Pour la troisième fois à l'Artem Gallery de Casablanca, l'artiste Driss Benwahoud, alias Daz, expose ses dernières œuvres jusqu'au 27 juillet. Rencontre avec un artiste instinctif et dans l'émotion. Après des mois de confinement durant lesquels Driss Benwahoud, alias Daz, s'est exposé à ses démons et à quelques questions existentielles, l'artiste-peintre-graffeur expose ses toiles à l'Artem Gallery de Casablanca jusqu'au 27 juillet. Il puise dans les couleurs, l'imaginaire et l'univers de personnages célèbres qu'il détourne pour raconter une histoire ou faire passer un message comme une riche fusion entre les mots, les images et les couleurs. « Ce sont des personnages qui me parlent tout simplement et que je prends plaisir à représenter plusieurs fois sous différents contextes», confie l'artiste qui utilise une technique mixte, à lui, qu'il a trouvée après plusieurs mois de recherches et de mixe en tout genre. Il tombe sur ce résultat qu'il décide de peaufiner pour avoir un rendu artistique. «Lorsque je commence une toile, le choix de mes couleurs peut être un complément instinctif et rapide ou, au contraire, laborieux et fastidieux, car souvent, j'essaye de renvoyer des messages ou des émotions par le biais d'un assemblage de couleurs bien pensé !». De la street à la toile Ancré dans le street pop art, les œuvres de Daz sont colorées, sensibles et toujours ancrées dans une réalité. À la fois dehors et dedans, les toiles de Driss Benwahoud sont dans une recherche picturale perpétuelle presque sous le signe de la dichotomie intérieure et extérieure. Entre la toile et la rue, le pinceau de l'artiste est entre l'esquisse et la figuration. Une œuvre dans la même veine que Basquiat, dont il suit les traces jusqu'à New York, où il a exposé. Un artiste à fleur de peau, présent dans son œuvre à l'image de plusieurs personnages forts, comme Frida Khalo, et ou encore Bart Simpson, avec des messages drôles et controversés. «Le street art sonne à la fois avec liberté de pensée, de créer et interdictions. C'est un mouvement qui peut déranger, mais qui est engagé !», prévient l'artiste qui n'aime pas parler de message dans l'œuvre, mais plutôt d'évènement ponctuel concernant «la rue». L'artiste explique la différence entre la peinture sur toile et sur mur dans la démarche en elle-même et le point de départ : quand il s'investit sur un mur, c'est souvent lié à un moment donné et concernant la peinture sur toile, il parle de recherches, de travail et d'art appliqué. «Chaque personnage que je détourne sur mes toiles a une histoire à raconter, un message fort, etc », continue Daz qui ne choisit jamais ses sujets puisque ce sont les sujets qui le choisissent. «Une œuvre commence à naître dans ma tête, et puis une fois le pinceau à la main elle peut prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour être fini. Tout dépend de l'inspiration, du moment, de l'énergie», confie celui qui parle souvent de moment d'énergies, qu'il n' y a pas vraiment de lieu spécifique en tête, mais plutôt de toujours suivre son instinct. «Je suis toujours à l'afflux de nouvelles techniques, mais pour le moment, je préfère me concentrer sur ma dernière trouvaille et la peaufiner encore et encore». En attendant, il continue à explorer sa technique qui donne naissance à des toiles habitées, passionnées et pleines d'énergie. «Le début du confinement été une période très difficile pour moi, mais grâce à la peinture, j'ai pu retrouver le sourire et relativiser. Le résultat est en galerie». À la bonne heure ! Jihane Bougrine