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Tout n'est pas perdu !
Publié dans Les ECO le 18 - 10 - 2012

Le gouvernement va-t-il droit dans le mur à travers sa volonté de réduire le déficit commercial qui, à 23% du PIB en 2011, est devenu désormais l'une des priorités du moment? À fin septembre 2012, le déficit atteint déjà 144 MMDH, soit 18% du PIB, selon les derniers chiffres de l'Office des changes. L'analyse des experts, aussitôt après la présentation des grandes lignes de la loi de finances 2013, se situe aux antipodes des mesures prévues par l'Etat. Le principal sujet d'inquiétude chez les analystes est l'intention déclarée du gouvernement de revoir la stratégie commerciale nationale en optant pour une éventuelle révision des Accords de libre-échange (ALE) signés par le Maroc avec plusieurs pays.
«Juridiquement, cela n'est pas possible, vu la situation dans laquelle se trouve le Maroc puisque, heureusement, nous ne sommes pas encore dans une situation de crise de balance des paiements, qui pourrait, en vertu des accords de l'OMC, permettre au Maroc de réviser les accords signés», expliquait le secrétaire général du Conseil national du commerce extérieur (CNCE), Mohamed Benayad, à l'occasion d'une conférence organisée le 12 octobre courant par l'Institut national de statistique et d'économie appliquée (INSEA), et le centre Carnegie du Moyen-Orient. La rencontre, qui revêt plus un caractère académique, a été l'occasion de passer au crible le diagnostic de la situation actuelle ainsi que les alternatives qui s'offrent au Maroc pour parer au pire. Le constat à ce niveau est assez effarant, comme le confirme d'ailleurs la dernière notation de la perspective pays de l'agence Standard et Poor's (SP), qui vient de passer de stable à négative, justement en raison des proportions inquiétantes que prend le déficit commercial du pays.
Dangers à l'horizon
À en croire les principaux responsables du gouvernement, les dispositions de la prochaine loi de finances seront particulièrement orientées vers la mise en place de mécanismes permettant au Maroc de renverser la tendance d'une importation massive de produits extérieurs, alors que les exportations nationales stagnent, si ce n'est qu'elles perdent des parts de marché à l'international. C'est justement cette manière de prendre le taureau par les cornes qui inquiète les experts, du simple fait qu'elle s'apparente à de la précipitation et aurait un impact assez limité. Les mesures visant à réviser les ALE, dans le sens de parvenir à un certain protectionnisme, annoncées par le gouvernement, ne sont pas une nouvelle trouvaille puisque réclamées depuis longtemps par certaines fédérations sectorielles face aux importations massives de certains produits et à la faiblesse de la compétitivité de l'offre nationale.
D'ailleurs, cela a pris une telle ampleur dans certains secteurs qu'elles s'apparentent plus à du véritable «dumping», ce qui légitime en partie la politique gouvernementale, comme le reconnaissent les experts. Cependant, seront-elles nécessaires ? Pas vraiment, estime Lahcen Achy, professeur d'économie à l'INSEA pour qui, il ne faut pas perdre de vue que le passage d'une économie de marché à une économie libéralisée a, quand même, permis de démocratiser la consommation. Pour l'économiste, également analyste sénior au centre Carnegie pour la région Moyen-Orient, «instaurer des mesures de protectionnisme concourt à l'amplification des risques qui favoriseraient une économie de rente ou la contrebande». Il faut dire que pour les économistes, les ALE n'expliquent pas la crise de déficit que rencontre le Maroc. «Il y a des facteurs exogènes qui ne dépendent pas seulement du Maroc, comme la flambée des cours du pétrole ou la spéculation sur le prix des produits alimentaires, qui alourdissent considérablement la facture des importations marocaines», fait remarquer Ouljour Hussain, analyste à l'Office des changes, qui s'est référé au poids de ces deux rubriques dans les statistiques officielles. Pour ce dernier, malgré la gravité de la situation actuelle, qui à terme risque d'être incontrôlable, si rien n'est fait, comme l'ont mis en exergue les analystes de S&P, ces facteurs exogènes expliquent le fait que la situation au Maroc est aussi comparable à celle de beaucoup d'autres pays de la région.
Il va sans dire que face aux risques qui pèsent sur le contexte international, tant sur le plan économique que géopolitique, et qui sont de nature à maintenir les prix des principaux produits à des niveaux assez élevés, les perspectives pour le Maroc ne sont guère reluisantes. Le Maroc est-il donc condamné à traîner ce boulet du déficit commercial en attendant des vents plus favorables ? La réponse est évidemment non, car il existe des créneaux prometteurs qui permettront de contenir la crise et par la même occasion de relancer la machine des exportations.
