L'activité du capital investissement a fait preuve de résilience durant l'exercice 2020, particulièrement marquée par les effets de la crise sanitaire. Les levées de fonds se sont accélérées à 1,35 MMDH, faisant état d'une nette appréciation des fonds marocains. Ils sont en effet passés de 30 MDH à 570 MDH. L'heure est à l'optimisme dans l'activité du capital investissement. Selon les résultats de l'étude menée par l'Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC) et le Cabinet Grant Thornton, les opérateurs du secteur espèrent lever pas moins de 4,25 MMDH de nouveaux fonds au cours de l'exercice 2021 et 1,88 MMDH en 2022. «Une belle année de levées est attendue en 2021. La motivation des opérateurs est bel et bien présente malgré la crise», soutient Omar Benchekroun, manager chez Fidaroc Grant Thornton. De son côté, Tarik Haddi, président de l'AMIC, explique que la communauté du capital investissement reste optimiste en 2021 face aux défis à relever, et anticipe «d'une part, la concrétisation de transactions sur des actifs de qualité, et d'autre part, un retour à la normale pour 2022 au plus tard, notamment grâce aux efforts de relance initiés par l'Etat et catalysés par le Fond Mohammed VI pour l'investissement, pour lequel notre secteur réaffirme sa mobilisation en vue de renforcer les fonds propres des entreprises et participer à une dynamique de développement vertueuse et durable». Il faut dire que l'ambition des investisseurs a été boostée par la bonne tenue de l'activité durant une année 2020 particulièrement marquée par les effets de la crise sanitaire. «Nous avons eu une très belle surprise cette année. Malgré les contraintes liées au confinement et à la réduction du flux d'opérations, plusieurs transactions ont pu être réalisées au cours de l'années 2020», affirme Haddi. En effet, plus de 1,35 MMDH de levées de fonds ont pu être réalisés en 2020 faisant état d'une montée en puissance des investisseurs marocains. Ces derniers ont pu lever 540 MDH cette année contre 30 MDH précédemment. Les investissements des fonds se sont, quant à eux, appréciés de 5% à 804 MDH. Par ailleurs, le ticket moyen des investissements s'est établi à 58 MDH. Ceci étant, les tickets relatifs aux entreprises en phase d'amorçage/risque ont baissé entre les deux dernières générations en raison d'une augmentation du nombre de transactions dans des start-up ou petites structures. «Cette baisse est surtout liée aux initiatives de la Caisse centrale de garantie (CCG) à travers le lancement de nouveaux fonds dédiés à l'amorçage. On note donc de plus en plus d'investissements avec des petits tickets s'adressant aux start-up et petites structures», explique Benchekroun. Pour ce qui est des investissements dédiés aux phases de développement, transmission et retournement, ceux-ci connaissent une hausse continue de leur ticket moyen. Ce dernier a quasiment doublé, passant de 43 MDH entre 2006-2011 à 94 MDH entre 2017-2020, en lien principalement avec la taille des fonds qui évolue et devient de plus en plus importante. «Même si l'intérêt est plus marqué pour le capital développement que pour le capital transmissions, nous observons que, de manière générale, les opérateurs restent ouverts à toutes les opportunités d'investissement», note Benchekroun. À ce stade, la résilience du secteur face à la crise témoigne, selon l'AMIC, de la maturité de l'activité. En 2020, près de 21 MMDH ont été levés pour le capital investissement et l'infrastructure, dont 3,2 MMDH encore disponibles. Aussi, ce sont 9,3 MMDH qui ont été investis dans plus de 220 entreprises, faisant ainsi ressortir un TRI brut moyen de 13%. Ceci étant, les professionnels du secteur espèrent gagner davantage en maturité durant les prochains exercices, «mais pour ce faire, il faut que les organismes publics prennent le relais», explique Haddi. Il appelle d'ailleurs l'Etat à multiplier les initiatives telles que le fonds Innov Invest ou encore le Fonds Mohammed VI, qui ont permis d'améliorer la qualité et le volume des investissements nationaux. «C'est une tendance mondiale, et nous sommes confiants quant au développement de la dynamique du capital investissement à travers ces institutionnels», conclut Haddi. Pour rappel, la Caisse centrale de garantie (CCG) a mis en place des mécanismes de garantie exceptionnels «Damane Oxygène» et «Garantie Auto-entrepreneurs Covid-19», puis a introduit, pour la relance des activités, deux nouveaux mécanismes de garantie : «Relance TPE» et «Damane Relance». Ces dispositifs ont été une aubaine pour l'écosystème entrepreneurial, comme en témoignent les chiffres réalisés au 31 décembre 2020. Moins d'une année après leur lancement, ces mécanismes exceptionnels ont bénéficié à 66.200 entreprises, à travers la garantie de 86.000 crédits pour un montant total d'engagements dépassant les 53 MMDH. Par ailleurs, ces dispositifs ont également profité aux entreprises prises en charge par les fonds de capital investissement.