Essaïd Berrannoun, Directeur général adjoint de la Marocaine des thés (Mathé) Les Echos : Quelles sont les projections du secteur pour 2010 ? Essaïd Berrannoun : La production du thé vert est monopolisée par un seul pays qui est la Chine, tandis que le thé noir est produit dans plusieurs pays tels l'Inde, le Kenya, le Sri Lanka, la Turquie ... Partant de ce constat, le Maroc en tant qu'importateur de thé vert, ne dépend que de la Chine. Or, dans ce pays, il y a plusieurs critères qui entrent en jeu. Il y a notamment le coût de la main-d'œuvre qui ne cesse d'augmenter, la réévaluation du yuan chinois réclamée par les Américains, et aussi, fait nouveau, l'Etat chinois qui impose aux usines de se mettre à niveau en engageant des investissements colossaux afin de pouvoir exporter. Tout ceci aura un impact certain sur le prix en 2010. D'ailleurs, les exportateurs chinois ont déjà appliqué des augmentations allant jusqu'à 15%. Ce qui suppose des répercussions sur les prix de vos produits... ? Concernant la Marocaine des thés (Mathé), avec nos thés sélectionnés Sultan, nous avons opté pour les grandes qualités, car le consommateur marocain mérite cela et il nous le rend bien. Cependant, vu la petitesse de nos marges sur nos produits, nous serons dans l'obligation de répercuter ces hausses, si hausse il y a. Vous avez participé à la dernière caravane de l'export. Un choix stratégique ? Comme vous l'avez si bien dit, le Maroc est le premier importateur au monde de thé vert. Cela représente 21% du volume du thé vert exporté dans le monde, 43% du volume exporté vers l'Afrique et 64% du volume exporté vers le Maghreb. Fort de cette position, le royaume est une plaque tournante du business du thé vert. Nous devrions donc définir les règles de ce marché. Le Maroc a acquis un savoir-faire mondialement reconnu. Nous devrions surfer sur cette vague et reproduire avec le thé vert ce que les Italiens ont réussi à instaurer avec le café, malgré qu'ils soient eux aussi importateurs. Pour ce faire, nous avons besoin de la conjugaison des efforts de tous, à commencer par les médias, ainsi que de la reconnaissance par les pouvoirs publics et leur soutien pour cette noble cause.