Le secteur de la sidérurgie ne semble pas être au bout de ses peines. Certes, le département du Commerce extérieur a donné suite à la requête introduite par l'ASM (Association des sidérurgistes du Maroc) en annonçant, le 25 septembre dernier, l'ouverture d'une enquête qui devrait conduire à l'instauration de mesures de sauvegarde dans le cadre de la procédure prévue par les accords de l'OMC, seulement cette industrie a besoin d'asseoir les fondamentaux de son envol. «Notre secteur est jeune et capitalistique, nous avons sollicité la mise en place de mécanismes afin de donner à notre industrie toutes ses chances de développement... néanmoins, ces mécanismes ne sont que temporaires. Le plus important est de pouvoir accélérer la maturité du secteur, renforcer sa compétitivité pour pouvoir positionner le Maroc en tant que plateforme régionale», a lancé Ayoub Azami, président de l'ASM et directeur général de Sonasid, lors d'une conférence de presse tenue, hier, à Casablanca. Les effets de la crise internationale dont l'onde de choc vient plus spécifiquement du sud de l'Europe (Espagne), l'accélération des importations suite au démantèlement des droits de douane avec l'UE, le manque de liquidités qui pèse sur l'économie marocaine, le ralentissement des investissements publics... sont autant d'éléments qui noircissent le tableau de la performance du secteur sidérurgique. À ce titre, le chiffre d'affaires et les investissements cumulés se sont hissés en 2011 à respectivement 13,5 et 13,3 MMDH. Quant à sa capacité de production, elle s'établit à 3,98 MT (1MT plats et 2,98 MT longs). Il n'en demeure pas moins qu'à la suite de l'ouverture du marché à la concurrence étrangère, notamment européenne, le secteur est en surcapacité. Le marché est aujourd'hui la cible de certains opérateurs européens qui ont fait du Maroc un débouché privilégié, et cela particulièrement dans le domaine des produits «longs». «En 2012, les importations de rond à béton et de fil machine ont en effet fortement évolué au premier semestre 2012, impliquant une perte de volume pour l'industrie nationale associée à une forte pression sur les prix», a indiqué Ayoub Azami qui s'inquiète aussi de la déferlante des produits turcs. «À partir de 2013, le démantèlement tarifaire sera entamé pour d'autres accords signés par le Maroc, dont notamment celui avec la Turquie qui a développé une stratégie compétitive tournée vers l'export. Ce pays a une capacité de production estimée à 30 MT, avec une consommation locale d'environ 13 MT», a-t-il renchéri. C'est dans ce sillage que les professionnels du secteur appellent à la mise en place de mesures adéquates, dans le cadre des différents accords dont le Maroc est signataire, afin d'éviter que l'industrie sidérurgique marocaine n'ait à payer la restructuration du secteur sidérurgique européen. Ils estiment en effet que la période d'application des mesures de sauvegarde leur permettra d'accélérer et de renforcer leur développement sur sept axes prioritaires. Il s'agit de l'intégration en amont de l'efficience énergétique, des investissements technologiques, de la qualification des ressources humaines, du renforcement de la règlementation, de l'amélioration des coûts logistiques et de la diversification de l'offre produits. Bref, les sidérurgistes sont dans l'attentisme en espérant des jours meilleurs et placent beaucoup d'espoir sur les mesures que doit mettre en place le département du Commerce extérieur pour contrer la concurrence étrangère. Ils espèrent également que le ministère de l'Industrie, du commerce et des nouvelles technologies, pourra statuer sur une mesure de «sauvegarde définitive», telle qu'elle peut être rendue possible pour des secteurs jeunes et stratégiques au sein de pays en développement, membres de l'Organisation mondiale du commerce. Cette décision pourra permettre l'application de mesures de défense commerciale non tarifaire durant une période de 8 ans, exceptionnellement prolongée à 10 ans. En attendant, ils continuent de subir les contrecoups de la crise internationale et du ralentissement de l'activité économique nationale. À ce titre, force est de constater que la sidérurgie est l'un des secteurs qui a subi de plein fouet le retard accumulé dans l'élaboration de la loi de finance 2012, ainsi que la compression du budget alloué aux investissements publics.