Pour un espace maghrébin prônant la liberté de la circulation Encore une fois les migrants, les associations de la société civile maghrébine, les syndicats et organisations de solidarité internationale font un appel solennel pour mettre fin à l'état de non-Maghreb. Le week-end dernier a été particulier à Oujda. Des militants maghrébins de tous bords sont venus dans le cadre de la seconde édition du Forum social maghrébin pour plaider pour une libre circulation des personnes, comme cela est stipulé par les termes mêmes de bon nombre de conventions internationales. A Zouj Bghal, Tunisiens, Algériens, Sénégalais, Camerounais, Congolais, Maliens et bien sûr Marocains ... tous étaient là pour la bonne cause. Un autre Maghreb et une autre politique migratoire. Un message fort. Le Maghreb est nécessaire, comme est aussi nécessaire l'unité africaine qui doit mettre fin au traitement sécuritaire de la question de l'immigration. Le plaidoyer est sans faille. Ouvrir les frontières en permettant la libre circulation et l'installation aussi bien des nationaux que des migrants vivants sur le sol maghrébin, rejeter la politique européenne sécuritaire érigeant des murs, fermer tous les lieux d'enfermement des immigrés et la dépénalisation de la situation des sans papiers et arrêter toutes les formes de violence à l'égard des femmes migrantes qui subissent de graves humiliations. Le Forum social maghrébin qui a été étendu, cette fois, à Oran, a été ainsi une occasion pour scander des slogans pour le Maghreb des peuples, pour l'Afrique des peuples et pour l'arrêt des politiques hypothéquant les deux entités, livrées à une dépendance du marché mondial, aux dépens d'une intégration économique et d'une volonté politique claire pour l'Union. Déjà le coût du non-Maghreb, comme cela est écrit dans la déclaration d'Oujda lue à Zouj Bghal à l'issue des travaux de ce forum, est énorme, aussi bien sur les plans économiques, sociaux que sur les plans culturels et même psychologiques. «Une perte énorme pour le présent et l'avenir des peuples de la région. Par le passé, ils ont mené un combat commun contre le colonialisme aussi bien sur leurs territoires qu'à travers l'immigration en Europe. Ils ont réussi à forger une identité commune et un imaginaire de société émancipateur. Actuellement, ils aspirent à l'avènement d'un espace géopolitique démocratique, de justice sociale et de liberté». L'on doit opter pour une autre alternative alors. Favoriser les échanges entre les peuples, ouvrir les frontières et être bien accueillant vis-à-vis des migrants vivant et travaillant dans les différents pays maghrébins, soulignent les participants à cette rencontre. Les choix mis en œuvre actuellement sont incapables d'insuffler une dynamique maghrébine unitaire à la hauteur des enjeux globaux, régionaux et internationaux, et des aspirations des peuples de la région, notent les participants. Le Forum social maghrébin d'Oujda, qui intervient aussi en guise de commémoration des évènements de Ceuta de 2005 dont ont été victimes une centaine de migrants subsahariens, vise à stigmatiser les politiques sécuritaires portant atteinte aux droits fondamentaux des migrants vivants sur le sol maghrébin, au mépris de l'histoire qui lie les peuples du Nord de l'Afrique à ceux de l'Afrique subsaharienne, au mépris des intérêts mutuels de développement et d'enrichissement culturel et civilisationnel. «Nos gouvernants rivalisent dans la mise en application des politiques et directives européennes érigeant un mur entre les deux rives de la Méditerranée, responsables de milliers de morts et de disparus, transformant la Méditerranée en un vaste cimetière», lit-on dans la déclaration. En atteste, la vague d'arrestation, de refoulement, de traitements dégradants des migrants subsahariens et la criminalisation de leur présence qui constituent une atteinte grave aux droits humains les plus élémentaires, ajoute-t-on de même source.