Combien sont-ils ? D'où viennent-ils ? Pour quels motifs ont-ils choisi l'exil ? Pourquoi sont-ils assimilés aux flux de migrants mixtes d'origine subsaharienne? Le CCDH (Conseil Consultatif des Droits de l'Homme) entre dans le jeu de la défense des droits de l'homme étendus aux étrangers vivant au Maroc. En organisant, en partenariat avec l'UNHCR de Rabat, un séminaire sur la protection des réfugiés au Maroc, le CCDH a volontairement «expatrié» ses compétences strictement domestiques jusque là pour veiller au respect des droits humains en ce qui concerne les mouvements migratoires composites incluant les migrants économiques et les réfugiés établis dans le Royaume mû en une destination de transit et d'accueil. Si l'on estime entre 50 000 et 60 000 étrangers résidant officiellement au Maroc, ce qui est mince comparé aux plus de 3 000 000 de MRE vivant à l'étranger dont 80% dans les pays de la communauté européenne, certaines sources indiquent que les migrants clandestins tournent autour de 10 000 tandis que l'on dénombre quelque 800 réfugiés. Ces derniers, selon les dispositions de la Convention du 28 juillet 1951 sur le statut des réfugiés, englobent toutes les personnes qui croient être persécutées du fait de leur race, leur religion, leur nationalité, leur appartenance à un groupe social ou de leurs opinions politiques et qui se trouvent hors de leur pays d'origine. En Europe, l'on estime entre 10 et 15% des 50.000 000 de migrants vivant en situation irrégulière et que 500 000 clandestins et sans-papiers entrent chaque année dans les Vieux et Nouveaux continents. Le tribut de la guerre d'Algérie Le CCDH a démontré sa ferme volonté de poursuivre le combat de la défense des droits humains universels, toutes nationalités confondues sur le sol marocain. Son président Ahmed Herzeni avait souligné, au forum en 2008, que «la majorité des migrants vivant en Afrique subsaharienne, en Inde, au Maghreb et en Amérique Latine, sont le plus souvent dépourvus de tout statut légal. Cette croissance de la migration irrégulière est notamment liée au rétrécissement des possibilités de migration (qui toucherait plus d'un demi million de personnes par an). Devant leur périple de plus en plus incertain et prolongé, ces migrants et, en particulier les femmes et les enfants, sont exposés à de multiples dangers et violations de droits élémentaires». Autrement dit, le CCDH met la machine en marche pour rétablir les réfugiés au Maroc dans leurs droits. De son côté, le Représentant à Rabat du HCR onusien, Johannes Van Der Klaauw a expliqué que «les réfugiés et les demandeurs d'asile se trouvent au Maroc et dans le Maghreb en général, parmi un plus grand nombre de migrants économiques sans papiers, des victimes de trafic et de la traite, des étudiants ou travailleurs des pays tiers, qui sont tombés dans l'irrégularité. La gestion de la migration bénéficierait d'une distinction claire et nette entre, d'une part, les réfugiés qui ont fui la persécution et la violence et, d'autre part, les migrants qui ont choisi de leur propre volonté de se trouver une destination migratoire». L'on a souvent tendance à l'oublier, mais le Maroc a aussi payé un lourd tribut, outre les sacrifices consentis pour la guerre d'indépendance en Algérie, en accueillant massivement et en prenant en charge un grand nombre de réfugiés voisins fuyant les persécutions et les représailles coloniales. Foi d'Anne Triboulet, chargée de protection des réfugiés au HCR de Rabat : «le Maroc a accueilli des vagues successives de réfugiés tels que des Espagnols fuyant la guerre civile dans les années 30 ou après la 2ème guerre mondiale, des citoyens d'Europe centrale ayant fui la persécution en raison de leurs opinions politiques. Dans les années 50, la guerre d'indépendance algérienne a déclenché un afflux massif de réfugiés algériens sur le sol marocain». n