Casablanca avait rendez-vous hier avec une nouvelle marche initiée par le Mouvement du 20 février. Ayant comme point de départ la place Ennasr à Derb Omar, cette marche a toutefois connu une participation moindre que celle du mois dernier. Les jeunes du Mouvement ont trouvé des difficultés à encadrer cette masse humaine qui n'adoptait pas forcément les revendications (surtout politiques) du Mouvement. Au fil des minutes, la manifestation est devenue, plus unifiée (malgré la présence de certains groupuscules divergents), scandant les mêmes slogans. Outre les slogans «classiques» scandés dès la première marche organisée le 20 février dernier (changement de la Constitution, démission du gouvernement, dissolution du Parlement, indépendance de la justice, plus de démocratie), les manifestants ont appelé, entre autres, au jugement «des mafias de l'économie», à l'organisation d'élections libres et transparentes, à la constitutionnalisation de la langue amazighe ou encore à la libéralisation de la presse. Les revendications d'ordre social ont par ailleurs été très présentes lors de la marche. Les Casablancais qui ont participé à la manifestation ont dénoncé la corruption, la cherté de la vie, le chômage, la qualité de l'enseignement, la non accessibilité aux soins médicaux...«Cette marche prouve encore une fois que nos revendications sont celles du peuple marocain», nous confie Ghislane Benomar, membre de la coordination du Mouvement du 20 février à Casablanca. La marche qui contrairement à celle du 20 mars n'a pas connu une forte participation des membres d'Al adl wa al ihssane, confirme, selon Benomar que les jeunes «sont déterminés à aller jusqu'au bout de leurs revendications». Par ailleurs, plusieurs informations circulent au sein même du Mouvement du 20 février, affirmant que bon nombre de membres auraient décidé de camper sur la place Névada. Cette démarche a été refusée par «les modérateurs» du Mouvement, qui pensent qu'il est encore trop tôt pour prendre de telles décisions, d'autant plus que l'Etat a répondu favorablement à certaines revendications (le fait de libérer récemment 190 détenus politiques a été largement apprécié par le Mouvement). La coordination casablancaise du Mouvement du 20 février risque donc de connaître une scission, si l'on n'arrive pas à trouver une solution capable de satisfaire les exigences de tout un chacun. Rappelons enfin que plusieurs personnalités ont pris part à la marche, notamment l'homme d'affaires Karim Tazi, le militant associatifSion Assidon, l'artiste Khansa Batma ou encore l'ancien directeur de publication de Telquel, Ahmed Benchemsi. Fz.S