Face aux défis de souveraineté industrielle et de sécurité alimentaire, le Maroc accélère sa stratégie de relocalisation productive. Avec 1.905 projets identifiés dans le cadre de la Banque de projets, dont près de 500 dans l'agroalimentaire, le pays entend structurer une industrie capable de répondre aux besoins internes tout en renforçant sa présence à l'export. Un cap ambitieux porté par une logique d'investissement, d'emploi et de développement régional. Dans un contexte mondial marqué par les tensions sur les chaînes d'approvisionnement et les impératifs de souveraineté économique, le Maroc mise résolument sur sa Banque de projets pour transformer son tissu industriel. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, a révélé l'ampleur de ce dispositif, lancé en 2020 pour stimuler la substitution aux importations. À ce jour, 1.905 projets industriels ont été identifiés, dont près du quart (493) dans le secteur stratégique de l'industrie alimentaire. Une dynamique d'investissement au service de l'autonomie productive Avec un volume d'investissement total estimé à 126 milliards de dirhams (MMDH), la Banque de projets ambitionne à la fois de réduire la dépendance extérieure du pays et de renforcer son positionnement à l'export, explique le ministre. Les projets orientés vers la substitution aux importations concentrent à eux seuls 95 MMDH. Quand à ceux à vocation exportatrice, ils en mobilisent 96 milliards. L'impact sur l'emploi est tout aussi significatif avec plus de 177.000 postes directs qui devraient être créés à terme. L'industrie alimentaire, en particulier, illustre la pertinence de cette stratégie. Représentant une enveloppe dédiée de 19 MMDH, ce sous-secteur est porteur de plus de 750.000 emplois directs, selon les projections annoncées. Ce chiffre, impressionnant à l'échelle nationale, souligne à la fois le potentiel de transformation agricole et la capacité de cette industrie à irriguer les territoires. Un vecteur de sécurité alimentaire Au-delà de ses retombées économiques, l'industrie agroalimentaire est aussi porteuse d'un enjeu territorial. Comme l'a rappelé le ministre, cette activité peut être implantée dans l'ensemble des régions du Royaume, y compris les zones les moins industrialisées. Elle constitue ainsi un levier puissant de justice spatiale et de cohésion sociale, en valorisant les ressources locales à travers une transformation de proximité. Cette orientation participe également d'une stratégie plus large de renforcement de la sécurité alimentaire. Le Maroc, confronté à des aléas climatiques de plus en plus fréquents, entend sécuriser ses approvisionnements et réduire sa dépendance aux marchés extérieurs en matière de produits de première nécessité. En favorisant les circuits courts et la transformation locale, l'industrie alimentaire devient un pilier de résilience. Un poids croissant dans l'économie nationale Le dynamisme du secteur est déjà perceptible. Sur les 13.000 entreprises industrielles recensées au niveau national, près de 200 opèrent dans les industries alimentaires. Celles-ci génèrent un chiffre d'affaires annuel de 185 MMDH, soit près du quart des revenus industriels du pays, estimés à 800 milliards. Les exportations, quant à elles, atteignent 43 MMDH, attestant du potentiel de compétitivité à l'international. Si les chiffres traduisent une trajectoire ascendante, ils soulignent aussi les marges de progression qui subsistent. L'ambition portée par la Banque de projets consiste à accélérer cette dynamique, et ce, en fournissant aux opérateurs une ingénierie d'investissement, un accompagnement technique et des débouchés structurés. C'est à cette condition que l'industrie agroalimentaire pourra pleinement jouer son rôle dans l'industrialisation du pays. Vers une nouvelle architecture industrielle La Banque de projets s'inscrit ainsi dans une vision globale de transformation industrielle, à la croisée des impératifs de souveraineté, de création d'emplois et d'aménagement du territoire. L'enjeu n'est pas uniquement économique : il est aussi stratégique. Dans un monde plus fragmenté, où chaque pays recompose ses priorités industrielles, le Maroc entend capitaliser sur ses atouts agricoles, humains et logistiques pour bâtir une économie plus autonome, plus inclusive et mieux préparée aux chocs. Par ce dispositif, le ministère de l'Industrie et du Commerce confirme sa volonté de faire émerger un nouveau modèle productif, ancré dans les territoires, capable de répondre à la demande intérieure tout en s'ouvrant à l'international. L'industrie alimentaire, de par sa transversalité et sa capacité d'entraînement, en sera sans doute l'un des moteurs les plus puissants.