Selon les estimations prévisionnelles du HCP, la production céréalière flirtera avec les 70 millions de quintaux pour la campagne agricole 2010-2011. Cette issue permettra d'atténuer l'impact de la flambée des prix des produits alimentaires et céréales au niveau international. En effet, selon la Banque mondiale, les bonnes récoltes enregistrées dans certains pays contribueront à limiter les répercussions de la hausse des prix mondiaux sur les prix intérieurs, même si dans le cas marocain, comme dans plusieurs autres pays, des mesures complémentaires sont nécessaires pour satisfaire la demande (subventions, hausse des importations...). S'appuyant sur les données relatives à la flambée des produits alimentaires pour cette année, le président de la Banque mondiale, Robert B. Zoellick, avance que «les prix alimentaires mondiaux sont en train d'atteindre des niveaux dangereux et constituent une menace pour des dizaines de millions de pauvres à travers le monde». L'institution avertit en outre que «cette hausse des prix est déjà en train de faire basculer des millions de personnes dans la pauvreté et d'exercer des pressions sur les plus vulnérables, qui consacrent déjà plus de la moitié de leurs revenus à l'alimentation». L'indice des prix alimentaires, publié la semaine dernière par la Banque mondiale a en effet connu une augmentation de l'ordre de 15% entre octobre 2010 et janvier 2011 et se situe à seulement 3 % en dessous de son niveau record de 2008. Au cours des six derniers mois, les prix mondiaux du blé, du maïs, du sucre et des huiles alimentaires ont connu de fortes augmentations, tandis que ceux du riz enregistraient une hausse relativement plus faible. Dans bon nombre de pays, l'augmentation des prix mondiaux du blé a alimenté de fortes hausses des prix intérieurs. En ce qui concerne le maïs, le sucre et les huiles, l'augmentation des prix a contribué à accroître le coût de divers types de produits alimentaires, même s'il faut noter que les prix intérieurs du maïs sont demeurés stables en Afrique subsaharienne. Dans certains pays d'Asie grands consommateurs de riz, la hausse des prix mondiaux du riz s'est répercutée sur le niveau des prix intérieurs. Risque de recrudescence de la pauvreté Selon la Banque mondiale, les hausses enregistrées ces derniers mois sont de nature à fragiliser la situation macroéconomique des pays, particulièrement ceux dont le poids des importations alimentaires est élevé, et sont à l'origine d'une aggravation de la pauvreté. Le bilan des chiffres de la pauvreté montre que la flambée des prix alimentaires depuis juin 2010 a plongé dans l'extrême pauvreté environ 44 millions de personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les experts de l'institution internationale préconisent dans l'immédiat des solutions permettant de juguler les effets de cette inflation, qui risque de se muer en crise social. Dans ce contexte, l'accent doit être orienté vers l'adoption de mesures de stabilisation des marchés et par le renforcement des programmes de filets de protection sociale. À moyen terme et compte tenu des prévisions de volatilité des prix alimentaires et afin d'en atténuer les effets sur les populations les plus vulnérables, la banque insiste sur la nécessité de procéder à des investissements en faveur d'une élévation de la productivité agricole écologiquement viable, d'améliorer les outils de gestion des risques, de développer pour les biocarburants des technologies moins consommatrices de produits alimentaires et d'adopter des mesures d'adaptation au changement climatique. Le Maroc s'est engagé sur ce chantier avec le Plan Maroc vert, qui constituera un atout important pour réduire la dépendance nationale aux marchés internationaux. Y.A.B