Nombre d'entreprises marocaines font montre de relâchement quant au respect des mesures sanitaires à respecter pour contrer la propagation du coronavirus. Lors d'une réunion, la situation épidémiologique liée au Covid-19 au sein de plusieurs unités industrielles et de production a été passée au crible. Abdelouafi Laftit et Chakib Alj ont rappelé les acteurs économiques à l'ordre. Accompagné du ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, du ministre de l'Industrie, du commerce, de l'économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy, et de la ministre du Tourisme, de l'artisanat, du transport aérien et de l'économie sociale, Nadia Fettah, le ministre de l'Intérieur a tenu mardi à Rabat, une réunion avec les représentants de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). Premier constat : les cas enregistrés parmi les employés de l'ensemble des entreprises et des unités de production, de leurs familles et des personnes qui les côtoient, avoisinent les 47% des cas confirmés, et ce, depuis le lancement de la reprise graduelle de la dynamique économique dans le royaume. À cet égard, le ministre de l'Intérieur a déploré le non-respect des mesures de précaution que les autorités publiques n'ont cessé de recommander. «Cette négligence a contribué à la propagation de l'épidémie et à l'apparition de foyers de contamination dans de nombreuses unités de production, à l'instar de la région de Lalla Maimouna, dans la province de Kénitra (Frigodar, Natberry Maroc) et de la province de Safi (Unimer Etamar) ...», a affirmé Laftit. Une situation confirmée par les contrôles sanitaires qui ont abouti à la fermeture de 514 unités industrielles et commerciales dans 34 provinces et préfectures pour non-respect des mesures sanitaires, dont 98 sont en cours de fermeture. Dans cette perspective, les différentes parties ministérielles, présentes à la réunion, ont appelé les représentants de la CGEM à «assumer leurs responsabilités» en continuant à sensibiliser les employeurs à la nécessité de respecter les mesures de précaution en vigueur, et de se conformer au protocole sanitaire afin d'éviter l'apparition de foyers de contamination à l'intérieur des unités industrielles et de production. Suite à cette réunion, le président de la CGEM, Chakib Alj, dans un courrier adressé aux opérateurs, a mis en garde l'ensemble des entreprises, en assurant que «les entités du secteur privé ne se conformant pas aux dispositifs sanitaires tels que dictés par les autorités locales seront exposées à des sanctions allant jusqu'à l'arrêt de leur activité». À ce titre, il appelle toutes les entreprises «à redoubler de vigilance en renforçant les dispositifs sanitaires et préventifs mis en place sur les lieux de travail et au niveau des transports du personnel et en veillant à l'application rigoureuse par leurs salariés des règles d'hygiène et de distanciation». Il a rappelé, dans ce sens, que le virus est toujours présent et actif, tout en précisant que «plusieurs foyers de contamination ont été relevés ces derniers jours dans des unités industrielles et commerciales, et ce, dans plusieurs villes du royaume». Dans sa correspondance, le patron des patrons a également assuré que l'adhésion à la campagne de dépistage massif «est obligatoire pour les entreprises membres et non-membres de la CGEM». Celles qui ne se sont pas encore inscrites à cette campagne sont tenues de le faire dans les plus brefs délais. Le message est donc clair, les entreprises doivent se conformer et s'assurer de l'application des barrières sanitaires au sein de leurs locaux. Laftit a fermement souligné que «la santé des employés relève de la responsabilité de l'employeur, qui est considéré, du point de vue juridique et moral, dans l'obligation de garantir les conditions adéquates de travail au sein des unités industrielles et de production ou de transport à travers les moyens de transport des salariés». L'objectif étant d'arrêter la propagation de l'épidémie parmi les employés et son déferlement auprès de leurs familles et des personnes qui les côtoient. Il est à rappeler, par ailleurs, que le ministère de la Santé avait lui aussi publié, lundi dernier, un communiqué dans lequel il rappelle aux citoyens les différentes mesures sanitaires de lutte contre la propagation de la Covid-19. Justement, suite à la hausse flagrante des cas de décès et du nombre des cas graves de contamination au coronavirus, à cause du non-respect des mesures préventives, le ministère a souligné la nécessité de respecter strictement ces mesures, à travers le port du masque, la distanciation sociale, l'hygiène des mains, le téléchargement de l'application Wiqaytna... Jihane Benslimane Experte en management et en conduite du changement, DG Hera Consulting Group «Les mesures disciplinaires sont de rigueur !» L'employeur ou le manager a la responsabiliteé de mettre en place un cadre réglementaire pour protéger l'ensemble des collaborateurs, les clients et fournisseurs et de ce fait pérenniser son activité. Dans la situation actuelle Covid-19, il est essentiel que le manager soit vigilant et ferme dans l'application du protocole sanitaire dans le lieu de travail ainsi que dans les moyens de transport du personnel. L'entreprise doit absolument mettre en place une communication interne, des formations pour les collaborateurs sur les gestes sécuritaires. De plus, je conseille souvent à nos clients de mettre en place une réunion, une fois par jour, pour récapituler les manquements de ces gestes remarqués, un par un, lors de l'activité de la veille. Il est important également d'en expliquer la gravité et d'engager les collaborateurs davantage dans cette conduite du changement avec réactivité. Cependant, si les conditions sont garanties par l'employeur, le collaborateur ou l'employé se doit également de respecter le règlement intérieur incluant les nouvelles règles du protocole sanitaire afin de se protéger d'abord, de protéger ses collaborateurs, sa propre famille et enfin l'entreprise qui lui garantit une stabilité. Nous observons dans le cadre de nos missions quelques «légèretés» de la part des employés face à ces nouvelles consignes, comme par exemple : le non-port du masque, le non-lavage des mains, le manque de distanciation sociale,...or, il est important de rappeler qu'un salarié qui ne se soumet pas aux mesures de prévention, mises en place par son employeur, s'expose aux mesures disciplinaires de ce dernier. Pour quelle raison ? Il s'agit d'une faute grave, car non seulement, il s'expose au danger personnellement ainsi que sa famille lorsqu'il rentre chez-lui, mais il expose, également, les autres collègues et leurs familles. De ce fait, un salarié qui ne respecte pas ces instructions, risque des mesures disciplinaires de son employeur, notamment un avertissement, une mise à pied... Un licenciement est également envisageable si le salarié, averti, récidive dans le non-respect des consignes. Sanae Raqui