Aller à la rencontre des responsables de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), c'est tenter de répondre à plusieurs questions liées à l'actualité internationale, restées en suspens depuis longtemps. D'ailleurs, l'objectif de la diplomatie publique de l'OTAN, qui a organisé la semaine dernière un séminaire au profit des journalistes marocains à Bruxelles, était de démystifier la situation. «Nous ne sommes pas le gendarme du monde, ni une machine militaire», n'ont cessé de confirmer les différents intervenants lors de ce séminaire, le premier du genre dédié à une délégation d'un pays non membre de l'OTAN. En effet, les responsables de l'Alliance rencontrés lors de cette journée de travail, en l'occurrence Son excellence Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l'OTAN et l'amiral Giampaolo Di Paola, président du Comité militaire, ont tenu à expliquer les prérogatives de l'Organisation. «Nous ne sommes pas les Nations-Unies. D'ailleurs, toutes les opérations de l'OTAN ne peuvent être effectuées que sous le mandant de l'ONU. Nos tâches fondamentales restent la défense collective (protection des Etats membres), la gestion de crise ainsi que la sécurité coopérative», a souligné l'amiral Di Paola. Confronté à des risques majeurs (prolifération des armes de destruction massive (ADM) : nucléaires, biologiques et missiles balistiques) et résolu à relever des défis (assister les Etats fragiles et faillis, faire face aux crises et conflits régionaux), l'OTAN se veut donc une organisation internationale prête à engager un dialogue avec l'autre, à l'assister sans pour autant s'ingérer dans ses affaires internes. Pour la stabilité de la Méditerranée Consciente de l'importance de la stabilité de la sécurité en Méditerranée pour l'Europe, l'Alliance a lancé en 1994 le Dialogue méditerranéen. Selon les responsables de l'OTAN, ce dialogue, qui prouve la politique d'ouverture et de coopération menée par l'Organisation, a pour objectif de contribuer à la sécurité et à la stabilité de la région et surtout de dissiper chez les pays participants (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Mauritanie, Maroc et Tunisie), les idées fausses véhiculées depuis longtemps sur l'Alliance. «Notre objectif depuis toujours est d'intensifier nos relations avec nos partenaires méditerranéens», a précisé l'amiral Di Paola. Ainsi, le Dialogue méditerranéen et son développement ultérieur reposent sur cinq grands principes : un processus évolutif en termes de participation et de contenu, une base bilatérale (OTAN+1), la non-discrimination, le renforcement d'autres efforts internationaux comme le processus de Barcelone de l'UE et l'autofinancement. Et afin de mieux examiner les questions liées à ce dialogue, des consultations politiques se déroulent régulièrement au niveau des ambassadeurs et au niveau opérationnel. Sur le plan sécuritaire, un planning annuel est élaboré conjointement par l'OTAN et les pays participants, visant notamment les formations et les coopérations militaires. Une réforme évolutive Outre le Dialogue méditerranéen, qui reste l'un des points amplement discutés lors de ce séminaire, le secrétaire général de l'OTAN a tenu à partager avec la délégation marocaine le nouveau concept stratégique adopté lors du Sommet de Lisbonne. «Lors de ce sommet, le plus important dans l'histoire de l'OTAN, nous avons décidé de moderniser et de renforcer l'Alliance, entamer une nouvelle phase en Afghanistan et renforcer notre partenariat avec la Russie. Notre objectif est que l'OTAN soit plus engagé et plus efficient. Nous voulons tailler la graisse tout en renforçant les muscles», a souligné Rasmussen. Ainsi, la déclaration de Lisbonne prévoit, entre autres, une réforme de la structure de commandement, qui deviendra plus souple et plus agile grâce à l'élargissement des partenariats avec des pays et des organisations à travers le monde. À travers cette série de réformes, l'OTAN entend également réhabiliter son image auprès du grand public. Sa présence en Afghanistan par exemple reste encore mal digérée par des millions de personnes à travers le monde, notamment dans les pays arabes. D'ailleurs, Rasmussen a précisé que le retrait des troupes de l'OTAN de l'Afghanistan n'était pas d'actualité. «Il n'y a pas de retrait, mais plutôt une transition», affirme-t-il. Par ailleurs, le secrétaire général de l'OTAN a confirmé que l'objectif de cette réforme est de faire de l'OTAN un forum de discussions sur les enjeux internationaux. «Vous savez, nous ne sommes pas seuls face aux nouvelles menaces, c'est ainsi que nous ne pouvons pas les combattre seuls. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, nous nous appuyons sur des partenaires efficaces et nous développons nos relations avec les Nations-Unies, l'Union européenne, l'Union africaine...». Nous l'avons bien compris, l'Alliance atlantique est donc résolue à ouvrir une nouvelle page, basée plutôt sur un dialogue politique sérieux et consistant avec ses partenaires et surtout à faire comprendre que le côté militaire n'est pas sa seule raison de vivre. Chiffres clés : Interview avec Menouar Alem, Ambassadeur, représentant du Maroc auprès de l'Union Européenne : «Le Maroc est l'un des pays les plus actifs de la région» Les Echos quotidien : Concrètement, quel rôle le Maroc joue-t-il dans le Dialogue méditerranéen ainsi que dans le nouveau concept stratégique de l'OTAN ? S.E.M Menouar Alem : Comme vous avez pu le constater, le Maroc joue un rôle fondamental dans sa coopération avec l'OTAN et ce aux niveaux bilatéral et régional. Notre pays s'est associé dès son indépendance aux côtés des pays démocratiques, notamment pendant la guerre froide. C'est ainsi qu'il a pu renforcer sa coopération d'abord avec les Etats membres de l'OTAN et ensuite au sein même de l'Alliance. D'ailleurs, cette expérience qu'il a acquise au cours des 40 dernières années a fait de lui l'un des partenaires les plus stratégiques de l'OTAN. Notre pays participe depuis des années dans des opérations de maintien de la paix dans différentes régions du monde. Sur le plan du Dialogue méditerranéen, le Maroc est présenté comme l'un des pays les plus actifs de la région. Le Maroc apporte en effet sa contribution, participe aux initiatives adoptées et offre des propositions sérieuses qui sont prises en compte par l'OTAN. Nous travaillons également sur plusieurs sujets, notamment la lutte contre le terrorisme. Justement, qu'en est-il de la participation du Maroc dans l'opération Active Endeavour destinée à lutter contre le terrorisme dans la région méditerranéenne ? C'est une opération qui s'inscrit dans le cadre des relations bilatérales entre le Maroc et l'OTAN et qui consiste à définir ensemble les moyens de coopérer pour lutter contre le terrorisme, notamment en Méditerranée. Préoccupé par la piraterie et la menace terroriste, le Maroc a signé un accord avec l'OTAN pour protéger nos façades méditerranéenne et atlantique de tous les dangers qui peuvent toucher notre pays et les Etats membres de l'Alliance. Les procédures sont déjà mises en place pour travailler ensemble. Quelles sont les actions prises par le royaume pour renforcer son partenariat avec l'OTAN ? Notre objectif est de préserver les spécificités du Dialogue méditerranéen en développant des actions propres à cette région, encadrées par un dialogue politique fort pour savoir la ligne directrice à suivre. Nous aspirons également à combiner les différentes plateformes 28+1 (OTAN + 1) et 28 +7 (Dialogue méditerranéen). La coopération bilatérale et celle régionale restent le ciment de la collaboration avec l'OTAN.