Mardi 12 avril. Il est 13h. Nous sommes à Kénitra, plus exactement au centre socio-sportif intégré (CSPI) Moulay Al Hassan, un des premiers à voir le jour au Maroc. Mis à part un groupe de jeunes garçons qui jouent au football sous un soleil de plomb, le centre est presque vide. «S'il n'y a pas beaucoup de monde, c'est parce que c'est le dernier jour des vacances. Il fallait venir en milieu de semaine», explique d'emblée Malek Degdag, délégué du ministère de la Jeunesse et des sports à Kénitra. Ouvert depuis septembre dernier, le CSPI de Haouzia compte, aujourd'hui, 600 adhérents toutes catégories confondues : enfants, jeunes, moins jeunes, femmes... «La plupart viennent pour jouer au football», explique un moniteur. La demande est, aujourd'hui, tellement forte qu'on se bouscule pour trouver une place. «On a eu du mal pour louer le terrain de football. Il y en a qui jouent jusqu'à dix heures du soir. On aimerait bien avoir plus de terrains, cinq ou six. Ce serait une bonne chose», fait savoir un jeune bénéficiaire pour qui ce centre de proximité a changé la vie de la jeunesse de Kénitra. «Il y a une grande différence. Avant, on jouait dans les rues. Aujourd'hui, il y a un espace où l'on peut pratiquer du sport», ajoute ce dernier. C'est d'ailleurs pour faire face à cette forte demande que la délégation du ministère de la Jeunesse et des sports compte construire, dès l'année prochaine, trois terrains d'urban foot (centre dédié à la pratique du football). «Nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Avec la municipalité, nous essayons d'ouvrir un complexe. Le CSPI, plus un urban foot, plus d'autres projets que nous prévoyons de mettre en place prochainement». Ainsi et dès début mai prochain, le centre sera doté d'une piscine semi-olympique. «C'est la saison et cela ne fera que multiplier le nombre des adhérents». Internet remplace le livre À l'image des autres CSPI, celui de Haouzia comprend, en plus d'un terrain omnisport, équipé de gazon synthétique, une salle de sports, un espace jeunesse et une crèche. Frais d'inscription : 300 DH, pour des tarifs mensuels qui vont de 50 à 150 DH. «En tant que société, le prix est raisonnable, d'ailleurs, nous comptons adhérer pour toute l'année, mais pour les jeunes du quartier, je pense que 150DH, c'est un peu cher. La plupart sont des étudiants ou des jeunes chômeurs. Pour les enfants, je pense qu'il vaut mieux que ce soit gratuit, pour les encourager à la pratique du sport», fait remarquer ce chef d'entreprise. Certes, la plus consommée de toutes ces activités est le foot, suivi et de loin, par le basket-ball, mais les jeunes viennent également pour se divertir. Les jeux sur Internet restent les plus prisés. «Généralement, ils passent une heure par jour», précise Degdag. Pour ces jeunes enfants, visiblement pas très intéressés par la lecture, quand ce n'est pas les jeux, c'est le billard ou encore la télé, mais toujours en présence d'un encadrant. «Nous essayons de les orienter, mais tant qu'ils ont ce désir de jouer, il n'est pas possible de les en empêcher. Il faut faire montre de flexibilité », explique notre moniteur. Crèches, pas encore dans les habitudes Ouvert toute la semaine, le centre est beaucoup plus fréquenté le mercredi, le samedi et le dimanche. On y vient même en famille, sauf que les femmes ne sont pas encore disposées à laisser leur progéniture dans une crèche, mise à leur disposition. «C'est rare . Ce n'est pas encore dans les habitudes des gens, mais il faut bien être prêt. Cela fait partie de la conception du CSPI». Jusqu'à présent, le centre offre la possibilité d'exercer 7 disciplines. Sur demande des adhérents, ce nombre devrait augmenter dans deux mois pour en atteindre 10. «Nous proposerons du judo, de la salsa et la gymnastique». Le CSPI de Benslimane connaît le même succès, avec 664 adhérents, dont 70% sont de sexe masculin. «Nous en avons 130 qui proviennent d'une école privée. Il y a aussi les institutions, comme les orphelinats, les associations, les œuvres sociales. Nous avons aussi des gens qui viennent de la ville de Mohammédia et surtout beaucoup de vétérans», souligne Moulay Driss Drissi, délégué du ministère à Benslimane. Là encore, le sport vedette est le foot. Preuve en est, le centre compte quatre clubs socios, dont les joueurs sont âgés de 8 à 18 ans. «C'est pour pouvoir participer aux tournois inter-CSPI qui auront lieu prochainement». Lundi dernier, une équipe de l'Académie Mohammed VI de football, menée par son directeur technique Nesser Laget, était de passage au CSPI de Benslimane, certainement pas pour disputer une partie de ping-pong, de scrabble ou de monopoly.