Echanges sino-marocains. Le dernier forum sino marocain replace les priorités des investissements. L'automobile et les énergies renouvelables en sont les principales. L'AMDI choisit la Chine pour sa première sortie à l'international cette année : le détail important Ce qui passait pour être une simple partie de pêche aux yuans – à laquelle nous ont habitué Sijilmassi et ses équipes – semble être les prémisses à une reconfiguration du cœur du business sino-marocain. Ahmed Réda Chami, le ministre de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies a encadré et conduit toute une délégation – non des moindres et très sélective, vue sa composition - au pays de Hu JinTao, en milieu de semaine dernière. C'était aussi pour présider à un forum sur l'investissement sino-marocain, organisé par l'Agence marocaine de développement des investissements (AMDI). Et des investissements, Chami a dû en ramener beaucoup dans ses valises, du moins sous forme de promesses. Deux secteurs sont particulièrement concernés et sont désormais appelés à être les moteurs du renforcement des liens économiques des deux pays en ce début de décennie. Il s'agit de l'industrie automobile et l'énergie. Une multitude de chiffres est ainsi tombée sur la tête des Chinois, mardi et mercredi, traduisant les ambitions du Maroc sur ces deux créneaux aux importances stratégiquement élevées. Car, pour Chami, il s'agissait de bien argumenter, connaissant la position de l'Empire du milieu sur ces deux volets et la pluie d'investissements qui pourraient en ressortir. La première journée de cette rencontre a d'ailleurs été exclusivement dédiée à l'automobile. Un signe qui ne trompe pas, et qui conforte la tendance, qui veut que ce sera sur ce terrain – avec l'énergie - que les deux pays axeront l'évolution future de leurs coopérations et échanges économiques. Face aux responsables marocains, se trouvaient ceux de constructeurs automobiles tous gabarits commerciaux confondus. Il s'agissait en effet de Great Wall Motors, Geely, Zongshen, Sinotruk, Fawaic, etc...Et l'objectif était de les attirer, comme cela a déjà été réussi avec le constructeur français Renault à Tanger. Auto et énergie, l'un ne va pas sans l'autre Pour rouler, il faut de l'énergie. En effet, l'autre secteur à forte valeur ajoutée qui fera également l'avenir des interactions commerciales entre les deux économies, est bien celui de l'énergie... plus précisément avec le qualificatif «renouvelable». La Chine est déjà bien partie pour une croissance de plus en plus verte, avec une industrie locale spécialisée dans le domaine, qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays. Le Maroc en fait d'ailleurs partie, en accueillant dernièrement les offres de plusieurs sociétés soumissionnant aux appels d'offres de la Masen (Agence marocaine de l'énergie solaire). Au second jour du forum, ce secteur en a été la star. Les responsables de l'Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et l'efficacité énergétique (ADEREE) avaient en face d'eux ceux de plusieurs entreprises chinoises, qui ont pour noms China National Electric Engineering, Goldwind, Suntech, Sinovel, CHEC, etc. L'idée est donc bien là, la décennie prochaine des investissements chinois sera fortement marquée par l'automobile et les énergies green. Quid du textile ? Au-delà de ces deux grands secteurs, les échanges entre les responsables des deux pays ont également porté sur d'autres domaines, non moins importants que sont les télécoms, l'agro-alimentaire, les composants électroniques et le textile. Sur ce dernier segment, il faut tout de même avouer que la démarche marocaine apparaît moins facile à appréhender. On sait en effet que le géant asiatique est un de nos plus grands concurrents – et parmi les causes de la perte de vitesse du textile local ces dernières années - comme destination d'outsourcing. Deux possibilités : le royaume veut soit s'inspirer du modèle chinois pour parvenir notamment à se départir du statut de sous-traitant, soit chercher à diversifier ses horizons en termes de portefeuille de donneurs d'ordre, fortement orienté vers les pays de l'Union européenne. Quoi qu'il en soit, ce forum sino-marocain fera date, sous deux aspects précis. Il s'agit de la première grande sortie de l'AMDI pour 2011, et intervient au moment où les pays européens, premiers partenaires du Maroc, pataugent encore dans une reprise aux relents de crise interne. L'Empire veut investir plus au Royaume Les échanges commerciaux sino-marocains sont en très bonne forme..., même s'il est vrai qu'ils évoluent au détriment du royaume, qui est largement déficitaire sur la balance commerciale, ne dérogeant pas à la déferlante chinoise qui s'est déjà abattue sur d'autres pays du continent. Ces échanges ont évolué de 35,7% sur les importations du Maroc en provenance de la Chine, et de 27,86% pour les exportations à destination de l'Empire du Milieu. Ces taux sont appelés à varier positivement pour les années en venir, si l'on se base sur les déclarations du directeur des investissements dans la région Afrique du Nord du Fonds de développement sino-africain, Ningchuan Liu. Ce dernier a en effet affirmé, en marge des dernières rencontres économiques sino-marocaines, que le royaume apparaît comme une «destination de choix pour les investissements chinois». Il a par ailleurs porté une appréciation très positive au climat marocain des affaires. Pour joindre les actes aux paroles, une visite du ministre chinois du Commerce, Chen Deming, est déjà en préparation. Prévue le mois prochain, le responsable chinois devrait rencontrer son homologue marocain pour travailler sur les moyens de développement de nouveaux partenariats commerciaux entre les deux pays. Pour rappel, créé par le gouvernement chinois, le Fonds de développement sino-africain est dédié aux entreprises locales désireuses de s'installer en Afrique. Il soutient et encourage, sur le plan financier, les entreprises chinoises performantes à développer des projets de coopération dans des secteurs aussi divers que l'énergie, les routes, l'hydraulique, la télécommunication et l'agriculture.