Le Maroc et les équipementiers automobiles se sont fixé comme objectif de développer l'intégration locale du secteur, qui passera de 60 à 80%. Pour y arriver, les acteurs du secteur vont devoir se lancer dans des métiers très lourds. Le ministère de tutelle dit avoir identifié plusieurs filières sur lesquelles il planche actuellement. «Je retiens, pour le futur, que lorsqu'on signe des accords avec Stellantis, ils sont souvent moins ambitieux que les réalisations», disait Moulay Hafid Elalamy, ministre de l'Industrie, du commerce et de l'économie verte et numérique, lors de la cérémonie de signature de la 3e phase de l'écosystème Stellantis. Cette déclaration est révélatrice de la capacité de l'écosystème automobile marocain à se surpasser. Au vu de son attractivité, le Maroc confirme, jour après jour, son positionnement en tant qu'acteur majeur sur l'échiquier mondial de l'automobile. Premier producteur en Afrique, le royaume passe à la vitesse supérieure, à travers des projets structurants en perspective, notamment la mobilité électrique, la décarbonation, l'intégration en profondeur... Développer l'intégration locale en largeur et en profondeur Le Maroc et les équipementiers automobiles se sont fixé comme objectif de développer, en profondeur et en largeur, l'intégration locale du secteur. Rappelons que ce dernier affiche, actuellement, plus de 60% de taux d'intégration. L'objectif visé est de dépasser les 80%. Pour y arriver, les acteurs de l'écosystème automobile marocain vont devoir se lancer dans des métiers très lourds. Le ministère de tutelle dit avoir identifié plusieurs filières sur lesquelles il travaille, notamment la fabrication de verre, l'aluminium, le plastique... Autant de métiers qui requièrent des investissements lourds et extrêmement consommateurs d'énergie. Booster la compétitivité et la performance Améliorer la compétitivité et la performance de son industrie automobile, c'est l'un des principaux chantiers que se fixe le ministère de l'Industrie. «Nous avons des objectifs précis, pièce par pièce, permettant d'atteindre une des meilleures compétitivités au monde. Et après, ça va débouler tout seul. Déjà aujourd'hui, des équipementiers s'installent au Maroc, en quête de compétitivité. Si les chantiers en cours atteignent les objectifs fixés, le changement du secteur va être radical », soutient le ministre. Décarboner l'industrie Or, qui dit consommation d'énergie, doit intégrer le fait que l'Europe s'apprête à mettre en place une taxe carbone qui va bloquer un certain nombre d'exportations à destination de son marché intérieur. D'où l'intérêt pour le Maroc de décarboner son industrie. Sur ce sujet, le ministère de l'Industrie et les équipementiers se sont fixé comme objectif d'utiliser de l'énergie renouvelable afin que la production de ces véhicules soit totalement décarbonée. «Cette énergie renouvelable, nous avons travaillé pour qu'elle soit disponible. Nous sommes en train de réorienter l'énergie renouvelable que nous consommons vers le secteur industriel et l'automobile en priorité, de façon à ce que ce secteur soit totalement décarboné», explique Elalamy. Le Maroc a fait le choix stratégique de développer les énergies renouvelables et de réduire son empreinte carbone. Ce projet de décarbonation permettra aux industries de gagner en compétitivité. Ce sera un élément structurant dans les années à venir. Positionnement sur le marché de l'électrique avec Stellantis (ex-PSA) Pour le seul cas du groupe Stellantis, «tous les objectifs ont été réalisés et dépassés», souligne Moulay Hafid Elalamy, pendant la cérémonie de signature de la 3e phase de l'écosystème Stellantis. À la Citroën Ami, il a été ajouté un deuxième véhicule électrique, en l'occurrence l'Opel Rocks-e, qui sera conçue sur la plateforme de Kénitra. Pour le sourcing, nous allons passer à 2,5 milliards d'euros de pièces achetées au Maroc dès 2023 (environ 26,3 MMDH), avec l'ambition d'atteindre 3 milliards en 2025. Ce qui est relativement important et lourd comme objectif. Rappelons que l'industrie automobile marocaine réalise un chiffre d'affaires global à l'export de 80 MMDH, soit le double de ce que réalise l'OCP. En définitive, Stellantis s'engage ainsi pour le développement du tissu fournisseur local, avec une croissance du volume d'achats au Maroc de 2,5 milliards d'euros en 2023 et une ambition à 3 milliards d'euros en 2025, ainsi que la création d'environ 3.000 postes d'ingénieurs et techniciens supérieurs en 2022. Ces postes, hautement qualifiés, viennent en complément des 2.500 emplois de production déjà créés à l'usine de Kénitra. Ceci traduit le développement de la largeur et de la profondeur d'intégration locale, avec une compétitivité accrue du sourcing, en partenariat avec le Maroc, qui s'engage à soutenir les efforts d'investissement et à assurer la fourniture d'une énergie décarbonée compétitive. Un objectif de 80% de taux d'intégration pour Renault De son côté, Renault a signé des accords ambitieux qui donnent une nouvelle impulsion à notre partenariat. D'ici 2025, la marque au losange vise 2,5 MM d'euros de chiffre d'affaires en sourcing local et, à terme, 3 MM d'euros et 80% de taux d'intégration. Avant la pandémie, Renault Maroc avait atteint un chiffre d'affaires sourcé de 1,3 MM d'euros, et dépassé les 400.000 véhicules produits globalement entre ses deux usines. Projet de feuille de route nationale de la mobilité électrique et durable : 1ère session d'échange La transition vers la mobilité électrique et durable représente une opportunité historique pour stimuler la croissance économique de notre pays en adéquation avec ses objectifs environnementaux et climatiques. Dans cette perspective, la CGEM a lancé, en juin 2021, avec le soutien de l'Agence néerlandaise pour l'entreprise RVO et la participation des parties prenantes concernées, une étude sur la mobilité électrique et durable au Maroc, qui a été confiée au cabinet néerlandais EV Consult. L'objectif de cette étude est de contribuer à l'élaboration d'une feuille de route nationale concertée, relative à la mobilité électrique et durable. C'est dans ce contexte que vient de se tenir la 1ère session d'échange portant sur les infrastructures de recharge des véhicules électriques. L'objectif de cette feuille de route est de servir de base pour la définition des politiques publiques nécessaires, de permettre aux entreprises marocaines de se préparer aux mutations en cours dans ce secteur, et de faire émerger une offre locale adaptée touchant à la fois les infrastructures, l'industrie et les services. Cette première session s'est tenue, lundi 6 septembre, par visioconférence, et a connu la mobilisation de plus de 150 participants, dénotant l'intérêt porté par les différents acteurs nationaux à la thématique.. Modeste Kouamé / Les Inspirations ECO