L'exercice était intéressant, difficile, mais riche en enseignements. À bâtons rompus avec une quarantaine d'ambassadeurs et de diplomates, Idriss Azami Al Idrissi, ministre du Budget, a expliqué les contraintes de la situation économique et financière du Maroc. Cette rencontre, organisée jeudi dernier par la Fondation diplomatique, a surtout permis de sonder les préoccupations et interrogations des pays que ces diplomates représentent. Des questions qui peuvent être dérangeantes. Comme celle d'ailleurs de l'ambassadeur du Caire, qui a critiqué le «protectionnisme du marché marocain», en faisant le lien avec les exportations marocaines de voitures vers l'Egypte, lesquelles ont atteint le chiffre d'1MMDH en 2012. La réponse d'Azami Al Idrissi a été claire et succincte : «pas de protection dans le cadre des accords signés avec les partenaires. Toutefois, les importations doivent répondre aux normes de sécurité et de qualité afin que le marché n'en soit pas inondées». En filigrane, le timing est inapproprié pour pousser le Maroc à ouvrir ses frontières sans tenir compte des risques collatéraux. L'ambassadeur du Soudan a, quant à lui, mis en avant le rétrécissement des avoirs en devises qui ne couvrent plus que 4 mois d'importations. Azami Al Idrissi a rétorqué que la facture énergétique était la première source d'amenuisement de ces avoirs. Elle participe à hauteur de 90% dans l'aggravation des importations et donc sur la balance commerciale. Ceci, au moment où les importations pour l'équipement ont augmenté de 8%. Azami Al Idrissi a expliqué, à ce sujet, que le recours aux marchés financiers atténue l'impact de cette baisse des réserves en devises. Finalement, la situation n'est pas aussi dangereuse qu'on pourrait le croire car les investissements directs étrangers (IDE) se sont améliorés de 4 MM$ en 2012. C'est mieux qu'avant 2009. Mieux encore, durant le premier trimestre 2013, les IDE ont progressé de 30% par rapport à la même période en 2012. Ce sont des investissements qui privilégient de plus en plus les secteurs industriels L'ambassadeur de la Serbie s'est enquis, pour sa part, du sort que les aides étrangères vont connaître au Maroc. Un sujet sensible qui mérite toujours que l'on s'y attarde. Le ministre a réitéré qu'il s'agit de financements programmés sur plusieurs années et portant essentiellement sur les infrastructures et les projets sociaux. Quant à la ligne de précaution ouverte par le FMI, Azami Al Idrissi a indiqué que le gouvernement ne veut pas y avoir recours pour le moment. Toutes ces explications contribuent à apaiser les préoccupations des pays partenaires et font suite à l'annulation de 15MMDH dans le budget d'investissement car et c'est légitime, ces pays ne veulent pas que leurs intérêts au Maroc soient touchés. C'est pourquoi, d'emblée, le ministre a expliqué que les difficultés budgétaires du Maroc sont importées. La rétractation de la demande extérieure, la flambée des prix des hydrocarbures, la fluctuation des taux de change ont fortement participé à la crise. Malgré cela, le Maroc a su maintenir un taux de croissance de plus de 4% et de plus de 6% hors agriculture. S'ajoutent à cela les performances enregistrées dans certains secteurs à forte valeur ajoutée comme l'automobile, qui a connu une croissance de 30% entre 2009 et 2012, l'aéronautique (16%) et l'offshoring (13%). Toutefois, quelles sont aujourd'hui les pistes de réformes qui permettront demain une bonne reprise économique ? À ce sujet, Azami Al Idrissi a promis qu'une attention particulière sera donnée à la réforme fiscale, dont les assises auront lieu les 29 et 30 avril. La fiscalité doit être aussi un outil pour renforcer la compétitivité de l'entreprise. Enfin, la réforme de la compensation devrait être remise sur orbite afin d'en accélérer la cadence.