Le texte de la loi de finances pour l'année budgétaire 2012, publié récemment au Bulletin officiel (BO), inclut des mesures relatives à la Culture. Ce texte farouchement défendu par le gouvernement Benkirane institue en effet des prix pour la chanson, le théâtre et les arts plastiques. Dans le BO n° 6.048, on parle ainsi, «des dépenses afférentes à l'octroi de prix, de récompenses et d'hommages rendus aux professionnels de la musique, du théâtre, de la chanson marocaine, des artistes plasticiens et dont les modalités de paiement sont fixées par voie réglementaire». Ainsi, et pour mettre en œuvre ces dispositions légales de la loi de finances, le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi, doit élaborer des textes d'applications sous forme de décrets analogues au décret instituant le Prix du livre, qui en est à sa 33e année. Dans le détail, ces décrets doivent définir plusieurs points. Il s'agit du montant du prix, du nombre de prix par secteurs (au niveau de la chanson par exemple, on pourrait instituer le prix de la meilleure composition, celui des meilleures paroles...), ainsi que la commission de sélection des œuvres primées. Ce n'est pas tout, ces décrets doivent préciser également les critères de sélection des œuvres, le montant des indemnités des membres de la commission, ainsi que l'occasion que l'on devrait choisir pour la distribution de ces prix (à l'occasion d'un festival, à la fin de l'année civile...). L'octroi de ces prix, qui constitue une véritable épreuve pour le ministre de la Culture, devrait en principe faire l'objet de «négociations», entre le département de tutelle et les professionnels des secteurs artistiques. «Il faut impérativement que les professionnels soient impliqués dans cette affaire. D'ailleurs, la commission de sélection des œuvres primées devrait être composée de professionnels», nous explique un cadre au ministère de la Culture qui a préféré garder l'anonymat. Que de prix ! Au-delà des détails relatifs à la mise en place et à l'octroi de ces prix, le secteur artistique au Maroc peut se targuer d'avoir, outre des subventions à la production, des prix qui visent à encourager la créativité. Rappelons que le département de la Culture avait initié, il y a quelques années déjà, des subventions pour les œuvres théâtrales. Deux modalités avaient été mises en place pour soutenir la production théâtrale - largement décriées par les professionnels, 60% du coût global de l'œuvre, soit un plafond de 600.000 DH et l'acquisition de dix spectacles, ne dépassant pas les 300.000 DH. Quant à la chanson, le ministère de tutelle prend en charge la couverture totale du coût de l'album ne dépassant pas les 300.000 DH par album et la production de 1.500 CD. Au total, les subventions à la chanson marocaine ne devraient pas dépasser le montant de 4,5 MDH, soit 15 albums. Cette démarche a fait l'objet d'une polémique entre responsables et professionnels. Ces derniers ont en effet jugé la commission choisie par le ministère de tutelle incompétente. Bref, les nouveaux prix s'ajouteront à ces subventions à la production, créant ainsi une certaine compétitivité entre les artistes marocains. Quid des arts plastiques ? Si le secteur des arts plastiques vit depuis des années une véritable ébullition, grâce notamment aux différentes galeries qui ont ouvert leurs portes dans les différentes régions du Maroc et aux événements organisés (Foro Casablanca, Marrakech Art Fair...), il a rarement été soutenu par l'Etat. Aujourd'hui et grâce à ce nouveau prix, on peut parler d'une politique pour développer davantage le secteur. En outre, le ministre de la Culture pourra dès cette année procéder à l'octroi de subventions financières pour les artistes plasticiens, à l'instar de celles octroyées au théâtre et à la chanson. Pour ce faire, il doit élaborer un décret fixant les modalités d'octroi de ces subventions. «Toutefois, une problématique se pose : sur quels critères va-t-on se baser pour octroyer ces subventions ? Il faut faire preuve de beaucoup d'imagination, car il n'y a pas de benchmark international», nous explique notre source au ministère. Soulignons enfin, que le texte précise qu'une exonération est prévue sur l'IR pour les prix artistiques à hauteur de 100.000 DH. Une aubaine pour nos artistes !