Grand moment de vérité pour Benkirane. Le chef de gouvernement s'est présenté, aujourd'hui en début d'après- midi au Parlement, pour son premier grand oral. Comme prévisible, le planning législatif de l'Exécutif a été le premier sujet de débat, et il faut reconnaitre que les interventions de l'opposition auront vite fait de redonner un ton grave à cette confrontation. Benkirane a d'emblée planté le décor : "le mécanisme de suivi serait mis en place pour mettre en application l'ensemble des amendements qui sont prévus par la Constitution et qui concernent 140 projets de loi et 140 décrets, qui devront être élaborés durant cette législature". Où sont les lois organiques, les règlements, les décrets... ? Bref où en est le plan législatif du gouvernement ? RNI, USFP, PAM, les trois formations de l'opposition n'y vont pas de main morte. «Le chef de gouvernement a perdu sa boussole à force de chasser les serpents», a lancé un député RNIste. «Où est passé le principe participatif ?», regrette celui de l'USPF. De son côté, le PAM constate un «manque de visibilité de l'agenda législatif». Quant à l'Union constitutionnelle, le parti va jusqu'à parler de "rente politique", faisant allusion aux discours et aux "belles promesses" du gouvernement. Qu'en est-il du chantier de régionalisation avancée ? Quelles seront les responsabilités et les prérogatives administratives des régions ? L'opposition demande des comptes et surtout un agenda des prochains chantiers de l'Ecxécutif. De son côté, le chef de gouvernement a tenté tout au long de ce grand oral de garder son calme, mais n'en demeure pas moins enthousiaste dans ses réponses. «La gouvernance telle que vous l'avez connue est bien finie», lance-t-il à qui veut l'entendre. «Je vous ai expliqué que tous ces chantiers prennent du temps et je n'ai pas peur du temps», tranche Benkirane. Impassible, le chef de l'Executif ne semble pas se laisser déstabiliser par les doléances des représentants de la nation et accuse le passé pour expliquer la lenteur du présent. «Nous faisons face à cinquante ans de problèmes politiques. En tant que nouveau gouvernement, nous ne pouvons pas résoudre tout cela en quatre mois», argue-t-il.