Malgré les effets de la crise sanitaire sur les différents trafics traités et le report du lancement de l'activité du transbordement, les analystes de CFG Research restent confiants par rapport au potentiel du groupe. Suivant ces éléments, le titre reste à «conserver» dans les portefeuilles. La crise sanitaire aurait eu raison du trafic portuaire géré par Marsa Maroc. Compte tenu de cette conjoncture particulière, les analystes de CFG Research tablent sur une baisse pour cette année de 5% à 36 Mt du trafic Gateway manutentionné par Marsa Maroc, contre 37,8 Mt en 2019. Des estimations qui feraient écho à un recul de 7% des volumes de vrac liquides et de 4% des conteneurs manutentionnés (en EVP) par le groupe. Les volumes de vrac liquides devraient en effet pâtir de l'effet de la crise de la Covid-19 sur la consommation des hydrocarbures. «Nous tablons sur une baisse des trafics d'hydrocarbures en 2020 suite à l'impact négatif du confinement sanitaire sur la consommation de produits raffinés et par conséquent sur les importations de ces produits. Notons qu'à fin juin 2020, les statistiques de l'ANP font ressortir une baisse de 10% des volumes d'hydrocarbures importés », souligne CFG Research. Au-delà de la crise sanitaire, l'activité devrait également subir les perturbations au niveau des chaînes d'approvisionnement mondiales en lien avec les fermetures des usines en Chine. De plus, la demande adressée au Maroc devrait, elle aussi, ralentir en raison d'une conjoncture difficile subie par les principaux partenaires économiques du pays. À cela s'ajoute, la décision du gouvernement d'augmenter les droits d'importations sur une multitude de marchandises généralement conditionnées en conteneurs, ce qui pourrait entraiîner cette année un recul du nombre de conteneurs manutentionnés par Marsa Maroc à 942 KEVP contre 982 KEVP en 2019 Une baisse contenue Toutefois, ces contreperformances devraient être contrebalancées par une légère croissance des volumes de vrac solides. Celui-ci pourrait croître de 2% à 15,9 Mt, en raison d'une hausse des volumes de céréales et d'une normalisation des trafics de charbons. Il faut noter que la saison agricole de cette année au Maroc a été marquée par une très faible pluviométrie plombant ainsi, pour la deuxième année consécutive, la production céréalière qui aurait accusé une baisse de 42% par rapport à la campagne précédente et de 64% par rapport à la moyenne des 5 dernières campagnes agricoles. Ainsi, et tenant compte des conditions favorables au niveau des marchés internationaux, avec une production record au niveau mondiale (principalement en Russie et en Inde), le trafic de céréales traité devrait enregisrer une forte progression en 2020 s'établissant à 2,1 Mt contre 1,1 Mt en 2019. Pour sa part, le trafic de charbon traité par Marsa Maroc devrait connaître une normalisation en 2020 en raison de l'ouverture en janvier 2020 du nouveau terminal dédié à la nouvelle centrale thermique de Safi. Ainsi, le volume exceptionnel de charbon traité par le groupe au port de Safi en 2019 devrait disparaître ramenant le trafic total de charbon traité par Marsa Maroc au même niveau que celui de 2018, soit 3,3 Mt contre 4,7 Mt en 2019. Retard de l'activité de transbordement En plus des fluctuations des différents trafics, le leader national de l'exploitation de terminaux portuaires doit gérer également le retard du lancement de la nouvelle activité de transbordement au niveau du terminal TC3 de Tanger Med II. Prévu pour cette année, le lancement de transbordement ne se fera qu'au T4-2020 en raison de la crise de la Covid-19. Par ailleurs, de la nouvelle activité devrait représenter un nouveau relais de croissance pour le groupe à moyen long terme. «Suite à l'annonce faite post Assemblée générale de retarder le lancement de l'activité transbordement au T4-2020E et à l'impact de la crise de la Covid-19 sur les échanges mondiaux en 2020 et au-delà, nous avons reconsidéré à la baisse nos prévisions de croissance et le rythme de montée en puissance de cette activité. Ainsi, selon nos nouvelles anticipations, la nouvelle activité commencerait à contribuer au chiffre d'affaires du groupe qu'à partir de 2021E (versus 2020 initialement)», expliquent les analystes de CFG Research. Nouvelles prévisions Compte tenu de ces nouvelles estimations de croissance des volumes, les revenus consolidés du groupe devraient connaître une baisse de 4% en 2020. Les marges opérationnelles du groupe connaîtraient une dégradation en raison d'une dilution moins prononcée des charges fixes. Le RNPG devrait connaitre une baisse de 53% à 317 MDH, en raison d'une charge exceptionnelle de 300 MDH relative à la contribution de Marsa Maroc au fonds spécial Covid-19, induisant une marge nette de 10,6% contre 22,4% en 2019. Hors cet élément exceptionnel le RNPG se serait établi à 524 MDH en baisse 22% (marge nette de 18,8%). En 2021, la marge nette devrait connaître une nouvelle dégradation sous l'effet du lancement de la nouvelle activité de transbordement et la normalisation des trafics de vrac solides manutentionnés par Marsa Maroc en prévision d'une meilleure saison agricole. Ce n'est qu'à partir de 2022 que la marge nette consolidée devrait retrouver le chemin de la hausse, en raison de la montée en puissance progressive du taux d'utilisation du terminal TC3. Elle devrait ainsi s'établir autour de 20% à l'horizon 2030. Titre à «Conserver» Suivant ces éléments, CFG Research recommande de «conserver» le titre dans les portefeuilles, misant sur un cours cible de 210 DH/action soit un potentiel de 11,6% (comparativement au cours de 185,5 DH du 07/08/2020). Une « opinion positive » qui soutient la forte capacité de Marsa Maroc à générer des cash-flows positifs, lui permettant d'afficher un Dividend Yield (DY) supérieur à la moyenne du marché marocain (4,2% pour le DY 2020 et 4,3% pour le DY 2021). À noter que les analystes de CFG Research n'ont valorisé que le périmètre actuel des concessions. Et ce sans prendre en compte une éventuelle reprise des activités de SAMIR qui pourrait avoir un impact positif sur les volumes manutentionnés et les marges. Aussi, il a été exclu des prévisions l'éventuelle obtention de nouvelles concessions sur les nouvelles infrastructures au Maroc ou des concessions à l'étranger et plus spécifiquement en Afrique.