«Pour un usage pacifique et responsable du nucléaire». Tel est le mot d'ordre de la Conférence internationale sur l'accès au nucléaire civil, dont les travaux démarrent, aujourd'hui, à Paris. Un événement qui se veut un espace d'échange, de mutualisation des expériences, mais qui sera surtout l'occasion d'insister sur les exigences de sécurité et de préservation de l'environnement. Le président français Nicolas Sarkozy compte d'ailleurs inclure ces éléments dans son discours d'ouverture en insistant sur la «démocratisation» de l'énergie nucléaire, qui ne doit pas être réservée aux Etats détenteurs de cette technologie. Le Maroc y est présent également, fort d'une délégation composée de la ministre de l'Energie et des mines, Amina Benkhadra, aux côtés de Ali Fassi Fihri de l'ONE et de Moulay Abdallah Alaoui de la fédération de l'Energie. Il est vrai que le Maroc n'a pas vraiment d'expérience probante dans le nucléaire, mais l'épuisement progressif des énergies fossiles impose l'élaboration d'une stratégie énergétique palliative. Longtemps considéré comme dangereux, le nucléaire revient paradoxalement sur le devant de la scène à une moment où le développement durable prend de plus en plus des allures de doctrine. Heureusement, les deux ne sont plus antinomiques grâce aux avancées technologiques en matière de production d'énergie et de stockage des déchets, ce qui fait de l'option nucléaire une sérieuse alternative tant sur le plan économique qu'écologique. Chers, très chers EPR C'est ainsi qu'au Maroc, la fédération de l'Energie a retenu comme technologie de référence pour la production d'électricité d'origine nucléaire, les réacteurs EPR (European Pressurized water Reactor). Conçu par Areva, ce type de réacteurs de génération 3+ présente des particularités intéressantes. D'abord, les EPR développent 1.600 MW de puissance électrique, ce qui en fait les réacteurs les plus puissants du monde. La production de déchets radioactifs est, quant à elle réduite de 15 à 20%, grâce à l'utilisation de l'uranium enrichi à 5% comme combustible. Fait non négligeable, l'utilisation de cette technologie permet aux EPR de générer 22% de plus d'énergie électrique que les réacteurs traditionnels, et ce à partir de la même quantité de combustible consommée. Autant d'avantages dont les applications pratiques peuvent aller de la simple production d'énergie électrique au dessalement de l'eau de mer, ce qui est tout de même une bonne alternative pour un pays comme le nôtre, menacé de stress hydrique. Un bémol toutefois: les EPR nécessitent un investissement de l'ordre de 3 milliards d'euros, ce qui se répercute à hauteur de 50% dans le coût du MWh. De plus, un EPR ne peut atteindre pleinement son potentiel que s'il est adossé à un réseau électrique doté d'une forte capacité de distribution. Manifestement, si le choix d'un EPR comme alternative énergétique est justifié sur le papier, des études plus poussées devront être faites avant son implantation. Du travail en perspective pour le département d'Amina Benkhadra.