Le baromètre de la compétitivité des entreprises marocaines accompagnées par l'ANPME (Agence nationale pour la promotion de la PME) vient, dans sa cinquième édition, montrer une légère hausse de la totalité de ses indicateurs par rapport à l'édition précédente. En effet, tous les secteurs ont affiché une nette amélioration de leurs climat d'affaires avec, cependant, le textile en queue de liste à cause des faibles, mais néanmoins améliorés résultats. Le constat général est donc positif. Hausse des exportations Les entreprises accompagnées par l'ANPME estiment avoir un bon climat d'affaires même si 69% d'entre elles ont déclaré être touchées par la crise. Normal, 64% de ces entreprises prévoient d'en sortir avant fin 2010. Les résultats du baromètre s'appuient entre autres sur la comparaison des résultats d'enquête sur deux groupes d'entreprises. Même si les bonnes performances du groupe d'entreprises accompagnées par l'ANPME ne sont pas exceptionnelles, elles sont supérieures aux autres entreprises sondées. Dans un contexte de crise, les entreprises tournées essentiellement vers l'export sont les premières à souffrir. Plus le volume destiné à l'export était important avant la crise, plus la société est fragile. Pourtant, sur des entreprises dont le chiffre d'affaires est à 80% tourné vers l'export et accompagnées par l'ANPME, 23% ont enregistré une hausse de leurs exportations et 27% n'ont pas subi de changements (positifs ou négatifs) sur leurs exportations. Ces résultats dépassent largement ceux enregistrés par les entreprises dont les deux tiers de leurs activités sont destinées au marché local et qui n'ont pas bénéficié d'accompagnement. En effet, 20% de ces sociétés ont réussi à augmenter le volume de leurs exportations et 13% seulement ont pu le stabiliser. Sur les 150 entreprises qui ont répondu au questionnaire, 60% estiment que leur situation actuelle est moyenne contre 28% qui s'estiment en bonne position. Les entreprises qui ont bénéficié des programmes d'accompagnement proposés par l'ANPME ont déclaré que leur business est resté stable (54%) ou a évolué positivement (30%) lors du deuxième semestre 2009. La situation était moins stable pour les structures qui n'ont jamais été accompagnées. 30% seulement de ces sociétés ont réussi leur équilibre. De manière générale, 40% des entreprises ont priorisé l'optimisation de leurs procédés de production au second semestre 2009. De la même façon, 36% des entreprises accompagnées par l'ANPME ont opté pour l'amélioration de la qualité de leurs produits actuels alors que 35% se sont concentrées sur la recherche de nouveaux marchés à l'échelle nationale. Le développement marketing et commercial a quant à lui figuré parmi les actions prioritaires de 33% des entreprises accompagnées pour la même période. Ces tendances poussent l'ANPME à adapter ses programmes d'accompagnement afin qu'ils répondent au mieux à ces actions. L'adaptation des programmes de l'ANPME aux besoins des entreprises est justement très importante pour 47% des entreprises accompagnées. En effet, 21% de ces sociétés en sont très satisfaites alors que 11% le sont peu. Quoi qu'il en soit, l'ANPME semble avoir pris note des attentes de ces entreprises et promet des améliorations même si le constat général est déjà plus que positif. L'enquête La méthodologie choisie pour le baromètre s'appuie sur une étude quantitative dont le questionnaire envoyé par fax à 230 entreprises. Parmi ces entreprises, 150 ont déjà participé aux programmes de promotion économique de l'ANPME et constituent le groupe expérimental. Les 80 autres entreprises n'ont jamais bénéficié d'un accompagnement et représentent l'échantillon de contrôle. L'enquête a été réalisée sur la base d'un listing de 450 entreprises du groupe expérimental et 320 entreprises du groupe de contrôle. La phase terrain s'est déroulée entre le 4 décembre 2009 et le 17 février 2010. Après avoir actualisé et qualifié la base de données des entreprises, un questionnaire d'une seule page leur a été envoyé. Il aura fallu sept relances téléphoniques en moyenne par entreprise pour réussir à avoir des retours. C'est alors qu'un contrôle des réponses a été effectué en rappelant, le cas échéant, les entreprises concernées si manque d'informations il y a. Un travail de longue haleine. Responsabilité sociale oubliée Quelques entreprises ayant participé à l'enquête ont mis en cause le processus d'anticipation de l'ANPME. Même si les services proposés par l'Agence couvrent 80% des besoins des entreprises tous secteurs confondus, Latifa Echihabi a reconnu qu'il y avait encore des efforts à faire dans ce sens. «Nous cernons la majorité des besoins des PME. Pour le reste, nous essayons constamment d'anticiper», a-t-elle confié. Bien que le questionnaire était diversifié et comprenait des questions pertinentes, il n'a traité en aucun cas de la responsabilité sociale des entreprises, notamment vis-à-vis de la norme SA 8000. Contrairement à ce que pourraient penser certains, «la responsabilité sociale n'est pas un luxe mais un argument» qui peut aider l'entreprise à gagner en économie. L'ANPME compte intégrer ce type de questions lors des prochaines éditions du baromètre. La réactivité de tout service ou administration est la clé de son efficacité. Les entreprises questionnées n'ont pas toutes été positives sur ce point et ont reproché à l'Agence la lenteur des démarches. Face à ses propos, Latifa Echihabi répond que «les équipes de l'ANPME sont très réactives». Ce sont les procédures nécessitant l'intervention d'autres administrations qui nécessitent des délais considérables. Mais la directrice générale de l'ANPME se dit prête à négocier des solutions en téléconsultations permettant d'économiser du temps. Certaines structures, comme les banques,ont déjà accepté de jouer le jeu. «Aujourd'hui, le rating bancaire se fait dans un délai allant d'une heure à 2 jours seulement», a précisé Echihabi.