Je m'attaque en majorité aux femmes, ma provenance demeure inconnue, et une fois présente, je ne repars plus. Qui suis-je ? La polyarthrite rhumatoïde. Cette maladie, qui se caractérise par des douleurs articulaires extrêmement handicapantes, a fait l'objet d'une formation proposée aux journalistes par l'Association marocaine de la presse médicale, qui s'est déroulée mardi dernier à Casablanca. Animée par Nejmedine Bouabid, spécialiste de la communication médicale, la rencontre a été l'occasion d'évoquer les aspects biologiques de cette maladie auto-immune, et d'en présenter les nouveaux traitements. Selon les estimations actuelles et les travaux menés dans le service de rhumatologie de l'hôpital El Ayachi de Salé, la PR toucherait entre 175.000 et 350.000 personnes au Maroc. 75% des malades sont des femmes, et la majorité sont âgés entre 35 et 50 ans. L'une des causes de ces chiffres importants est le diagnostic tardif qui est fait de la maladie. «La polyarthrite ne présente pas de signes évidents poussant le patient à aller consulter un médecin», informe Bouabid.Comme si un mal ne suffisait pas, les conséquences sociales engendrées par la PR sont elles aussi gravissimes. On note en effet que 50% des malades arrêtent leur activité professionnelle dans les trois premières années. Ceci engendre à son tour une baisse de revenus établie à hauteur de 60%. Dans la vie quotidienne, habiller son enfant, s'occuper de son foyer et de soi-même devient un véritable calvaire. Diagnostic précoce, traitement plus efficace Pourtant, le pire peut être évité, selon Bouabid, «en prévenant les évolutions de la maladie, avant qu'elle n'aboutisse à des complications irréversibles. Comment ? En établissant un diagnostic précoce, stade durant lequel les soins ne sont pas coûteux. »Mais que faire quand la maladie est déjà là ? « Il existe deux types de traitements, ceux qui apaisent la douleur et ceux qui l'attaquent de front », indique Bouabid. Parmi ces derniers figure une nouvelle molécule, le Tocilizumab, qui devrait arriver dans les bacs médicinaux marocains lors des premiers mois de l'année 2010. Des travaux réalisés par l'American College of Rhumatology (ACR) et présentés lors du congrès annuel de l'organisme en octobre dernier sont encourageants. Ils ont démontré que chez des malades atteints par la PR, et traités par le Tocilizumab et le Méthotrexate (ou MTX, seul traitement existant jusqu'à aujourd'hui), l'atteinte articulaire diminuait de 81% par rapport à ceux traités uniquement par le MTX, jusque-là unique traitement de fond. «Cette molécule s'impose actuellement en tant qu'option prometteuse dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde », lance le professeur Najia Hajjaj-Hassouni, chef du service de rhumatologie à l'hôpital Ayachi. Quand bien même le traitement serait efficace, les coûts demeurent un handicap aussi lourd que la maladie elle-même. En effet, celle-ci n'est pas entièrement couverte par les caisses de sécurité sociale (à hauteur de 70% pour la CNSS et 90% pour la CNOPS). Etonnant, lorsque l'on sait que la PR constitue le 3e taux de morbidité (prévalence) après les affections cardiovasculaires et les cancers.