Ah, mes amis, quelle semaine ! je ne peux pas vous décrire le sentiment de vide que j'ai ressenti durant ces longues et interminables journées passées sans vous raconter mes délires. Je vous précise que, mine de rien, ces petits riens que je vous débitais chaque jour me prenaient quand même, sans exagérer - croix de bois, croix de fer, si je mens, je vais en enfer - trois à quatre heures, et parfois même plus, quand le sujet était brûlant comme d'ailleurs ça a été le cas dernièrement... ailleurs. Bien sûr, par jour! Vous croyez que je m'amusais ou quoi ? Mes trucs rigolos, ça demandait un vrai boulot. Justement, depuis que je ne le fais plus, ce boulot, je m'ennuie un peu, et je le sais, vous aussi. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de messages de sympathie et de regret que j'ai reçus depuis que je vous ai lâché... les baskets. Je savais bien qu'on m'aimait bien, mais pas à ce point. J'en ai même reçu de certaines personnes dont certains, que j'aurais bien voulu qu'ils soient mes amis, mais qui ne le seront jamais, parce que, d'abord, ils sont trop hauts placés par rapport à moi et surtout, parce que je leur rabaissais souvent le caquet par billet ou par Professeur Ditou interposés. Au fond, je crois qu'ils avaient fini par y prendre goût, les coquins. Vous savez, les petits jeux sado-maso, ce n'est pas du pipeau. Maintenant, ce qui est fait est fait, et on ne va pas revenir en arrière. D'ailleurs, tout à fait entre nous, je ne regrette pas d'avoir ralenti le pas. Comme je vous l'avais dit dans ma dernière chronique désormais historique, moi qui aime bien mordre les gens, j'avais commencé à ne plus avoir grand chose à me mettre sous la dent. Comme ils ne faisaient rien, je n'avais rien à raconter sur leur compte. Je leur tapais dessus tout le temps, certes, mais ça ne servait à rien, puisque le lendemain ils recommençaient à refaire la même chose, c'est-à-dire soit rien du tout, soit des bêtises. Je ne vous cache pas que ce petit jeu-là m'avait longtemps amusé, mais, à la longue, ça avait fini par ne plus me faire marrer. Je vais vous faire un aveu : je me suis toujours considéré comme un pro de la provoc, mais, hélas, en face, je n'avais affaire qu'à des pros du mutisme. Ils sont dans la politique, l'économie, la finance et tout ça, ils se font beaucoup de blé, pas toujours de manière très licite, ils s'éclatent entre eux, pas toujours de manière très «halal», bref, ils mènent la belle vie, mais, à part ça, ils ne sont pas là ! Je passais mon temps à leur tirer les oreilles, parfois même en tirant la langue, mais, tu parles! Ils ne bougeaient pas le petit doigt. Et vous croyez que moi, parti, ils ont arrêté ? Pas du tout ! Ils ont continué à ne rien faire du tout sauf, bien entendu, à faire des bêtises ou à nous raconter des bobards. Je vous donne quelques exemples en vrac : il paraît que selon une enquête «sérieuse», 67% des jeunes Marocains estiment que «l'avenir du Maroc est prometteur». Vraiment, ça promet ! Je continue : les avocats, voyant que les greffiers ne voulaient plus travailler, ont décidé de boycotter les tribunaux. Je vous laisse juges du résultat escompté. Autre exemple : l'élargissement de l'autoroute de Rabat-Casa qui devait finir, si mes souvenirs sont bons, à fin 2010, ne le sera plus, du moins, si le nouvel adjudicataire du marché est bon, qu'à fin 2012. En attendant, si vous ne voulez pas mourir d'un infarctus ou d'un accident, prenez un chauffeur ou... prenez le train. Je n'ai pas fini: la province de Taza sera dotée d'un méga parc éolien, dont le coût global de réalisation s'élèverait à 2,5 milliards de DH. Et comme par hasard, des vents très forts ont été enregistrés cette semaine dans plusieurs régions du royaume. Vous avez dit pays béni ? Puisque nous sommes dans le vent, j'ai passé toute la semaine à Tanger, ville de courants d'air par excellence, à regarder des films du matin au soir. J'en suis à mon je ne sais pas combien long ou court métrage -quand on n'aime pas, on ne compte pas- et tout ce que je peux vous dire, c'est que le cinéma, comme la politique et tout le reste d'ailleurs, c'est une affaire de pros. Et pourtant, pros ou pas pros, avec ou sans moi, le Maroc continue... tant bien que mal. Tant mieux. Voilà, je n'ai plus qu'à vous dire bon week-end et... vivement vendredi prochain.