La société civile maghrébine donne de la voix. Réunis dans le cadre de la deuxième édition du Forum social maghrébin, qui s'est tenue les 6 et 7 octobre à Oujda, associations de la société civile maghrébine, syndicats et organisations de solidarité internationales, ainsi que migrants, ont appelé à «un autre Maghreb et à une autre politique migratoire». En ligne de mire, le froid diplomatique qui prévaut encore dans les relations entre Etats maghrébins et dont les répercussions sont considérables sur les populations. «Le coût du non-Maghreb sur les plans économique, social, culturel et même psychologique constitue une perte énorme pour le présent et l'avenir des peuples de la région», déplore la déclaration finale de cette rencontre. Les participants dénoncent aussi avec vigueur la mise en place de politiques sécuritaires «stigmatisant les migrants vivant sur le sol maghrébin, au mépris de l'histoire qui lie les peuples du Nord de l'Afrique à ceux d'Afrique Subsaharienne, au mépris des intérêts mutuels de développement et d'enrichissement culturel et civilisationnel». Pour la société civile maghrébine, l'application des politiques et directives européennes par les pays de la rive sud dans la lutte contre l'immigration «transforme la méditerranée en un vaste cimetière», qui engloutit annuellement des centaines, voire des milliers de migrants en quête d'un avenir meilleur de l'autre côté de la Mare Nostrum. Le deuxième Forum social maghrébin préconise ainsi «l'ouverture des frontières» entre le Maroc et l'Algérie, afin de faciliter la libre circulation et l'installation dans les pays du maghreb, aussi bien des nationaux que des migrants vivant sur le sol maghrébin. En outre, les autres requêtes adressées aux pouvoirs publics ont trait à la régularisation et à la dépénalisation de la situation de «tous les sans-papiers» souhaitant s'installer et vivre dans les pays de la région, ainsi que la fermeture de la totalité des centres d'enfermement des immigrés. Ceci sans oublier l'arrêt de toutes les formes de violence «à l'égard des femmes migrantes qui subissent de graves humiliations». À ce titre, les refugiés doivent bénéficier de «l'égalité des droits économiques, sociaux et culturels reconnus universellement», conformément aux dispositions de la convention de Genève du 28 juillet 1951, ainsi qu'à celles des conventions de l'Organisation internationale du travail relatives à la migration. Les échanges ont également traité du racisme et des discriminations. À ce propos, la déclaration incite les parlementaires nationaux à promulguer des lois sanctionnant les actes racistes et xénophobes.