Mesures alternatives
«Les opérateurs marocains ne doivent pas toujours compter sur les mesures protectionnistes pour faire face à la concurrence étrangère qui s'intensifie», plaide pour sa part Jean-Christophe Battle, directeur adjoint de la région Méditerranée et Afrique à la Compagnie française d'assurance à l'exportation (Coface). Pour lui, l'essentiel est que les mesures à envisager devront s'orienter vers l'optimisation du potentiel interne. «Ils sont, plus que jamais, appelés à mieux s'organiser pour affronter l'ouverture des marchés, qui n'est pas prête de s'estomper, d'autant que les économies dirigées ont déjà montré leurs limites». Cet avis rejoint, d'ailleurs, celui exprimé par l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), qui prévient les gouvernements que les mesures orientées vers un protectionnisme ne constituent en aucun cas une alternative de sortie de crise.
En fait, pour comprendre cette logique, il faut se référer à l'ampleur de la situation. «Le déficit est structurel, donc sa résorption va prendre des années» fait remarquer Benayad. Les intentions du gouvernement de sortir de cette impasse à moyen terme seront donc, de toute évidence, inutiles. C'est d'ailleurs ce qu'exprime SP dans sa dernière analyse du risque pays (voir les echos.ma). Tout en insistant sur la nécessité d'engager des réformes de fond, l'agence de notation a souligné «qu'un rééquilibrage économique à moyen terme sera difficile et peut conduire à réduire la croissance du PIB, ce qui pourrait accroître les risques sur la stabilité politique et sociale du pays». Même si le risque de voir la situation s'aggraver existe sous «l'effet crise», les experts restent optimistes quand à la réelle capacité du pays à faire face à la situation. À condition, bien sûr, que les véritables leviers soient actionnés.
«Ce qu'il importe de souligner, c'est que dans ce même contexte de crise, d'autres pays sont en train de gagner des parts de marché, ce qui revient à dire qu'il y a une marge pour notre offre exportable», reconnaît le secrétaire général du CNCE. Dans l'ensemble, ce que recommandent les économistes, c'est une véritable restructuration de l'économie nationale. Cette dernière doit être orientée vers un renforcement de la capacité industrielle du pays, en agissant sur plusieurs ressorts, notamment le renforcement de la compétitivité du pays.
Faible intégration
À cet effet, le Maroc dispose déjà de plusieurs leviers comme les différentes stratégies sectorielles lancées, en plus d'un positionnement stratégique et d'infrastructures. Selon Touhami Abdelhak, professeur d'économie à l'INSEA, «rien que la faible intégration des stratégies sectorielles constitue un manque à gagner pour l'économie nationale» car selon l'économiste, le lancement de ces stratégies, sans véritable synergie, agit également sur les importations en augmentant la pression sur la consommation.
Il en va de même pour le tissu industriel du pays, lequel, en dépit de quelques aspects positifs, ne tourne pas à plein régime. Ceci se manifeste par le fait que la marge de manœuvre dans ce secteur est encore relativement faible (autour de 5%), comparée à celles de certains secteurs comme l'immobilier (20 à 25%), ce qui se traduit par une tendance à la désindustrialisation du pays, les investisseurs préférant se tourner vers des créneaux plus prometteurs. Autre solution préconisée par les experts, le contrôle des dépenses publiques dans le sillage de l'avis exprimé par le gouverneur de Bank Al-Maghrib pour qui «le Maroc dépense mal». Par ailleurs, dans le but de renforcer la compétitivité du pays, les économistes soulignent la nécessité pour le Maroc de mieux miser sur certains créneaux à forte valeur ajoutée comme l'aéronautique ou l'automobile.
Certains secteurs comme le textile ont montré, en effet, leurs limites car le Maroc ne peut plus faire face à la rude concurrence de certains pays comme la Chine ou la Turquie. Cependant, ces mesures ne sauraient atteindre leurs objectifs tant qu'un accent particulier n'a pas été mis sur le volet du capital humain. Pour les experts, c'est à cette seule condition que le royaume pourrait améliorer sa productivité et renforcer sa compétitivité, dans le but d'optimiser sa marge de manœuvre à l'export et de réduire son déficit qui est, en somme, une œuvre de longue haleine.
Point de vue
Mohamed Benayad, Secrétaire général du Conseil national du commerce extérieur (CNCE).
