Dans la région de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l'opération de recensement des troupeaux d'ovins et de caprins bat son plein. Sous le thème fédérateur «Notre bétail est la fortune de notre pays», cette initiative nationale mobilise agriculteurs et éleveurs, déterminés à contribuer à la préservation et au développement du cheptel national dans un contexte marqué par les défis climatiques. Lancé par le ministère de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural, des Eaux et Forêts, en partenariat avec l'Association nationale des éleveurs ovins et caprins (ANOC), le recensement du bétail s'inscrit dans le cadre du recensement général du cheptel pour l'année 2024. Elle a pour ambition de dresser un portrait précis des troupeaux du pays : composition, races, répartition géographique, et tranches d'âge. Ces données fourniront un socle essentiel pour définir des politiques adaptées à la protection et au développement de la filière des viandes rouges. Une mobilisation logistique impressionnante Dans cette région stratégique du Nord du Maroc, près de 150 enquêteurs sillonnent les pâturages, les étables et les villages. Muni de formulaires détaillés, chaque enquêteur interroge les éleveurs sur la taille de leurs troupeaux, leur composition et les caractéristiques des animaux. À bord de véhicules arborant le logo de l'ANOC, ces agents s'assurent que chaque exploitation est recensée, comme en témoigne la visite de l'enquêteur Abdessalam Lotfi à la ferme «Al Jabari», située dans la commune d'Al Aouama, dans la préfecture de Tanger-Assilah. «Ce formulaire est un outil crucial. Il contient des questions techniques sur les catégories d'animaux, leur nombre, leur sexe et leur âge», explique Abdessalam Lotfi. Ces informations permettront de constituer une base de données nationale fiable, essentielle pour le suivi et la planification du secteur. L'engagement des éleveurs se révèle également décisif. Mohamed Al Jabari, propriétaire de la ferme visitée, salue cette initiative inédite : «En tant qu'agriculteur et éleveur, je me sens pleinement engagé. Cette opération nous aidera à mieux comprendre notre cheptel et à le préserver face aux défis climatiques et économiques», déclare-t-il. Il appelle par ailleurs ses pairs à participer activement, convaincu que cette mobilisation collective renforcera la résilience de la filière. Technologie et supervision au service de l'efficacité Pour garantir la rigueur du processus, l'opération s'appuie sur des contrôleurs régionaux et provinciaux, en lien étroit avec les autorités locales. Un programme informatique centralisé a été déployé pour suivre en temps réel les données collectées et vérifier leur fiabilité. Mohamed El Koumiri, chef de service de la Protection sociale et des Statistiques à la direction provinciale de l'Agriculture à Tanger-Assilah, souligne que ce travail minutieux repose sur la collaboration étroite entre enquêteurs et éleveurs : «Ces visites de terrain permettent de recenser le cheptel par catégorie, tranche d'âge et sexe. Cela constitue une base solide pour des décisions éclairées et des programmes de développement adaptés.» Une réponse aux enjeux climatiques et alimentaires Au-delà des aspects techniques, ce recensement revêt une importance stratégique. Il s'agit non seulement de répondre aux défis des changements climatiques et de la sécheresse, mais également de renforcer la souveraineté alimentaire du Maroc. Les données actualisées qui en découleront permettront de définir des politiques intégrées pour promouvoir le secteur des petits ruminants, tout en améliorant la résilience des éleveurs et en assurant un développement durable. Dans une région où les pressions climatiques se font chaque année plus intenses, cette initiative marque une étape décisive pour garantir l'avenir d'un secteur clé de l'économie agricole marocaine.