L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a mis en garde contre l'administration des médicaments, dont l'efficacité pour lutter contre le coronavirus n'a pas été prouvée, alors que le monde compte plus d'un demi-million de cas confirmés et déplore plus de 20.000 décès liés au Covid-19. « Ces morts et ces contaminations sont des chiffres tragiques, mais n'oublions pas que dans le monde entier, il y a des centaines de milliers de survivants », a déclaré le directeur général de l'OMS, Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse virtuelle depuis Genève, a rapporté vendredi un document publié sur le site Web des Nations unies. « En attendant, nous appelons les individus et les pays à s'abstenir d'utiliser des produits thérapeutiques dont l'efficacité n'a pas été démontrée dans le traitement du Covid-19« , a ajouté Tedros. Le chef de l'agence onusienne a rappelé que « l'histoire de la médecine est parsemée d'exemples de médicaments qui ont fonctionné sur le papier ou dans des éprouvettes, mais qui n'ont pas fonctionné chez l'homme ou étaient en fait nocifs ». A cet égard, il a cité le cas de la dernière épidémie d'Ebola, au cours de laquelle certains médicaments, qui étaient considérés comme efficaces, se sont révélés inopérants » lorsqu'ils ont été comparés au cours d'un essai clinique, en insistant que : « Nous devons suivre les preuves » tout en alertant sur le fait qu' » il n'y a pas de raccourcis » dans le combat contre le Covid-19. La semaine dernière, l'OMS avait déjà mis en garde contre « les faux espoirs, les études réduites et non randomisées, réalisées à partir d'observations ». Ces études « ne nous apporteront pas des réponses dont nous avons besoin », avait indiqué l'agence onusienne. L'OMS mise sur certains travaux et avertit qu'il reste encore au moins 18 mois avant qu'un vaccin ne soit mis au point. « En attendant, nous reconnaissons qu'il existe un besoin urgent de thérapies pour traiter les patients et sauver des vies », a annoncé Tedros. Le chef de l'OMS a annoncé qu'en Espagne et en Norvège, les premiers patients seront bientôt inscrits à l'essai de solidarité, qui comparera la sécurité et l'efficacité de quatre médicaments ou combinaisons de médicaments différents contre le Covid-19. « Il s'agit d'un essai historique qui réduira considérablement le temps nécessaire pour produire des preuves solides sur l'efficacité des médicaments », a fait remarquer Dr Tedros, non sans rappeler que plus de 45 pays contribuent à l'essai et que d'autres ont exprimé leur intérêt. « Plus il y aura de pays qui participeront à l'essai, plus vite nous obtiendrons des résultats », a-t-il souligné. En outre, le directeur général de l'OMS a fait le point sur une réunion ministérielle à laquelle a participé une cinquantaine de pays. Lors de cet échange inter-gouvernemental, il a été question de la pénurie mondiale et chronique d'équipements de protection individuelle », qui est maintenant une des menaces les plus immédiates sur notre capacité collective à sauver des vies », s'est alarmé Tedros. Pour l'OMS, ces équipements sont d'autant plus importants qu'ils permettent de ne pas limiter l'exposition des agents de la santé en première ligne dans le combat contre le Covid-19. « Quand les personnels soignants sont exposés au risque, nous sommes tous exposés au risque. Les travailleurs de la santé des pays à faibles et moyens revenus méritent la même protection que ceux des pays les plus riches », a ajouté le chef de l'agence onusienne. Il a ajouté que l'OMS a déjà expédié près de deux millions d'articles individuels de protection dans 74 pays qui en ont le plus besoin. Une quantité similaire sera envoyée dans 60 autres pays. « Mais il en faut beaucoup plus. Ce problème ne peut être résolu que par la coopération et la solidarité internationales« , a fait remarquer Tedros.