C'est bouclé ! La cession de la branche boissons gazeuses du groupe Holmarcom, au groupe indien RJ Corp a été effectuée le 4 février dernier. Selon la presse indienne (notamment «The Economic Times»), le montant de l'opération tournerait autour des 100 millions de dollars américains (825 millions de dirhams), bien plus que le montant estimé par BMCE Capital Bourse (BKB) il y a quelques mois et situé entre 350 et 400 millions de dirhams en décembre 2010. Pour rappel, les filiales des deux groupes s'étaient réunies le 14 décembre dernier pour discuter «de la conclusion d'un accord stratégique». Cette opération confirme le revirement stratégique chez Les eaux minérales d'Oulmès (LEMO), la filiale spécialisée dans la production et la distribution d'eaux minérales naturelles, d'eaux de sources, de table et de boisson gazeuses, par ailleurs cotée à la Bourse de Casablanca. Si les explications avancées par LEMO sur ce désengagement tendent vers un recentrage de ses activités sur son cœur de métier pour améliorer ses marges, un autre son de cloche estime qu'il s'agit là d'une décision stratégique émanant directement de la maison mère de PepsiCo. Quoi qu'il en soit, a l'annonce du deal, les analystes de BKB convergeaient vers la version de LEMO. «Cette cession s'explique vraisemblablement par les faibles marges dégagées par l'activité sodas, comparativement à celles du segment eau, ainsi que par le retard de la levée d'un emprunt obligataire de 350 millions de dirhams, qui était programmé pour fin 2010 et qui avait pour objet le remboursement partiel es dettes bancaires et le financement des investissements futurs», indique BKB. Mais pourquoi alors Oulmès resterait-elle partenaire dans le capital comme cela à été annoncé? La décision viendrait-elle alors des quartiers généraux de Pepsi ? Est-ce que cette dernière n'est pas satisfaite des réalisations au Maroc? Voudrait-elle avoir plus d'emprise sur ce marché pour gagner plus de parts ? À l'heure où nous mettions sous presse, le commentaire du groupe Holmarcom n'avait toujours pas été reçu. En l'absence de toute communication officielle, et sachant que LEMO est cotée en Bourse, il est prévisible que le CDVM se prononce sur le titre Oulmès ou le suspende en attendant plus d'éclaircissements. Toutefois, il est vrai que l'agressivité commerciale et marketing qui a permis aux boissons gazeuses d'Oulmès de prendre 11 % de part de marché depuis 2003 implique directement des concessions importantes sur les marges. Mais la firme affichait nettement ses ambitions, jusqu'à fin 2008, de poursuivre son offensive commerciale sur ce segment. Pepsi n'en est pas à son premier «choc» sur le marché marocain, largement dominé par le concurrent Coca Cola. La reprise de l'affaire par Varun Beverages, le bras armé de RJ Corp, et l'un des partenaires embouteilleurs les plus importants de PepsiCo, la multinationale montre son attachement à ce marché et ne cache pas son intention de monter en puissance dans le Maghreb et en Afrique. «Nous prévoyons que nos activités en Afrique généreront près d'un milliard de dollars durant les 3 prochaines années», estime Ravi Jaipuria, PDG du groupe indien dans un communiqué de la firme. Il faut dire que le Maroc constitue une tête de pont pour pénétrer les marchés de la région. Rien que dans notre pays, le marché des soft drinks est estimé à 1 milliard de dollars. Un potentiel porté par les habitudes de consommation des Marocains, qui consomment 96 bouteilles par an et par personne, contre seulement 16 en Inde par exemple.