Pari réussi pour le «Café du film». Ce dernier a été l'initiative de divers instituts culturels européens suggérant les «rencontres des fonds européens et arabes pour le cinéma marocain de Rabat», pour les professionnels du film, ainsi que pour les étudiants des écoles marocaines de cinéma. Ces rencontres ont été organisées à l'initiative du Goethe-Institut et du British Council, en partenariat avec l'Institut français et l'ambassade des Pays-Bas au Maroc. Elles ont eu lieu le vendredi 19 et le samedi 20 octobre et se sont déroulées au célèbre café Weimar du Goethe-Institut de Rabat, à la suite des «assises du cinéma», organisées par le ministère de la Communication du 16 au 18 octobre, également à Rabat. Ainsi, cet événement a pu traiter des différentes questions liées aux opportunités de financement des films marocains. La première journée a été l'occasion pour le World Cinema Fund (WCF) affilié à la Berlinale, de présenter son projet de coproduction en la personne de Vincenzo Bugno, directeur de projet du fonds et délégué du Festival international du film de Berlin, suivi par les représentants du «Prix de coproduction Robert Bosch Stitftung pour les jeunes réalisateurs allemands et arabes». Outre le projet de coproduction allemande, divers présentations ont eu lieu. Notamment celles du fonds IDFA hollandais basé à Amsterdam, des fonds WorldView et BritDoc du Royaume-Uni, des «Aides au cinéma du monde» de France, du JFF (Fonds de cinéma jordanien), Aflamnah, plate-forme de crowfunding pour le cinéma arabe basée à Dubaï, ainsi que des interventions et témoignages de plusieurs acteurs ayant bénéficié de fonds ou en ayant octroyé. Les financements n'ont pas été le seul sujet de ces rencontres, il y a eu aussi la formation. En effet, ces rencontres ont passé en revue les activités des ateliers de formation dans le monde arabe, dont «Rawi screenwriting lab» (laboratoire d'écriture de scénario), une initiative jordanienne visant à former les scénaristes de la région et dont le 8e atelier aura lieu du 14 au 18 novembre et Med Film Factory, un projet visant à former des producteurs et des réalisateurs arabes, en partenariat avec Sudécriture et cofinancé par Euromed. Autre programme de formation pour les producteurs professionnels arabes, Docmed (basé à Beyrouth) a aussi partagé sa vision dans le domaine du documentaire. Des interventions de cinéastes marocains, bénéficiaires des fonds de co-production, tels que Daoud Oulad Syad, Leila Kilani et Faouzi Bensaidi ont ponctué ces discussions. S'exprimant à cette occasion, ce dernier a mis en avant l'importance de «l'aide en tant que regard extérieur positif». Une aide à la production ou à la post-production signifie que le réalisateur est sur «la bonne voie», en lui procurant plus de confiance pour poursuivre sa création et concrétiser ses idées, a indiqué le cinéaste marocain. Pour le réalisateur de «Death for Sale», l'aide qui lui a été fournie pour son dernier long métrage, est venue à point nommé après six mois de montage, «Cette aide a été le premier regard extérieur pendant un grand moment de doute». «Le film est accompagné, il n'est pas juste aidé», a-t-il dit. Le cinéaste a formulé le souhait de voir éclore des partenariats, des idées, des remarques lors de ces premières rencontres, une initiative du Goethe-Institut et du British Council, en partenariat avec l'Institut français et l'ambassade des Pays-Bas. interview Farah Fawzi, Project Manager au British Council «Cette initiative a trouvé un écho très positif» Quel bilan faites-vous de ce premier Café du film ? Farah Fawzi : Il est certain que cette initiative a trouvé un écho très positif dans le milieu du cinéma marocain. Plusieurs cinéastes et réalisateurs, ainsi que des producteurs de renom nationaux ont pris part à cette conférence et ont exprimé leur satisfaction, surtout concernant la possibilité de pouvoir proposer directement leur projet de films aux financeurs européens. Sera-t-il ritualisé par de prochaines éditions ? La planification de cet événement phare lors des prochaines éditions est quelque chose de primordial, avec nos partenaires actuels (ndlr: le Goethe Institut, l'Institut français, l'ambassade des Pays-Bas, le ministère de la Communication...), mais la prochaine étape sera aussi d'inviter d'autres fonds internationaux. Entre autres, nous organiserons des petites plateformes dans les festivals existants, tels que les marchés du film où les producteurs et les bailleurs de fonds peuvent se rencontrer et partager l'expertise et notamment l'expérience. Quel avenir pour la coproduction étrangère au Maroc ? Entre 30 à 40 coproductions maroco-européenne se font chaque année. Cela témoigne de l'envergure de ce phénomène. Avec la signature du traité de l'industrie entre le Maroc et la Grande Bretagne, les réalisateurs britanniques et marocains pourront bénéficier de l'expertise et des avantages des deux côtés. Un réalisateur marocain aura accès directement à des fonds de financement britanniques. Pour le volet formation, quelles étaient les orientations à l'issue de ce premier Café du film ? Il est évident que la plupart des fonds internationaux (ndlr: comme IDFA) sont conscients du fait que la formation est primordiale pour l'épanouissement des réalisateurs et producteurs dans les pays en développement. Pour des réalisateurs marocains, c'est une aubaine, puisqu'ils auront l'opportunité en postulant pour des fonds d'être également accompagnés dans la concrétisation de leurs projets. Il y a également des fonds dans le monde arabe qui ont été créés pour aider les réalisateurs, producteurs et cinéastes à atteindre leur potentiel créatif, comme le Rawi screenwriters' lab en Jordanie. Comment se fera cette coproduction et quelles sont les pistes qui ressortent pour la distribution ? Encore une fois, en ce qui concerne la coproduction maroco-britannique, les réalisateurs marocains auront accès à des fonds britanniques et les films seront automatiquement perçus comme des films britanniques à part entière et bénéficieront du soutien et du support de distribution britannique et européen. Toutefois, il reste l'étape de ratification du côté marocain, pour que cela se concrétise.