L'hépatite est reconsidérée, placée sur le même piédestal que les autres maladies Trois millions de Marocains atteints Qu'elle soit de type B ou C, l'hépatite est une maladie chronique dévastatrice. 500.000 personnes en sont atteintes dans le monde, chiffre dix fois plus important que celui des personnes touchées par le VIH/Sida. Son niveau de dangerosité est aggravé par son caractère sournois. «J'ai découvert que j'étais atteinte de l'hépatite C lors d'un don de sang. Sinon, je ne l'aurais jamais appris», révèle une femme. Pourtant, l'hépatite chronique reste au second plan par rapport à d'autres maladies. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS), dont le Conseil d'administration s'est réuni la semaine dernière, s'est décidée à réparer ce que certains professionnels de la santé qualifient d'«injustice médicale». L'objectif est d'élever l'hépatite virale au rang de «menace sanitaire», et de faire adopter une résolution permettant d'établir un cadre solide pour la prévention, le traitement et la guérison de ces centaines de millions de malades. La demande lancée par les 34 membres de ce Conseil aura sa réponse en mai prochain, date de tenue de la 63e assemblée générale de l'OMS. Maladie curable, mais traitement coûteux SOS Hépatite Maroc, représenté par son président le Pr Driss Jamil, se félicite de cette décision, qu'il décrit comme «prometteuse dans la mesure où elle permettra de hisser ces infections au rang de certaines maladies comme le VIH/sida et la tuberculose». La prise de conscience est d'autant plus importante que cette maladie reste curable. Le Pr Adil Ibrahimi, qui préside la Société marocaine des maladies de l'appareil digestif, rappelle à ce titre que «60% des malades atteints d'hépatite C et qui suivent le traitement guérissent totalement. Pour l'hépatite B, la vaccination du nourrisson permet de garantir son immunité à vie contre la maladie». Reste néanmoins une question en suspens, celle du traitement de cette maladie, dont le coût reste exorbitant, en particulier pour les personnes nécessiteuses qui ne bénéficient pas de couverture médicale. «Il faut faciliter au maximum l'accès aux soins et aux traitements», insiste Jamil. Cet aspect est d'autant plus crucial lorsque l'on sait que 3 millions de Marocains sont atteints par une des formes de la maladie, soit 3% de la population.