent d'y mourir de faim» comme ces dernières semaines encore au Niger, au Mali et en Mauritanie. «La logistique, c'est la fluidité» Le deuxième défi selon Philippe Feneder est, par ailleurs, celui du « soutien au développement des flux internationaux agroalimentaires dans un contexte de pratiques alimentaires très locales». Fender a ensuite enchaîné sur les risques et la sécurité, la veille sur les capacités de transport maritime et les moyens de faire face à des chaînes de valeur «fragmentées, multiples et mouvantes», un souci qui rejoint le 2e point. Alimentation de plus en plus chère et toujours mal distribuée, le défi est là, global, menaçant pour de larges pans de la population mondiale, notamment africaine. Et parce que «la logistique, c'est la fluidité», comme l'a rappelé Fender, la logistique s'articule donc autour «d'hommes, d'un processus collaboratif et de systèmes d'information». En substance, Medlog n'est pas un salon commercial ou une rencontre B2B stricto sensu, mais d'abord un espace où l'on réfléchit aux solutions des problèmes de demain. Dans ce contexte, les informations et présentations des plans Maroc Vert et Halieutis par exemple étaient les bienvenues. L'intégration de la logistique marocaine reste encore incomplète, les infrastructures sont en cours de construction comme les autoroutes, les ports et les marchés de gros. Le plan national de logistique, lui, est encore en préparation et les lieux de futures plateformes logistique pas encore identifiés. Au ministère de l'Agriculture, on prévoit des futurs marchés de gros de type Rungis (Paris) partout, au moins huit au départ, de l'Oriental au Souss, en passant par Fès, Rabat, Salé et Casablanca. Les plans Rawaj et Emergence II avec leurs plateformes industrielles intégrées devraient pousser à la concrétisation. Le Brésil, gros client de Tanger-Med La conférence de cette année s'est naturellement beaucoup focalisée sur le Brésil et son importance en tant que client. Le géant sud-américain représente déjà 10% du trafic actuel du port Tanger-Med mais le potentiel est encore plus important. Pour Tanger, le Brésil travaille encore «trop» avec Rotterdam et Anvers pour ses besoins de transbordement. Les responsables de Tanger-Med, dans le cas du Brésil ou d'autres pays ou multinationales, mettent en avant leur atout de zones industrielle et logistique intégrées pour la transformation et la réexpédition, le produit que Renault a acheté en s'installant à Melloussa. Ainsi, pour le cas du Brésil : «Plus de 50% des exportations brésiliennes, soit 100 milliards sur un total de 200 milliards de dollars sont agricoles ou minières. Sur cette centaine de milliards, 35% sont agricoles et 65% sont minières», a précisé le ministre Pedro Brito à une question des Echos quotidien. Ce pays dispose d'un savoir-faire, d'un ministère des ports pour cela, et d'une réglementation qui permet aux grandes compagnies de disposer de leurs propres ports. Il existe 200 ports au Brésil mais seuls 34 dépendent entièrement de l'Etat. En ce mois d'avril 2010, le port de Tanger-Med, initié en 2003, tourne une page de sa courte histoire. Depuis un an, le transbordement des conteneurs a démarré ainsi que les premières rotations de trafic roulier international. Dans un mois, ce sera au tour des rotations de passagers entre Algésiras et Tanger. Le chantier de Tanger-Med II suit son cours et la société TMSA également actionnaire à 49% du projet de Nador-West, a saisi l'occasion pour mettre l'accent sur les enjeux d'un tel investissement. Les industriels marocains et les opérateurs du transport, venus nombreux à cette nouvelle édition de Medlog, restent néanmoins sceptiques. Ils se sentent oubliés, et continuent de déplorer que l'ouverture du nouveau port n'a rien changé aux droits d'acconage ou aux tarifs maritimes. Réponse de Saïd Elhadi, président du directoire de TMSA : «Nous sommes à l'écoute de tout le monde. Rien n'est figé». Une réflexion qui ouvre la voie à d'éventuelles négociations dans les mois à venir. L'enjeu de la logistique au Maroc est très important et la réussite dans ce domaine nécessite la mobilisation et l'engagement de tous les intervenants. Les rencontres prévues en mai prochain autour de ce secteur naissant seraient l'occasion d'ouvrir de nouveaux chantiers avec les professionnels. De l'importance du Brésil Septième puissance économique mondiale et démocratie enracinée, le Brésil et son président Luiz Inácio Lula da Silva accueillent ce vendredi 16 mai le 2e sommet des BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) en présence du président chinois Hu Jintao, du président russe Dimitri Medvedev et du Premier ministre indien Manmohan Singh. Les échanges entre la Chine et l'Amérique du sud connaissent notamment un fort développement. Pékin devrait devenir le deuxième partenaire économique de l'Amérique latine à l'horizon 2014-2015, supplantant l'Europe. Cette réunion internationale a fait la Une de la presse internationale tout au long du week-end.propos recueillis par j.a «Nous voulons consolider et améliore cette position brésilienne»Saïd Elhadi, Président du directoire, TMSA «Les Echos» : Quels résultats avez-vous obtenu de cette «Opération Brésil» ? Saïd Elhadi : D'abord, il s'agissait de perpétuer l'idée de conférence de la logistique à Tanger. Autour du développement des infrastructures, il faut un cadre de réflexion et d'échanges qui va avec le développement du projet. Je crois que cette édition a été un succès avec la participation des Brésiliens mais aussi des Américains et des Espagnols. Une bonne découverte du Brésil et on connaît encore mal ce pays. Je rappelle que la première ligne régulière qui a été installée au port Tanger-Med fin 2007 servait ce pays. Nous voulons consolider et améliorer cette position brésilienne. Il s'agit aussi de voir avec les Brésiliens comment développer des activités de transformation. Avec le Brésil, il y a la logistique et l'industriel. Pour que les Brésiliens passent de Rotterdam à Tanger ou d'Anvers à Tanger, que leur proposez-vous de plus que ces deux ports du Nord ? Ce que nous offrons ici à Tanger-Med est nouveau sur le marché. Il y a une plateforme logistique, une plateforme de transbordement, mais derrière, il y a les plateformes de transformation. Tanger-Med II, par rapport au calendrier. Est-il en retard ? Nous avons clarifié le calendrier en juin 2009. Pour nous adapter par rapport à la situation de crise, nous avons décalé le projet de 15 mois et décidé de le réaliser en deux phases.