Le ministère de l'Education nationale travaille sur deux scénarios pour entamer la prochaine année scolaire: celui d'une rentrée normale et un autre supposant la persistance de la pandémie. La première ne peut avoir lieu que si la pandémie s'estompe, sinon il faudra miser sur l'enseignement à distance. Pas de vacances cette année pour le ministère de l'Education nationale. Il ne reste plus que deux mois avant la rentrée scolaire dont le déroulement n'est pas encore clairement maîtrisé à cause de la pandémie du coronavirus. Selon une source gouvernementale, le département de tutelle travaille sur deux scénarios : « une rentrée normale et une rentrée avec la persistance de la pandémie ». Il ne faut rien laisser au hasard. « On n'a pas le droit d'être surpris en septembre par une situation similaire à celle de mars», selon le ministre de l'Education nationale, de la formation professionnelle, de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saaid Amzazi. L'enseignement à distance doit être, ainsi, structuré pour éviter d'être pris de court, encore une fois. Le ministère de l'Education nationale et les académies régionales de l'éducation et de la formation (AREF) vont commencer à préparer les cours de la session d'automne pour bien entamer l'année scolaire. Tout doit être fin prêt en quelques semaines. Sur le plan pédagogique, le ministère est appelé à veiller, cette fois-ci, à la qualité des contenus numériques. Au début de l'expérience de l'enseignement à distance, il a fallu travailler avec les moyens de bord pour produire le maximum de contenu en un temps record. On est parti de presque zéro bien que le programme GENIE, dont l'objectif consistait à généraliser l'introduction des technologies de l'information et de la communication au sein des établissements scolaires publics, existe depuis plus de quinze ans. Enrichir les contenus numériques Avant le 16 mars dernier, date de la suspension des cours présentiels à cause du Covid-19, les ressources numériques de l'enseignement fondamental (primaire, collège, lycée) ne dépassaient pas 600. Il a fallu se lancer dans une véritable course contre la montre pour produire le contenu du dernier trimestre de l'année scolaire. En parallèle, la tutelle s'est attelée à développer un projet complet de l'école numérique et de l'université numérique qui est désormais prêt. Bientôt, le Maroc disposera d'un système en bonne et due forme de l'enseignement à distance. L'ambition est de développer cette expérience et la rendre durable même si l'enseignement à distance ne remplacera jamais l'enseignement présentiel. Mais il s'avère qu'il est indispensable d'être doté d'un dispositif de télé-enseignement efficace pour non seulement faire face aux imprévus tels que la crise sanitaire actuelle mais aussi améliorer les acquis des élèves. Pour atteindre cet objectif, il faut travailler sur plusieurs préalables permettant de dépasser les couacs du démarrage. Le premier défi de taille, comme le reconnait Saaid Amzazi, est d'œuvrer à mettre fin à l'inégalité des chances. Plusieurs élèves n'ont pas pu suivre les cours à distance surtout en milieu rural car ils ne possèdent pas les moyens nécessaires (téléphone, tablette ou pc) et n'ont pas accès à Internet. Le gouvernement compte visiblement remédier à cette lacune. À ce titre, la mobilisation des moyens financiers s'impose pour régler cette problématique et en généraliser l'impact. Les efforts déployés jusque-là restent insuffisants. Quelque 10.000 tablettes ont été distribuées en milieu rural en partenariat avec la société civile, les collectivités territoriales et les partenaires internationaux. Mais les besoins s'avèrent beaucoup plus grands. Ainsi, le ministre de tutelle estime qu'il faut prendre en considération un indicateur de taille : le programme Tayssir dont bénéficient deux millions d'élèves. Si on veut généraliser l'équipement en tablettes à cette catégorie d'élèves, il faut au moins 2 milliards de dirhams, comme le souligne le responsable gouvernemental. « Il s'agit d'un projet gouvernemental. Le chef du gouvernement et le ministre de l'Economie et des finances sont prêts à trouver des solutions à ces élèves », a-t-il précisé aux députés de la commission de l'enseignement. S'agissant de l'Internet, le partenariat doit se poursuivre avec les opérateurs télécoms en vue de faciliter l'accès gratuitement aux ressources numériques. S'adapter à la formation à distance Il faut, par ailleurs, assurer une bonne formation aux enseignants pour qu'ils «s'approprient» l'enseignement à distance. Il faut dire que plusieurs enseignants n'ont pas pu s'adapter à ce type d'enseignement et se sont plaints des difficultés qu'ils rencontrent pour utiliser les nouvelles technologies de l'information et de la communication. Il s'avère aussi nécessaire de combler le vide juridique pour rendre l'enseignement à distance obligatoire. La mise en place d'un système national d'e-learning imposera à tous les enseignants d'introduire les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) dans leur planning d'enseignement. Bientôt un décret réservé à l'obligation de l'usage des NTIC verra le bout du tunnel. Jihane Gattioui