C'est la FEPEX, la fédération espagnole regroupant plusieurs associations de producteurs agricoles, et l'association française AOPN, qui lancent les hostilités. « 70.479 tonnes de tomates auraient été importées en provenance du Maroc, rien que pour le mois de décembre dernier». Ce chiffre, annoncé lundi, par ces organisations agricoles serait en nette augmentation, soit « le double du quota autorisé à pénétrer dans le marché européen, qui est de 34.469 tonnes », dénonce vivement la même source. Des chiffres toutefois à prendre avec beaucoup de précautions. Cela pour plusieurs raisons. D'abord, aucune précision n'est donnée par rapport aux variétés de tomates concernées. Il faut savoir, en effet, se référant aux dernières statistiques de l'Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (EACCE), que le plus gros des exportations du royaume a concerné les « tomates cerises » et les « tomates sous abri », avec respectivement 14.677 et 78.304 tonnes. Un détail important : ces chiffres représentent pourtant le cumul relevé des exportations opérées de janvier au 12 décembre 2010, contre les fameuses « 70.479 tonnes » annoncées par la FEPEX et l'AOPN, rien que pour le mois de décembre 2010. L'effet d'hyperbole est là bien évident. D'autant plus qu'au niveau des mêmes statistiques de l'EACCE, l'on note des exportations totales, toutes variétés comprises, qui n'ont atteint qu'un peu plus de 103.000 tonnes, sur la même période étudiée. Toutes ces contradictions donnent un air de guerre de chiffres, dans laquelle les opérateurs agricoles espagnols et français, en l'occurrence, savent bien tirer parti. Gain de cause La récente résolution adoptée par le Parlement européen, relative aux accords commerciaux négociés par la Commission européenne avec des pays tiers comme le Maroc, conforte cette idée. L'on annonçait en effet, sur ce même support (Les Echos quotidien du 11 au 13 mars 2011), que les eurodéputés dénonçaient l'absence de «garantie concernant le respect à la fois des contingents préférentiels et des prix d'entrée appliqués aux exportations marocaines». «Le régime complexe de prix d'entrée appliqué aux importations de tomates en provenance du Maroc donne lieu à des irrégularités», indique-t-on dans la résolution. Ce texte, en résumé, demande à la Commission européenne de revoir ses positions de négociateur sur plusieurs aspects, dans le cadre précis de l'accord de commerce sur les produits agricoles avec le Maroc. «Le régime complexe de prix d'entrée appliqué aux importations de tomates en provenance du Maroc donne lieu à des irrégularités», martèlent les parlementaires européens. Ces derniers ne s'arrêtent pas là, et appellent aussi à un renforcement des contrôles de conformité aux normes phytosanitaires en vigueur dans l'espace économique du Vieux Continent. Quoi qu'il en soit, cette résolution obligera sûrement la CE à durcir ses positions vis-à-vis du royaume. S.F