Le Plan Maroc Vert prend un nouvel élan. Hier, à Meknès, les 4e assises du secteur ont tenu leurs promesses... et en ont annoncé d'autres, dans un contexte international où la sécurité alimentaire est devenue un must. Le premier aspect à retenir de ce quatrième rendez-vous du gotha de l'agriculture nationale est important. Institutionnels, politiques grands industriels et opérateurs agricoles... tout le monde était au rendez-vous pour compléter un chaînon essentiel de la mise en œuvre de la stratégie sectorielle. Il s'agit, en effet, de la commercialisation d'une production agricole en croissance importante. L'impératif est de répondre aux signaux positifs perçus à partir de l'avancement de réalisation des objectifs du PMV. Pour ce faire, le relèvement de la performance de ce maillon, qui intervient à la fin de la chaîne de production, sera un des principaux leviers de soutien de l'accélération du PMV. L'enjeu est de «consolider les acquis en termes de marchés nationaux et internationaux et d'améliorer de façon fluide les structures de commercialisation». L'un des premiers segments qui devraient d'ailleurs bénéficier de ce renforcement sera le produit du terroir. Le ministère d'Akhannouch a signé deux conventions avec les groupes Marjane Holding et Label'Vie. Ces deux enseignes de distribution en grande surface s'engagent ainsi à faciliter l'introduction des produits du terroir dans leurs offres. Pour Marjane Holding, cette convention vise à lui permettre de contribuer à une large promotion des secteurs du produit du terroir et d'assurer un accès rapide et réussi des produits du terroir, principalement ceux issus des petites coopératives, sur l'ensemble des supermarchés ACIMA et hypermarchés Marjane au Maroc. Pour Label'Vie, il s'agira aussi d'améliorer substantiellement les revenus des producteurs du terroir, par le biais de la promotion et de la valorisation commerciale de ces produits dans les marchés nationaux de la grande distribution. «9 mars» ou le grand virage social Si la commercialisation agricole a été au cœur des débats et dans les têtes des participants, les termes «solidaire», «social» et «régionalisation» sont revenus plusieurs fois dans le discours du ministre de tutelle. Un signe révélateur. «Nous tenons à contribuer à approfondir la dimension sociale du PMV à travers la promotion de l'agriculture solidaire», a déclaré le ministre. Ce dernier a en effet annoncé une batterie de mesures que le gouvernement marocain compte mettre en œuvre dans ce sens. Ces mesures, placées dans le contexte actuel de réformes sociales et politiques que connaît le royaume, se donnent une réelle pertinence. Pour le détail, concernant la petite agriculture, elles portent, en priorité sur l'allégement et le rééchelonnement de créances des petits agriculteurs auprès du groupe Crédit Agricole du Maroc, sur la possibilité de contracter de nouveaux crédits, l'exonération des frais d'eau d'irrigation, ainsi que sur le renforcement du financement public prévu pour appuyer l'agriculture solidaire. Par ailleurs, de façon plus générale, le gouvernement s'est aussi engagé à «accentuer la dimension régionale du PMV», de sorte à mieux en adapter la mise en œuvre en fonction des spécificités de chaque région du royaume. Fructueux À la quatrième vitesse, sont aussi passés les contrats-programmes entre l'Etat et les filières de professionnels. Cinq nouveaux partenariats ont en effet été concrétisés en marge de ces assises. Les aviculteurs ont été les premiers sur la liste. Après la réalisation à 100% d'un premier contrat-programme (échéance 2009-2013) avec l'Etat, les responsables de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) ont renouvelé leur engagement pour la période 2011-2020. L'argan – produit du terroir – obtient aussi ses engagements pour 2011 et 2020. Parmi les objectifs, la réhabilitation de 200.000 ha d'arganeraie, la hausse de la production de 400 tonnes à 10 000 t par an en 2020. En troisième lieu, la filière apicole a aussi décroché son CP 2011-2020, visant la promotion de l'investissement, la création de 40.000 nouveaux emplois et l'amélioration de la productivité et de la compétitivité. Last but not least, les filières de l'arboriculture fruitière et la filière cameline ont également signé des contrats programmes avec l'Etat, établis sur les mêmes échéances que les précédents. La récolte a somme toute été bonne. Les financements seront là aussi... Les nombreuses mesures et projets agricoles annoncés de développement de filières seront accompagnés par un financement conséquent. Plusieurs accords ont été signés dans ce sens avec des structures financières nationales et internationales. Le premier d'entre eux porte sur une convention de partenariat entre l'Etat et le Crédit du Maroc. Cette dernière enseigne s'engage à la mobilisation d'une enveloppe de 4 milliards de dirhams sur une durée de cinq ans, pour l'accompagnement financier du PMV. Elle devra aussi continuer à proposer une offre de crédit au secteur agricole et agro-industriel adaptée aux besoins des opérateurs agricoles. Par ailleurs, un accord a été conclu entre l'Agence pour le développement agricole (ADA) et le fonds d'investissement Nebetou Fund relatif aux investissements de fonds dans les projets d'agribusiness. Le fonds dispose d'une enveloppe préliminaire de 260 millions de dirhams et sa taille cible s'élève à 630 millions de dirhams. Du côté de l'international, l'Agence japonaise de coopération internationale (JICA) a signé avec le gouvernement marocain un procès verbal de recommandations relatif à un don financier concernant le projet d'irrigation dans la région de Doukkala-Abda, d'un montant de 54,7 millions de dirhams (soit 590 millions de yens).