Jusque-là peu connu, Samir Azzimani a réussi à faire parler de lui et de son projet, grâce aux JO d'hiver Un rêve d'enfance devenu une réalité «J'ai commencé à réaliser que j'étais finalement en train de réaliser mon rêve après tous ces efforts. Mes mains ont commencé à devenir moites 10 minutes avant mon entrée dans le stade. Mon cœur a commencé à battre de plus belle lorsque je me suis positionné devant la porte d'entrée qui sépare les coulisses de l'arène. Lorsque le « Go Morocco » est arrivé à mes oreilles j'ai marché fièrement vers l'avant». Pleins d'émotion, ces propos sont ceux d'un skieur pas comme les autres, Samir Azzimani, seul Marocain au monde... des Jeux olympiques d'hiver. De Colombes, en banlieue parisienne, à Vancouver, le seul et unique représentant du Maroc a parcouru un long chemin avant de réaliser son rêve, celui des JO. Fils d'immigrés marocains, Azzimani a découvert sa passion pour le ski par hasard, en colonies de vacances, alors qu'il était pensionnaire dans un foyer pour des raisons familiales. Il avait à peine six ans. «Après, je me suis mis à regarder les slaloms géants à la télé. À Albertville en 1992, j'ai vu des Marocains skier et je me suis dit qu'un jour je ferais mieux qu'eux. J'ai eu le cœur qui palpitait à fond, à 100 à l'heure». C'est en 2000 que Azzimani entame son aventure avec comme premier écueil les fonds. Après avoir frappé à plusieurs portes, il finit par arracher une aide de la mairie de Colombes. Un an après, il parvient à se qualifier pour les Mondiaux, mais à quelques semaines du coup d'envoi de la compétition, il se luxe l'épaule. Cela ne l'a pas empêché d'être sur la ligne de départ pour finir 46e sur 106 participants. Mondiaux ratés, Azzimani s'est fixé un autre objectif : les JO. Un parcours de combattant Après avoir raté d'un rien sa qualification à Salt Lake City, aux Etats-Unis, il décide de prendre part à ceux de Turin 2006. Pour y parvenir, il sollicite la Fédération royale marocaine. «En décembre 2003, sans prendre de rendez-vous, je suis parti à Casablanca. Personne ne m'a écouté. J'ai dû rentrer en stop. À mon retour à Colombes, on s'est dit, avec des amis, que la dernière solution, c'était d'écrire au Roi. Un mois après, un conseiller de Mohammed VI me rappelait pour me donner son accord». Après un vrai parcours du combattant, où il a dû multiplier les jobs d'été, en tant que moniteur dans les stations de ski et, en même temps, les compétitions, Azzimani réussit à arracher son ticket pour Turin. Seulement voilà, le destin en a décidé autrement. Le skieur marocain a dû abandonner suite, encore une fois, à une luxation de l'épaule. La déception est totale, il voyait son rêve partir en fumée. Mais pas pour longtemps. Fort tenace, d'ailleurs tous ceux qui le connaissent lui reconnaissent cette qualité, Azzimani ne désarme pas et tient à être présent aux JO de Vancouver. Sans sponsors, il compte sur l'aide de quelques commerçants de la ville. Il faut dire que les difficultés financières ont toujours miné la carrière de cet athlète, mais sans pour autant changer d'un iota sa détermination. Après avoir disputé plusieurs compétitions, où il réalise les minima exigés par le Comité olympique international, il finit par décrocher son billet pour les JO en slalom et slalom géant. Le rêve devient, enfin, réalité. Un événement que ce dernier a tenu à faire partager avec un groupe de huit adolescents, tous issus de quartiers défavorisés de la ville de Molles. Hébergés par des familles canadiennes, ils auront droit entre autres à des cours d'anglais et de ski. À Vancouver, Azzimani, âgé de 32 ans, ne remportera, sûrement, pas de médaille, mais l'histoire de ces JO retiendra que ce skieur, qui vient de loin, de très loin, a été le premier sportif à être invité sur les plateaux de Radio Canada grâce, surtout, à son projet de société.