Le déficit commercial est structurel et cela va prendre des années avant qu'on ne puisse le résorber. Il faut noter qu'il y a certes des facteurs exogènes qui ne dépendent pas seulement du Maroc, mais si nous n'engageons pas de véritables réformes, la situation va devenir insoutenable à long terme. Le problème n'est pas, à ce niveau, les ALE, le Maroc n'a pas, plus tôt, pu maintenir sa compétitivité dans un contexte d'économie libéralisée. Ce qui fait qu'il y a des risques de s'enfoncer encore un peu plus sous l'effet de la crise : la demande de nos exportations ne va pas augmenter, les transferts des MRE commencent à baisser, entre autres, mais ce qu'il importe de souligner, c'est que dans ce même contexte, d'autres pays arrivent à gagner des parts de marché, donc il y a de la place pour notre offre exportable. Le Maroc importe plus qu'il n'exporte et le fait de limiter les importations en agissant sur le démantèlement tarifaire ne peut pas être viable. D'ailleurs, plus de 80% de nos importations sont incompressibles parce qu'il s'agit d'intrants ou de produits de première nécessité, comme l'énergie ou les céréales. Il nous faut développer nos exportations, cela a été une volonté de tous les gouvernements, mais nous ne pouvons pas développer nos exportations sans renforcer notre compétitivité. Il y a un décalage énorme de productivité, conjugué à une rude concurrence sur les marchés internationaux. Le problème fondamental, ce sont les ressources humaines. Si nous n'agissons pas véritablement sur le volet du capital humain, je ne pense pas que nous puissions booster nos exportations.
«Il faudrait optimiser notre compétitivité»
Lahcen Achy, Economiste et chercheur à l'institut Carnegie du Moyen-Orient.
Les Echos quotidien : Vous semblez pessimiste, comme beaucoup d'autres experts, quant à la capacité du Maroc à résoudre à court terme son déficit commercial assez alarmant. Qu'est-ce qui explique cette position ?
Lahcen Achy : Le constat dressé est qu'il y a un déficit commercial extrêmement important qui s'élève actuellement à 23% du PIB. Ce déficit est dû à la conjugaison de facteurs conjoncturels, mais aussi, et surtout, structurels. Notons évidemment l'envolée des prix des matières premières et les répercussions de la crise économique européenne, mais pour l'essentiel, le déficit est d'ordre plus structurel. La libéralisation engagée par le Maroc a permis aux importations de pénétrer massivement notre marché, mais parallèlement, nous n'avons pas pu profiter des avantages qu'offrent justement les Accords de libre-échange (ALE) signés avec plusieurs pays. Sur l'ensemble des ALE, il existe un déficit en défaveur du Maroc.
Justement, nous estimons que les ALE sont responsables de la situation actuelle du Maroc et le gouvernement envisage de revoir certaines dispositions, notamment pour intégrer des mécanismes permettant un certain protectionnisme. Cette alternative vous paraît-elle crédible ?
Il est vrai qu'un certain nombre de produits importés ne respectent pas certaines normes ou standards. Cependant, je ne pense pas que cette alternative va changer fondamentalement l'intensité des importations, parce que cela ne représente qu'une part assez limitée de nos importations. Il y a plusieurs autres créneaux où nous pouvons gagner plus, à condition de parvenir à optimiser nos politiques publiques. En matière de politique industrielle par exemple, il existe des outils qui permettent de promouvoir les investissements, qu'ils soient locaux ou internationaux. En outre, la piste de la diversification des secteurs porteurs est une alternative. Aujourd'hui, il est évident que des secteurs concentrent les investissements en raison des exonérations fiscales ou d'un cadre incitatif attrayant, ce qui offre beaucoup plus de marge aux opérateurs. C'est le cas du secteur immobilier. Nous ne pouvons pas, cependant, reprocher aux investisseurs de s'orienter vers des secteurs qui offrent plus de marge de rentabilité, c'est plutôt aux politiques publiques de faire en sorte que les investisseurs s'orientent vers des secteurs qui vont participer véritablement au développement du pays.
Dans ce cas, quelles sont les pistes qui s'offrent au gouvernement pour parvenir à renverser la tendance ?
À court terme, peu de solutions s'offrent à nous, à part l'amélioration de notre compétitivité. Aujourd'hui, il est très difficile de renégocier nos accords de libre-échange pour mettre en place des mécanismes de protection, qui ne permettraient pas d'ailleurs de nous mener à de grands résultats. Le protectionnisme ne va pas améliorer notre productivité. Au contraire, il profitera plus à une partie des opérateurs locaux qui vont s'accaparer le marché. Or, pour améliorer notre productivité, il faudrait optimiser notre compétitivité en profitant des politiques sectorielles mises en œuvre et qui ne nécessitent qu'une plus grande synergie pour, enfin, atteindre nos objectifs.
Sur le long terme, quelles sont les réformesà envisager dès à présent ?
Il faut chercher des créneaux sur lesquels on peut développer notre compétitivité. Il va falloir chercher à développer nos créneaux, et c'est là que le facteur humain devient important.


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