Maroc-Algérie, voilà un sujet qui n'arrête pas de faire couler de l'encre et de faire jaser sur la toile et dans les médias, surtout depuis que le discours royal du 6 novembre a jeté un pavé dans la mare. Le ton et les propos auraient été mal pris de l'autre côté des frontières. Rapidement, cela a pris une dimension telle que le président algérien s'est empressé de monter au filet pour tenter de tempérer les ardeurs, en rendant public un communiqué selon lequel l'Algérie était prête à «collaborer» pour débloquer la situation dans la région. Parlons-en, justement de ce projet Maroc-Algérie, qui n'a pas bougé d'un iota depuis des décennies pour de multiples raisons, qui vont au-delà des enjeux économiques, lesquels de toute évidence, n'arrivent pas encore à faire le poids face aux enjeux politiques, sous prétexte qu'il y a des enjeux sécuritaires. C'est un triptyque de plus en plus indigeste. Mais cette fois, on a l'impression qu'en toile de fond, est venu s'ajouter l'ingrédient de l'urgence. Primo, parce que nous sommes dans un contexte conjoncturel défavorable et que le train de la croissance n'attend pas. Le Maroc a déjà pris place et a tendu la main au voisin algérien à plusieurs reprises, mais le dernier appel avant le départ a été donné et c'est irréversible. Secundo, parce que le printemps arabe est passé par là et que la reconfiguration géopolitique a déplacé le cœur économique mondial et là encore, c'est irréversible. Enfin, en lien avec l'indépendance énergétique, que le Maroc a réussi à amorcer vis-à-vis de l'Algérie et qui était jusque là tout simplement inconcevable. Si, avec tout cela, le voisin algérien se refuse malgré tout à regarder la vérité en face pour comprendre que l'intégration régionale se fera avec ou sans lui, ce sera sans regret que le Maroc tracera sa voie.