C'est parti pour le plan de développement du haut et du très haut débit ! L'Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) vient en effet de lever le voile sur sa stratégie adoptée à l'issue de son Conseil d'administration, tenu la semaine écoulée. Il faut dire que les ambitions de l'ANRT sont grandes à ce niveau. Il s'agit de connecter 100% des Marocains, à l'horizon 2020, au haut débit, avec un minimum de 2 mégabits. Il est aussi question de les faire accéder à tous les services publics administratifs situés dans les zones éloignées et moins rentables, à Internet haut débit au minimum sur un horizon de cinq ans. C'est en tout cas les objectifs dévoilés par Azeddine Mountassir Billah, directeur général de l'ANRT, hier lors d'une conférence de presse. Pour y parvenir, l'Agence entame dans quelques semaines, les travaux d'étude de l'installation de la 4G sur le marché marocain. «Nous devrions lancer les appels d'offres durant l'automne prochain, en espérant une commercialisation effective du service à partir de 2014», annonce le directeur général de l'Agence. En d'autres termes, si l'on en croit Mountassir billah, le Maroc aura droit à la quatrième génération de l'Internet mobile à peine un an après sa mise en service effective chez nos voisins européens, plus développés. C'est dire toute l'ambition du nouveau plan de développement du haut et du très haut débit. Ce dernier, dans sa première phase dite à court terme, appelle également à la mise en œuvre de la connectivité Wifi Outdoor. Il s'agit de la mise à disposition des abonnés des opérateurs, d'un service wifi dans les lieux publics. À ce titre, le DG de l'ANRT promet l'accessibilité de ce service à partir de 2013 dans les principaux centres urbains, dès que les conditions techniques d'exploitation de la bande de fréquence WIFI Outdoor seront arrêtées. «L'enjeu est de permettre la diminution de la pression sur les réseau d'Internet mobile, ce qui améliorerait sensiblement le service», explique Mountassir Billah. Parallèlement, une étude de faisabilité pour l'installation des infrastructures à fibre optique sur tous le réseaux sera lancée. Ceci découle principalement du constat relevé par l'Agence, selon lequel les réseaux de collecte et de transmission des opérateurs sont principalement en faisceaux hertziens. En d'autres termes, les antennes de relais qu'installent les opérateurs au dessus des toits des constructions utilisent des liaisons radio pour se connecter au reste du réseau. Toilettage juridique L'ANRT ambitionne qu'à terme, ces installations soient également reliées par des fibres optiques, afin de garantir un débit élevé. Seul hic à ce niveau, c'est qu'à ce jour, il n'existe pas encore de modèle économique viable dans le monde, qui pourrait inspirer le Maroc pour la construction d'un schéma d'installation. En attendant, l'ANRT cible également les nouvelles constructions et les nouvelles villes qui fleurissent partout dans le royaume. Des discussions devraient ainsi être incessamment lancées avec le ministère de tutelle et celui de l'Habitat, afin de décider des mesures à prendre en vue d'intégrer les infrastructures de raccordement aux réseaux à très haut débit, dès l'entame des constructions. Cela dit, il est clair que l'ensemble de ces objectifs ne peuvent être atteints sans porter un intérêt particulier au volet juridique réglementant le secteur des télécommunications. Dans ce sens, l'ANRT prépare aujourd'hui la refonte et le lancement de plusieurs textes visant à renforcer et à clarifier les obligations des opérateurs en matière d'information du public, sur les conditions générales et contractuelles des offres et des services. Il est également question de renforcer les leviers de régulation, notamment le partage des infrastructures et les obligations spécifiques aux opérateurs puissants, ainsi que d'apporter des clarifications aux attributions de l'agence, en matière de régulation du marché des télécommunications. L'ANRT devrait, par ailleurs, disposer du pouvoir d'application de sanctions pécuniaires aux contrevenants. C'est dire tout le remue-ménage qui se prépare aujourd'hui dans le secteur des télécommunications. Point de vue Azeddine Mountassir Billah, Directeur général de l'ANRT Sur le long terme, il n'existe qu'une seule solution viable pour la généralisation du très haut débit, à savoir mettre en place des réseaux à fibre optique arrivant jusqu'à l'abonné. Le taux d'équipement en infrastructures dédiées reste certes très faible partout dans le monde. Néanmoins, l'enjeu pour le Maroc est de rentabiliser l'investissement auquel appelle pareille initiative, sachant que les services triple play (ndlr : Téléphonie, Internet et télévision) qui permettent de rentabiliser ces investissements très coûteux dans les autres pays, ne collent pas réellement avec les besoins du marché marocain. Des projets pilotes seront lancés dans ce sens avec les opérateurs, afin de mieux cerner le besoin du marché et préparer l'environnement juridique que nécessitera ce projet. 80% des Marocains ont accès à la 3G Le plan de généralisation du haut et du très haut débit fait suite aux résultats recensés par l'ANRT, dans une étude récemment effectuée sur l'état des lieux de la couverture sur le marché national. Cette étude a relevé que si satisfecit il y a quant à la couverture de la population par les réseaux mobiles de deuxième génération, l'utilisation de la fibre optique, denrée essentielle pour le très haut débit, reste principalement concentrée dans les grands centres urbains. Dans le détail, le recensement de l'ANRT fait ressortir que 50% des communes, représentant au plus 75% de la population, disposent des infrastructures de l'Internet fixe de type ADSL, offrant des services Internet haut débit. Pour ce qui est de la 3G, 55% des communes, représentant 80% de la population, ont accès à la technologie mobile de 3e génération offrant le service Internet haut débit mobile. Ceci amène l'ANRT à déduire, en dépit de la problématique de la fibre optique, l'état des infrastructures télécom qui reste globalement satisfaisant.