C'est une petite révolution dans la lutte contre le coronavirus en Afrique. Un collectif d'ingénieurs sénégalais et marocains a lancé un ambitieux projet de fabrication d'outils de protection destinés au personnel médical au Sénégal et au Maroc. Egalement composée d'entrepreneurs, de médecins et techniciens, l'équipe baptisée Ingénieurs vs Covid-19 Africa ambitionne de fournir aux hôpitaux des deux pays des écrans faciaux de protection et des systèmes de ventilation dans le cadre de la campagne nationale de lutte contre la pandémie du coronavirus. Pour fabriquer ces masques, principalement destinés aux professionnels de la santé -lesquels ont un besoin urgent de protection en raison des risques accrus de contracter le coronavirus- les volontaires utilisent des imprimantes 3D, des machines laser, du tissu et du plexiglas. 2.000 masques par jour «Au Maroc, nous produisons déjà 2.000 appareils par jour», souligne Mouhamadou Lamine Niang, co-initiateur du projet. Plusieurs cellules ont déjà été mises en place dans des villes comme Rabat, Casablanca, Tanger et Marrakech, pour travailler sur des idées innovantes en vue de la création de masques de protection. «Aujourd'hui, nos masques sont utilisés dans les hôpitaux, mais nous réfléchissons déjà au lancement d'autres prototypes d'écrans faciaux pour équiper d'autres corps de métiers, notamment les professionnels des médias et les caissières par exemple, lesquels sont souvent exposés à de gros risques de contamination», ajoute le directeur du cabinet de recrutement Xpertize Africa, soulignant que le collectif qui regroupe déjà 40 personnes veut aller plus loin. Notons que ces pare-visages garantissent la protection des yeux et la protection de la peau des travailleurs contre certains risques mécaniques, thermiques et chimiques. «Si vous mettez nos masques, vous serez moins exposés que si vous ne les aviez pas mis», poursuit le Sénégalais, précisant toutefois que «ces appareils sont fiables à environ 50% seulement et ne garantissent pas aux utilisateurs une protection contre toute forme de danger». D'ailleurs, concernant les médecins en ligne de front, donc exposés à une forte charge virale, «pour utiliser nos équipements de protection individuelle qui protègent à la fois les yeux, le visage et une partie du cou, on leur recommande par précaution d'utiliser en même temps des masques chirurgicaux», souligne notre interlocuteur, qui ajoute que les masques de soudure, lesquels sont conformes aux normes de qualité et résistent parfaitement dans le temps, sont livrés gratuitement aux hôpitaux marocains et sénégalais. Si la production est assez bien huilée au Maroc, le projet commence tout juste à se concrétiser au Sénégal. Une aubaine pour le personnel soignant Mais Niang espère que les médecins du pays d'Afrique de l'Ouest recevront prochainement la même quantité d'appareils que leurs collègues marocains. Aujourd'hui, le grand défi pour le collectif qui s'agrandit vite consiste à trouver des contributeurs locaux ou régionaux pour aider à la production. Il faut dire que ces inventions sont arrivées à point nommé. Que ce soit au Maroc ou au Sénégal, le nombre de personnes atteintes du coronavirus ne cesse d'augmenter. Dans le pays du Maghreb, le ministère de la Santé a annoncé ce mercredi 1er avril la découverte de 21 cas supplémentaires de coronavirus, faisant grimper le bilan national à 638 cas. Le nombre de décès dus au coronavirus s'établit à 36, tandis que les personnes déclarées guéries sont au nombre de 24, précise le ministère. Par ailleurs, le nombre total des cas exclus après résultats négatifs des analyses effectuées en laboratoire s'élève à 2.561. Au Sénégal, la situation est moins préoccupante mais le pays qui compte, à ce jour, 190 cas déclarés positifs dont 45 guéris et encore 145 sous traitement veut se préparer au pire. Le ministère de la Santé et de l'action sociale a déclaré ce mercredi que, selon les résultats des examens virologiques liés au coronavirus, sur 195 tests effectués, 13 se sont révélés positifs. Il s'agit d'un cas importé et de 12 cas de contact suivis par les services du ministère. 5 patients hospitalisés ont été contrôlés négatifs et ont donc été déclarés guéris ce 1er avril.