L'avènement de mouvements révolutionnaires un peu partout à travers le globe au cours de ces deux dernières années a fait des réseaux sociaux une source d'information à part entière. Bousculant de ce fait les habitudes de consommation de l'actualité, les «médias classiques» ont, de leur côté, tenté de rattraper le coche en cours de route... mais y sont-ils parvenus ? Facebook, Twitter et autres réseaux sur la Toile remplaceront-ils les médias d'information en ligne ? Dans quelle mesure l'information circule-t-elle entre ces différents types de médias ? Ce sont autant de questions auxquelles tente de répondre une enquête menée en janvier 2012 par le centre de recherches américain Pew Research center et dont les résultats viennent d'être publiés. Au total, ce sont pas moins de 3.000 personnes (âgées de plus de 18 ans) qui ont été interrogées sur leurs habitudes de connexion sur les réseaux sociaux et leur consommation de l'information sur ces médias, notamment Facebook et Twitter. En effet, il faut le reconnaître, ce sont là les deux réseaux les plus populaires à travers la Toile. Résultat, les entreprises de presse - présentes sur le web - ont encore de beaux jours devant elles. L'enquête révèle qu'à peine 9% des consommateurs de nouvelles sur le Net s'alimentent «très souvent» sur Facebook ou Twitter, quel que soit le type d'appareil numérique utilisé (PC, smartphone ou tablette). La presse résiste Dans l'ensemble, Facebook et Twitter apparaissent, certes, comme étant des voies d'accès à l'information, mais «leur rôle ne peut pas être aussi grand que certains l'ont suggéré», relève le rapport. «La population qui utilise ces réseaux pour de l'information est encore relativement faible, en particulier la partie qui le fait très souvent». Bonne nouvelle donc, mais attention, si les internautes préfèrent encore aller directement sur leurs sites d'information favoris, leur mode de consommation a néanmoins changé. Désormais, c'est via les applications mobiles qu'ils dénichent leur news ou en passant par les moteurs de recherche. «92% vont directement aux sites d'information et 85% utilisent la recherche», avance le document. En d'autres termes, les médias sociaux sont des «chemins supplémentaires pour accéder aux nouvelles», estime l'enquête et ne remplacent pas les sources traditionnelles d'information. Il est toutefois intéressant d'observer la manière dont les navigateurs consomment l'information sur Facebook et Twitter, tant en termes de liens partagés sur le réseau qu'en matière de ressources. «Chacun attire une population différente d'utilisateurs, les utilisateurs de Twitter se démarquant le plus», avancent les observateurs. Ainsi donc, côté profil, les «adeptes de la presse sur Twitter», sont plus susceptibles d'être de sexe masculin (57% contre 44% pour les utilisateurs de Facebook). Ils sont également «très instruits» et contrairement aux fidèles de Facebook, sont moins souvent des pères de famille. En fait, ce que l'on retiendra de ce profilage, c'est surtout que «les utilisateurs de Facebook sont beaucoup moins susceptibles d'être sur Twitter que l'inverse». On définit donc ainsi deux types de profils de consommateurs d'informations sur le Net, selon le réseau qu'il utilise. Globalement, seulement 13% d'entre eux sont informés via Facebook et Twitter en même temps. Facebook n'est pas Twitter En pratique, 70% des utilisateurs de Facebook interrogés disent obtenir l'information le plus souvent via les links partagés par leurs «amis» ou proches. Les organismes de presse représentent à peine 13% des sources d'information sur le réseau de Mark Zuckerberg. 10% disent avoir eu accès à des reportages ou des articles de presse de sources «non spécialisées dans l'information». La multiplication des partages sur le réseau provoque une déperdition au niveau de la source. Résultat, ces utilisateurs estiment qu'ils auraient pu avoir accès à ces informations d'une autre source, «si Facebook n'avait pas existé». A contrario, les utilisateurs de Twitter notent que les liens de presse partagés proviennent de sources plus diversifiées, 36% des amis et famille et 27% directement des organes de presse. «La plupart de ces utilisateurs ont le sentiment que, sans Twitter, ils auraient manqué ce genre de nouvelles», souligne le rapport de l'enquête. Ils sont d'ailleurs deux fois plus nombreux à l'écoute des informations partagés par les organes de presse sur Twitter que sur Facebook. De ce fait, Twitter apparaît donc comme une véritable source, pratiquement «inédite», d'information. Pour les entreprises de presse, c'est donc la plateforme qui leur accorde le plus de visibilité en tant que source d'information. Il reste à s'assurer de la régularité de cette visibilité. En effet, si les médias «classiques» connectés sont bien présents sur le site de micro-blogging, la surexploitation de Twitter par les médias internationaux tend à «densifier» le champ de la concurrence.