Jeudi 22 novembre, 8h30, la salle de conférence du Sofitel Palais des Roses est à son comble. Les couloirs ornés de souvenirs de la poste marocaine et du timbre-poste plonge l'ensemble des intervenants et invités dans une ambiance nostalgique où le passé raconte une histoire... «Le timbre-poste, mémoire de l'histoire, restera le témoin de l'évolution du pays», explique Amin Benjelloun Touimi , Directeur Général de Barid Al Maghrib.» «Il immortalise les faits marquants à travers les différentes thématiques qu'il illustre, portant sur la culture, l'économie, le sport, le développement durable, l'environnement, l'enseignement, les Droits de l'Homme, etc. Cette diversité enchante ses passionnés, au Maroc comme ailleurs, connus sous le nom de «philatélistes»». Pour illustrer les dires, une vidéo sur l'histoire de la poste et du timbre révèle que le premier timbre a vu le jour en 1912 sous le règne du Sultan Moulay Abdelhafid et représentait la «Zaouiya Issaouiya» de Tanger en portant l'unité monétaire de l'époque : la «Mozonnat». Ce fut une série de six timbres-poste portant des couleurs et des valeurs faciales différentes. Le Maroc était alors divisé en deux : le Nord sous le protectorat espagnol régi par la poste marocaine ayant pour unité monétaire la peseta et le Sud du Maroc sous le protectorat français régie par la «Poste Télégraphe Téléphone» et les timbres-poste, ayant pour unité monétaire le franc, illustraient le patrimoine et l'architecture du Maroc. Il faudra attendre 1956, année de l'indépendance du Maroc, pour que la poste marocaine commence à émettre des timbres à l'effigie du défunt le Roi Mohammed V. Les timbres-poste marocains portaient les deux langues (arabe et française) et leurs valeurs faciales étaient libellées en dirham. Considéré comme un attribut de la souveraineté du pays, le timbre-poste joue le rôle d'ambassadeur dans le monde entier et reste le témoin de la politique étrangère menée par le pays tel le rôle du drapeau ou de la monnaie. Les différents intervenants insisteront sur le rôle de l'histoire qui constitue, de ce fait, le thème privilégié des administrations postales. Il est souvent utile, tant pour les collectionneurs nationaux qu'étrangers de retracer la longue histoire d'un Etat et les événements glorieux qui ont marqué son développement. Ce type d'illustrations est extrêmement prisé par les philatélistes. «Je collectionne les timbres depuis 1961» témoigne Khadir Ghailan, collectionneur, artiste –peintre, originaire d'Assilah. Il est d'ailleurs à l'origine de la conception graphique des nouveaux timbres émis et parle de l'histoire du timbre avec passion. «J'ai organisé plusieurs expositions sur les cachets maghzens comme celle au centre culturel français à l'occasion du centenaire de la Poste Maghzen. Je suis également l'auteur de articles sur le thème de la poste maghzen au niveau du journal «Acchark Al Aousat», du magazine «Al Irchad» et du journal «Al Ousboue Assahafi» ». L'artiste –peintre, passionné de timbres est depuis 2010, membre de la Société des Postes Locales du Maroc située à Paris. «Le timbre est également le témoin de l'évolution du pays» révèlera Khadir Ghailan qui confirme les différentes interventions lors de cette conférence. En effet, si l'on remonte l'histoire, souvent le timbre est le reflet de plusieurs événements qui ont marqué l'histoire du Maroc sur le plan politique, économique et social et ces évènements ont été reproduits sur les timbres-poste : «Anniversaire de la Marche Verte», «Anniversaire de l'Indépendance», «Congrès internationaux», «Inauguration de Barrages», «Analphabétisation» et «Campagne de Solidarité». Il est aussi l'accompagnateur des grands projets du Maroc puisqu'une série de timbres-poste a été lancée sur le thème «le Maroc en mouvement» mettant ainsi en lumière les projets phares tels que : «le tramway», «Le Port Tanger Med» et «les lignes ferroviaires». C'est ainsi que pour le centenaire du timbre-poste, ce dernier a rappelé le rôle joué et a raconté avec nostalgie son passé tout en mettant un point d'honneur sur son évolution et sa volonté d'innovation. Faisant du «Maroc, le pionnier arabe et africain dans la technologie des timbres-poste audio» insiste le Directeur de Barid Al Maghrib qui lance, pour la première fois, une série de deux timbres-poste audio illustrant respectivement les sons de l'hymne national et de la «Tbourida». Les deux timbres-poste ont associé deux technologies de pointe via deux codes cachés : le premier nommé «Chaméléo Code» permet, en visant le timbre-poste avec un smartphone de déclencher un son; le second code nécessite l'utilisation d'un scanner audio pour produire le son correspondant à chaque timbre-poste. Cette avancée technologique vient confirmer les différentes innovations apportées jusque-là comme l'imagerie lenticulaire, le gaufrage et dorure, les timbres parfumés ou encore l'impression sur papier recyclé. Autant d'efforts et d'innovations qui ont été couronnés le 24 septembre dernier par une médaille d'argent pour le Maroc lors du 25e congrès postal universel tenu à Doha. C'est ainsi que, pour fêter en beauté le centenaire du timbre poste et le 120e anniversaire de la poste Maghzen, Barid Al Maghrib émet une série de quatorze timbres poste dont deux seront présentés en bloc et les douze autres sur planche. Une commémoration dont le coup d'envoi a été donné le 22 mai dernier et dont les festivités continuent tout au long de l'année. Philatélistes, les prochains rendez-vous et expositions philatéliques sont à Marrakech le 29 novembre prochain et à Oujda le 21 décembre... Jihane BOUGRINE