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De l'estampe au multiple
Publié dans Les ECO le 24 - 06 - 2012

La saison culturelle France–Maroc n'a pas encore pris fin. Pour preuve, l'Institut français du Maroc organise, à partir du 29 juin, l'exposition «De l'estampe au multiple». Celle-ci propose une sélection d'estampes produites lors des résidences d'artistes organisées à l'Institut français de Tétouan. Elle propose aussi des pièces réalisées dans le cadre de commandes et d'expositions à la galerie Delacroix à Tanger. «À travers cette exposition, nous envisageons de rendre ce travail, d'une valeur artistique inestimable, visible et surtout de le partager avec le public marocain», explique le directeur général de l'Institut français du Maroc, Bertrand Commelin, lors d'une conférence de presse tenue cette semaine à Casablanca. Dans le détail, ce sont 60 œuvres qui ont été sélectionnées par les commissaires de l'exposition, Abdelkrim Ouazzani et Mickaël Faure, parmi quelques 5.000 œuvres (voir point de vue). Des artistes comme Saâd Ben Cheffaj, Hassan Echair, Florent Chopin, Bouchaïb Habbouli, Tibari Kantour, Fatiha Zemmouri, Mohamed Mourabiti ou encore Joëlle Arnut Hanebali, prennent part à cette exposition via leurs travaux réalisés dans l'atelier de gravure de l'Institut français de Tétouan. Inaugurée à la Galerie Delacroix de l'Institut français de Tanger et puis présentée successivement de septembre 2012 à juin 2013 dans neuf établissements du réseau culturel français au Maroc, «De l'estampe au multiple» permet au visiteur de découvrir cette forme artistique qu'est l'estampe, en vogue en ce moment. «L'estampe, partant de la tradition ancestrale de la gravure, sort en effet du champ de la pièce unique pour aller vers des œuvres à plus large diffusion, voire accessibles à tous, sous forme de multiples aux caractéristiques techniques et à l'expression spécifique: lithographie, eau-forte, aquatinte, linogravure, burin...», expliquent les organisateurs.
De la réflexion autour de l'estampe
À travers cette exposition collective, l'Institut français du Maroc ambitionne d'amener le public à réfléchir sur cette relation entre l'unique et le multiple. «De l'estampe et ses techniques désormais historiques au multiple, et à ses prolongements technologiques les plus récents, l'œuvre d'art, y compris reproductible, n'a de cesse, librement, de faire surgir les outils et formes les plus conformes, temporellement, contextuellement et créativement, à l'expression de chaque individualité artistique», résume l'un des deux commissaires de l'exposition Mickaël Faure. Au-delà de son caractère purement artistique, cette exposition a aussi un but pédagogique. En effet, l'on envisage d'expliquer aux jeunes artistes ainsi qu'aux scolaires cette forme artistique. Ce n'est pas tout, la Galerie Delacroix de l'Institut français de Tanger s'apprête à éditer un catalogue des œuvres de l'exposition assorti d'une sélection de textes et d'entretiens avec les artistes invités en résidence de production. L'idée d'organiser des projections pour bien expliquer les différentes étapes du travail réalisé, proposée lors de la conférence de presse, n'est pas non plus à écarter. «Malheureusement, nous n'avons pas pensé à cela pour cette exposition, mais nous pouvons mettre en place cette idée lors des prochaines résidences artistiques à Tétouan», affirme le directeur de l'Institut français du Maroc.
Merci les résidences !
La réalisation de ce projet d'envergure ne pouvait se concrétiser sans la mise en place des résidences artistiques. D'ailleurs Bertrand Commelin l'a précisé lors de la conférence de presse : «notre politique de résidences au Maroc vise d'abord à tirer partie du patrimoine qui nous est laissé pour partie par l'Etat marocain, que nous mettons délibérément à la disposition des artistes marocains et français. Ces derniers organisent ainsi, dans des parenthèses temporelles appropriées, leur travail, produisent des œuvres dans les conditions et durées qu'ils souhaitent. Ces œuvres sont ensuite présentées au grand public après l'obtention de leur aval». Toutefois, qui peut bénéficier de ces résidences? Commelin répond vite : «il s'agit avant tout de critères artistiques. Ce sont aussi des critères qui relèvent de la rencontre que les artistes marocains font avec les directeurs d'instituts français...» et puis, ces résidences permettent surtout aux artistes, qui n'ont pas les moyens de produire et d'exposer leurs travaux, de réaliser leurs oeuvres. Une aubaine, non ?
Point de vue : Mickaël Mohamed, Directeur de l'Institut français de Tétouan
«Cela fait trente ans que nous accueillons des artistes marocains, français, espagnols... qui, le temps d'une résidence chez nous à Tétouan, fabriquent des gravures. C'est ainsi que nous possédons aujourd'hui une collection de 5.000 œuvres, et c'est cette collection que nous utilisons à titre exceptionnel dans le cadre de cette exposition. Nous avons fait une sélection avec deux commissaires, Abdelkrim Ouazzani (directeur de l'Ecole des beaux arts de Tétouan) et Mickaël Faure (directeur de l'Alliance franco-marocaine d'Essaouira). Ces deux commissaires ont ainsi fait une sélection de 60 œuvres, soit deux œuvres par artiste, qui seront présentées dans les différents instituts et alliances français à travers le Maroc. L'idée est aussi de présenter ces œuvres autour d'une thématique «De l'estampe au multiple», c'est-à-dire de travailler sur l'idée de pièces uniques et de reproductibles. Je tiens par ailleurs à préciser que nous avons déjà organisé une exposition dans ce sens, «Créations plurielles», dédiée exclusivement aux artistes marocains et présentée en France, mais qui n'était pas de l'envergure de cette nouvelle manifestation culturelle».


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