La production industrielle a clôturé l'année 2009 sur de bons résultats. Ce qui laisse augurer de performances positives pour le 1er trimestre 2010. C'est du moins ce qui ressort de l'enquête de conjoncture réalisée par Bank Al-Maghrib auprès d'un échantillon de 400 chefs d'entreprises. Ainsi, plus de la moitié des industriels interrogés (55% exactement) attestent d'une évolution positive de la production au cours du mois de décembre 2009, sur l'ensemble des branches d'activité, à l'exception des industries électriques et électroniques, qui ont accusé un repli, selon 76% des sondés. Cette performance devrait s'améliorer durant ce 1er trimestre 2010, avec un solde d'opinion positif de 38% en faveur d'une reprise. Cette confiance en l'avenir est motivée principalement par deux éléments : une amélioration du volume de ventes globales, associée à une hausse des prix des produits finis. Amélioration des ventes Concernant les ventes, c'est principalement le volume réalisé sur le marché local qui a tiré les résultats vers le haut. Ce volume devrait, toujours d'après les industriels sondés, poursuivre sur un trend haussier au cours de ce 1er trimestre, ce qui aurait pour effet de contrebalancer la stagnation des ventes sur les marchés étrangers. Cette évolution qu'ont connue les ventes se retrouve également au niveau des prix des produits finis, un solde positif de 12% parmi les chefs d'entreprise sondés attestant de cette hausse, dont le maintien est prévu pour le 1er trimestre 2010. Une évolution qui s'avère cependant inégale, en fonction des secteurs d'activité. Si cette hausse des prix a été constatée dans les industries chimiques, parachimiques, électriques et électroniques, les industries mécaniques et métallurgiques ont accusé une baisse des prix, contre une stagnation dans l'agroalimentaire, le textile et le cuir. Ce rythme devrait être maintenu d'après les professionnels, qui s'autorisent un optimisme prudent. La sortie de crise s'amorce lentement, mais certains signaux, tels que la baisse du niveau des commandes, en appellent à la vigilance du Comité de veille sectorielle, dont l'appui est nécessaire pour maintenir le cap de la reprise. Parmi les industriels ayant répondu au sondage, un solde négatif de 16% met en exergue les appréhensions des patrons quant au carnet des commandes, dont le niveau est jugé en deçà des attentes. La fin de l'année 2009 s'est tout de même soldé par une baisse de ces commandes dans l'ensemble des branches, à l'exception des industries agroalimentaires qui ont stagné et des industries mécaniques et métallurgiques, avec un solde positif de 17%. Pour finir, le taux d'utilisation des capacités de production a augmenté de 3 points pour atteindre 72%. Par branche, il s'est situé à 66% dans les industries électriques et électroniques, 77% dans les industries chimiques et parachimiques, 74% dans les industries agro-alimentaires, 68% dans les industries du textile et du cuir et enfin 61% dans les industries mécaniques et métallurgiques. Un climat propice, mais... La stimulation de l'économie marche mieux par une approche basée sur les investissements. Cependant, il est vital de stimuler la confiance auprès des patrons marocains par des mesures de motivation au profit des entreprises. Pour Fathallah Sijilmassi, directeur général de l'Agence marocaine des investissements, «la migration géographique du capitalisme est en train de s'opérer, elle modifie le rôle des pays dans l'échiquier des affaires et nous prédispose à augmenter notre part dans les IDE dévolus pour la région méditerranéenne», commente-t-il. L'Etat a dans ce sens prévu une carotte fiscale significative pour les secteurs les plus touchés dans la loi de finances 2010. De plus, il a maintenu ses investissements pour un montant de 100 milliards de DH pour l'année en cours. La notion de vitesse doit cependant être intégrée aux paramètres de compétitivité. «Nous avons aujourd'hui un environnement propice pour provoquer un flux Nord-Sud pouvant redynamiser la demande interne au Maroc», poursuit Fathallah Sijilmassi. L'industrie européenne risque d'être tout simplement liquidée si elle reste confinée dans la zone euro à la veille d'une reconfiguration du système géopolitique universel. Une équation qui est de plus en plus soulevée en Europe. «La géo-économie a modifié le rôle des pays sur les plans qualitatifs et quantitatifs, une situation propice pour nous permettre de drainer des flux financiers et asseoir notre positionnement dans le pourtour méditerranéen», pense Fathallah Sijilmassi. 2010 représente vraisemblablement la fin de la surchauffe pour l'économie marocaine. Une phase de transition cruciale qui sera déterminante. Tout dépendra du climat des affaires et du moral des patrons et des investisseurs.