L'industrie pharmaceutique a tous les atouts pour s'imposer comme une industrie à forte valeur ajoutée, que ce soit sur la commercialisation au niveau du marché local ou encore comme secteur exportateur à part entière. C'est ce qui ressort de la dernière étude sectorielle, publiée récemment par l'Observatoire de l'entrepreneuriat (ODE). En effet, selon cette étude, l'industrie pharmaceutique marocaine se caractérise tout d'abord par la présence de majors mondiaux (Sanofi Aventis, Roche Group,...), par sa conformité aux normes internationales de qualité, ainsi que son classement par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans la zone Europe. Des atouts qui lui permettent d'ores et déjà d'exporter 10% de sa production, notamment vers l'Afrique, continent qui présente un fort potentiel de développement, qui compte 73% de la population du monde avec l'Asie et 13% de la consommation mondiale. Cette situation aboutira, selon les estimations du cabinet Ernest and Young, à une progression de la demande dans les marchés émergents de l'ordre de 17% en 2011, jusqu'à 21% en 2013. Selon l'ODE, cette demande sera portée principalement par les médicaments génériques qui se caractérisent par la faiblesse de leur coût et leur accessibilité à un grand nombre de patients. En effet, l'évolution annuelle de leur marché est estimée à 9% pour atteindre 150 milliards de dollars en 2015. Sothema, consciente de cet enjeu a déjà mis un pied au Sénégal, où elle a créé une filiale baptisée West Afric Pharma qui assurera la couverture des pays de la région d'Afrique de l'Ouest et sera partenaire d'un industriel qui détiendra 49% du capital. Outre ces pays, les analystes de l'ODE avancent également la possibilité de mettre à profit l'accord d'Agadir afin de couvrir les marchés égyptien, jordanien et tunisien. En plus de ces atouts, le secteur qui compte 35 unités pharmaceutiques multinationales et nationales, pourrait s'appuyer sur l'essor qu'il connaît au Maroc pour assurer son expansion à l'international. En effet, les sociétés marocaines couvrent près de 65% des besoins du marché local en médicaments et génèrent de ce fait, un chiffre d'affaires de près de 8,5 milliards de DH. Des revenus qui devront progresser davantage avec l'entrée en vigueur des mesures prises par le ministère de tutelle, visant à promouvoir les ventes de médicaments génériques. En tête de ces mesures figure le droit de substitution pour lequel un texte de loi sera présenté en avril 2011 au parlement, suivi très rapidement, par un décret d'application, ainsi qu'une refonte complète du système des marges des pharmaciens à travers l'application de marges progressives et la mise en place d'un barème plus intéressant pour les génériques en faveur des pharmaciens. «L'application de ces mesures, précise-t-on à l'ODE, aura des effets positifs sur la politique de l'Etat visant la généralisation de l'accès aux soins ainsi que sur les bénéfices des laboratoires fabriquant du générique, sans oublier l'économie sur les charges supportées par les gestionnaires de l'assurance maladie au titre des remboursements des médicaments». Toutefois, les laboratoires, filiale de multinationales seraient les grands perdants. «La réforme représente pour eux une perte du chiffre d'affaires estimé à près de 3,2 milliards de DH», ajoutent les analystes de l'ODE. Ceci-dit, l'augmentation des revenus des nationaux vient se greffer aux multitudes de possibilités de financement, notamment les introductions en Bourse, dotant nos industriels pharmaceutiques d'outils nécessaires pour les positionner à la tête du podium dans la course vers l'expansion à l'international et particulièrement en Afrique. S.B